[HONG KONG] Où je peine à communiquer avec les autochtones

Je suis extrêmement contrariée lorsqu’après une grosse heure de bus, nous débarquons enfin à trois minutes de marche de notre hôtel, l’Ibis de North Point. Le réceptionniste très sympa nous dégote une chambre qui n’a pas été occupée la nuit dernière et qui est donc disponible tout de suite, bien que le check-in ne soit théoriquement possible qu’à partir du début d’après-midi. La chambre elle-même, en revanche, est assez éloignée de ce à quoi nous avait habitués cette chaîne en Europe: minuscule, avec un matelas dur comme de la pierre. Mais elle est propre, bien équipée, et entre deux immeubles en travaux, nous jouissons même d’une (étroite) vue sur la baie. N’étant pas trop fatigués, nous décidons de ne pas faire de sieste et de partir à la découverte de la ville après avoir juste pris une douche et changé de vêtements.

Nous descendons dans le métro voisin et tentons d’acheter des cartes Octopus, qui servent à payer tous les transports locaux mais aussi à régler de petits achats, un peu comme un porte-monnaie électronique. L’employé du guichet parle tellement mal anglais que nous avons une véritable conversation de sourds – et quand nous finissons enfin par nous comprendre, à la vue de la carte Visa que je lui tends, il s’exclame: « Only cash! ». Je fulmine jusqu’au distributeur de billets le plus proche, qui accepte de me donner de l’argent malgré l’état pitoyable de mon compte mais cause quelques soucis à Chouchou. Cette première difficulté surmontée au prix d’une grosse suée, nous prenons la Island line pour nous rendre jusqu’au quartier de Central, celui des gratte-ciels à la façade de verre et de chrome entre lesquels se faufilent des ruelles minuscules, plutôt miteuses et envahies d’étals de vendeurs de rue. Ce contraste étrange me déstabilise; de plus, la chaleur et l’humidité sont devenues vraiment accablantes au fur et à mesure que le soleil montait dans le ciel. Les rues très pentues et le manque d’arbres n’arrangent rien. Nous montons les Mid-Levels escalators, ces escaliers mécaniques qui descendent le matin jusqu’à 10h30 puis inversent leur sens de circulation pour le reste de la journée. Sur les côtés, pas mal de street arts vraiment sympas niché au milieu de ruines et de branches coupées. En revanche, bien que vantée par tous les guides, l’architecture du PMQ (les anciens quartiers d’habitation de la police, récupérés par un collectif de designers) ne nous éblouit pas. 
Je rumine toujours ma mauvaise nouvelle et bous littéralement dans mon jus. Si je ne mets pas bientôt du carburant dans la machine, je vais exploser. A 11h30, nous faisons donc l’ouverture du Yum Cha, le resto de dim sum animaux star d’Instagram. Le menu est absolument gigantesque et tout a l’air délicieux; du coup, je mets un temps fou à choisir. Le serveur, qui baragouine à peine deux mots d’anglais, ne peut pas m’aider beaucoup: il a toutes les peines du monde à m’expliquer qu’un des plats que je me propose de tester n’est pas disponible dans ce restaurant parce que… mystère, je n’ai rien pigé à ce qu’il racontait. De guerre lasse, nous optons pour le menu lunch 2 personnes, et voyons bientôt arriver sur notre table, outre un panier d’adorables brioches à la viande en forme de cochons, plus de nourriture que même Chouchou et moi ne pouvons en ingurgiter en un seul repas. Et c’est fort dommage, car tout est délicieux – un peu cher pour Hong Kong, je pense, mais ça en valait la peine, d’autant que la salle très grande et très lumineuse est particulièrement agréable. En revanche, j’ai un moment de flottement quand je tends ma Visa au serveur et qu’il file avec sans même m’avoir montré l’addition. « Hé, mais il va où? » Je lui cours après dans tout le restaurant tandis qu’une fille à qui il a refilé ma carte et la machine qui va avec se dirige vers notre table. Je ne suis pas sûre de piger comment fonctionnent les paiements ici: parfois je dois taper mon code, parfois pas, parfois je dois signer un reçu, parfois pas. Je réclamerais bien une explication, mais je commence à soupçonner que l’anglais courant soi-disant parlé par tous les Hong-Kongais relève de la légende urbaine. 
