
Nous attendions ce moment depuis six mois, durant lesquels j’ai beaucoup angoissé pour une liste de raisons longue comme le bras d’Elastigirl. Mais le grand jour est enfin arrivé, et jeudi en début d’après-midi, nous embarquons pour Hong Kong sur le vol direct de Cathay Pacific. Petite surprise de dernière minute: cette compagnie a une procédure de sécurité supplémentaire par rapport aux autres; même si on n’a pas de bagages à mettre en soute et qu’on a imprimé sa carte d’embarquement à la maison, on est censé passer par le comptoir de la zone d’accueil pour une vérification de passeport (en plus de celle faite par la douane, oui). Heureusement, cette procédure peut, au moins dans ce cas précis, être effectuée près de notre porte d’embarquement – et c’est heureux, car nous n’aurions jamais eu le temps de faire un aller-retour vers l’entrée de l’aéroport. Bref, je n’aurai transpiré que cinq secondes.
Pour le reste, tout se passe infiniment mieux que je ne l’avais imaginé. D’abord, l’avion n’est même pas plein à moitié; nous disposons donc d’une rangée de 3 sièges pour nous tout seuls. Ensuite, le plateau repas qu’on nous sert dès l’altitude de croisière atteinte est délicieux; les toilettes sont presque aussi grandes et confortables que dans le Shinkansen, et les écrans individuels tactiles, très grands, proposent un super choix d’activités. Chouchou, qui avait proposé qu’on regarde le dernier Wes Anderson ensemble, renonce vite face à la qualité médiocre du son et se met à jouer en boucle à l’ancêtre de Candy Crush. Du coup, je squatte éhontément le siège libre entre nous. Couchée en chien de fusil, je suis plutôt à mon aise, et c’est à peine si le bout de mes orteils dépasse un peu dans l’allée. Il faut bien qu’être un nain de jardin ait parfois des avantages. Je ne dors réellement que 2 heures, mais je me repose vraiment pas mal pendant 6 en tout, me levant quand même 4 ou 5 fois pour aller aux toilettes, marcher dans l’allée, reboire un grand verre d’eau et retourner me coucher en gardant les jambes en l’air les deux premières minutes. Entre ça et mes chaussettes de contention, plus l’aspirine que j’ai prise en montant dans l’avion, je ne déplore aucun problème circulatoire durant le vol.
A 4h30 heure de Hong Kong (22h30 pour nos horloges biologiques), le personnel rallume les lumières et nous sert le petit déjeuner. Il y a deux options, et je me réjouis d’avance de goûter l’asiatique, mais le steward me refile d’autorité les oeufs brouillés-saucisses. Je demande poliment s’il ne reste plus d’option asiatique. Il me toise d’un air de pitié et me dit: « C’est du congee, vous connaissez? » Moi: « Non, justement, ça me fera une occasion de découvrir. » Lui: « Je vous préviens, une fois ouvert, je ne peux plus vous l’échanger. » On a l’impression qu’il protège un trésor national interdit aux Européens. Le congee se révèle à mi-chemin entre la bouillie et la soupe de riz, agrémenté ici de crevettes et de champignons noirs. Pas de quoi se rouler par terre en poussant des cris d’extase, mais je trouve ça vraiment pas mauvais, mieux en tout cas que les oeufs-saucisses (j’aime pas les plats où le jaune est mélangé avec le blanc) (je sais, j’ai de gros problèmes dans la vie).

Nous nous posons à Hong Kong dans une obscurité encore complète, un peu avant 6h du matin. L’aéroport est quelconque, presque désert en ce tout début de journée, et nous passons la douane très vite. En guise d’attestation d’entrée sur le territoire, on nous remet un papillon volant, ni collé ni agrafé au passeport, et je me retiens de protester: « Il est où mon tampon? ». Sans compter que c’est vraiment un sale coup à faire aux gens distraits qui perdent facilement leurs affaires. Mais bon, je suis tellement contente d’être là et que le voyage se soit bien passé! Rien ne peut entamer ma bonne humeur, me dis-je en mon for intérieur.
Apparemment, l’univers décide de considérer ça comme un défi.
Faute de trouver un comptoir susceptible de nous vendre d’ores et déjà la carte de transport Octopus valable pour tous les transports en commun de la ville, nous achetons des tickets individuels à un guichet sur le quai des bus. Sans me dire ni bonjour ni merci ni merde, une dame avec la même expression enjouée que Jojo le Mérou prend ma Visa et l’escamote hors de ma vue, puis me la rend sans m’avoir fait composer le code. Je demande: « Ah, vous avez le sans contact? » Sobrement, elle me répond: « Non », puis me tend les tickets, un reçu et me tourne le dos. Pour l’explication, je peux toujours me brosser avec un pinceau en poils de martre n°4.
Le soleil s’est levé depuis notre atterrissage, et à même pas 7h du matin, il fait déjà 28° et très lourd. Debout dans la file d’attente, je me contorsionne pour ôter mes chaussettes de contention sans enlever le legging que je porte par-dessus, et dont les chevilles sont bien entendu beaucoup trop serrées pour que je les remonte jusqu’à mes genoux. J’ai raté une carrière d’artiste de cirque. Nous montons à bord et allons nous installer à l’étage (ici, les bus sont doubles comme en Angleterre). Pour nous, il est un peu plus d’une heure du matin mais je me sens tout à fait en forme, même pas fatiguée. Je regarde les premiers gratte-ciels se dessiner au loin, et je pense: « Tu vois, tu te faisais vraiment du souci pour rien ».
Puis je profite du wifi du bus pour consulter mes mails, et je découvre une nouvelle qui me met dans une rage absolument folle.
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Le suspens!!!!!!!!!
Tu sais tenir tes lecteurs en haleine !
Naaaaaaaan! Mais-euuuh !
Ce teasing de folie !
La suite, la suiiiiiiite !
Mélusine
Quoi ? Mais tu vas nous laisser combien de temps en suspens comme ça ???!!!
Mais euh !
Bon, si tu arrives à en tirer de l'humour, c'est que tu dois gérer, mais tu es cruelle…
Pfiou, c’est fou comme nos expériences diffèrent (et comme je mesure ma chance de ne pas avoir de problèmes de logement, de transport, de langue, de culture, de rien, en fait o_o). En revanche, je n’ai jamais été à HK à cette période de l’année et ça me paraît fou qu’il y fasse aussi insupportable. Les ravages du typhon et surtout, du réchauffement climatique.
Pour la carte bancaire, tu as eu une explication par la suite il me semble, mais l’introduction du code PIN est relativement récente. Du coup, tantôt tu dois signer un reçu, tantôt on emmène effectivement ta carte faire de gros voyages un peu angoissants.
J’espère que la nouvelle enrageante l’est un peu moins, maintenant.
@shermane: Le problème a été résolu entre-temps, oui. Pour la température, sur le papier elle n'était pas pire que ce qu'on a eu ici cet été, dans les 31° en pleine journée, je pense. Mais avec la pollution et le monde, j'étouffais vraiment.