Nous nous rendons à Hong Kong Park afin de visiter le musée Flagstaff des ustensiles de thé. Après avoir peiné pour trouver une entrée accessible, nous tombons sur des travaux qui nous font croire que le musée est fermé. Nous posons la question à la réceptionniste de la maison de thé voisine: surprise, elle ne comprend pas ce que je lui demande et me fait une réponse à côté de la plaque. Chouchou est mort de rire (mais se garde bien de se dévouer pour pour communiquer avec les autochtones). Nous finissons quand même par accéder au musée Flagstaff, qui retrace de façon très intéressante et bien documentée l’évolution des modes de préparation et de consommation du thé à travers les âges, en Chine puis en Europe. La boutique regorge de merveilles totalement hors budget, mais je bave quand même longuement devant une petite tasse ornée d’un sublime panda peint à la main (dans les 240€…) et un dragon-tortue en terre cuite (je n’ose même pas faire la conversion dans ma tête). 
Il n’est pas très tard mais nous sommes crevés. Avant de rentrer, je décide qu’une petite séance de lèche-vitrine nous requinquera peut-être. Mais le Donguri Republic, chouette boutique de goodies Ghibli, n’a plus le chabus taille adulte dans lequel Chouchou rêvait de poser. Chez Eslite Spectrum, immense librairie/papeterie sur 3 étages, la vendeuse à qui je demande s’ils ont des agendas Hobonichi me répond: « Allez demander à la… la… la… » avec un geste désespéré vers la caisse derrière laquelle trône une de ses collègues. Sérieusement, je peine à comprendre comment, dans une grande ville qui voit passer autant de touristes, les personnes employées à faire le service clientèle ne maîtrisent même pas les bases d’une conversation en anglais liée à leur métier. (Ce qui ne m’empêche pas d’acquérir 3 rouleaux de masking tape pour ma collec’). Au rayon cosmétiques d’un grand magasin, une vendeuse qui voit que je mate les masques en tissu coréen vient m’informer que « Pour 30 achetés, 10 offerts ». 30 masques? Je dois en utiliser deux par mois, et je me considère comme une grosse consommatrice. La dame mélange peut-être les chiffres en anglais? Ou me parle d’unités de produits alors qu’il s’agit de dépenses en dollars? Non, pas du tout. Les femmes de ce pays doivent avoir 15 visages dont 14 cachés – et elles me présentent toutes celui qui a séché les cours d’anglais. Je ne vois pas d’autre explication. 
Dernière pause pour boire une limonade maison au pamplemousse rose dans un endroit qui propose également des « ice fruit cheese tea » – mieux vaut sans doute ne pas demander de quoi il s’agit -, puis arrêt à la boulangerie de la station North Point pour acheter de quoi petit-déjeuner dans la chambre demain (non, je ne vais pas risquer le « albumen swiss roll »). De retour à l’hôtel vers 19h, nous bloguons et instagramons en sautant le repas du soir. Je pensais me coucher tôt, mais le temps que je me mette au lit, il est déjà 23h, et je ne m’endors pas avant minuit. Probablement en ronflant, vu que j’ai déjà le nez à moitié bouché à cause de l’alternance chaleur de malade à l’extérieur/climatisation glaciale à l’intérieur. 

La vidéo du jour (la première, soyez indulgents) se trouve ici.

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2 réflexions sur “[HONG KONG] Où je peine à communiquer avec les autochtones”

  1. Dire que j'ai culpabilisé parfois de ne pas assez bien parler anglais en voyage… C’est bien la preuve que la communication se fait à double sens !

  2. Bon, il est peu probable que tu y retournes un jour mais les matelas sont appréciés (très) durs ! J’avoue adorer, avec un petit surmatelas, mon dos émerge des nuits tout droit !

    Je note le musée Flagstaff pour une prochaine fois ^^ et veille soigneusement à oublier l’existence d’un dragon-tortue en terre cuite certainement sublime.

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