« My stuff », formidable documentaire sur le minimalisme

Petri Luukkainen, jeune auteur et réalisateur finlandais, est en pleine crise existentielle. Quand sa petite amie l’a quitté trois ans plus tôt, il s’est mis à entasser des objets pour combler le vide laissé par son départ. Prenant conscience de l’absurdité de cette attitude, il décide de mener une expérience qu’il documentera avec sa caméra. Il va mettre absolument toutes ses affaires – électroménager, mobilier et vêtements compris – dans une unité de stockage. Puis, pendant un an, il récupèrera un objet par jour, et un objet seulement. Et il n’aura pas le droit d’acheter quoi que ce soit en plus.

Le premier jour, on le voit sortir de chez lui complètement nu avant l’aube, fouiller une poubelle pour y trouver un journal et courir à travers les rues enneigées mais désertes, le journal devant ses parties génitales, jusqu’à son unité de stockage où il récupère un manteau. Il dort enveloppé dans celui-ci à même le sol de son appartement vide. Le second jour, il attend qu’il soit presque minuit pour pouvoir récupérer deux objets d’un coup: une couette et une paire de chaussures. Au bout d’une semaine, il parvient à retourner au travail, et très vite, il laisse passer plusieurs jours sans se rendre à son unité de stockage.

Parallèlement à l’aspect matériel de son expérience, Petri filme ses discussions avec son entourage: ses amis qui le trouvent un peu dingue (mais l’aident quand même à déménager ses affaires les plus lourdes dans un sens puis dans l’autre), son frère qui le réveille tous les matins quand il n’a encore rien pour le faire lui-même, sa maman qui avait l’habitude de lui faire la vaisselle chaque fois qu’elle passait chez lui, sa grand-mère qui a connu les privations de la guerre et développé un point de vue très lucide sur les objets que nous accumulons. Pendant l’année, il rencontre une fille et entame avec elle une relation que son expérience affecte de manière assez amusante. Et comme absolument tous les auteurs d’ouvrages consacrés au minimalisme que j’ai lus ces dernières années, il arrive à la conclusion que ce qui donne un sens à la vie, ce ne sont pas les choses mais les relations. Ce qui n’est pas une révélation foudroyante en soi, et qui n’empêche tout de même pas la plupart d’entre nous de nous laisser déborder par nos possessions matérielles.

J’ai beaucoup aimé « My stuff ». D’abord parce que son auteur procède à l’inverse de tous les gourous du minimalisme : au lieu de diminuer petit à petit le nombre de ses possessions pour ne plus conserver que le strict nécessaire à la fin, il se débarrasse de tout et récupère le strict nécessaire petit à petit – une méthode encore plus radicale et provocante. Au final, il se rend compte qu’il a besoin d’une centaine d’objets pour s’assurer un quotidien raisonnablement confortable, et d’une centaine d’autres pour profiter un peu de la vie. Pas davantage. Ensuite, Petri Luukkainen est un réalisateur doué, avec le sens de la mise en scène, qui fait de son documentaire un film intime et très vivant, tantôt drôle et tantôt émouvant, plutôt qu’un simple récit linéaire doublé d’un constat clinique. 4 ans après la sortie de « My stuff », j’aimerais savoir si son expérience a affecté son mode de vie de façon durable ou si, en se mettant en couple, il a fini par retomber dans les mêmes travers consuméristes que la plupart d’entre nous.

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8 réflexions sur “« My stuff », formidable documentaire sur le minimalisme”

  1. Je ne fais jamais vraiment confiance à mon niveau d'anglais… Sur vimeo, c'est sous-titré en anglais? c'est compréhensible avec un niveau normal d'anglais (bon niveau scolaire quoi)?
    En tout cas, ça donne envie. Mes déménagements successifs m'ont souvent donné envie de me séparer de tout…

  2. @Adeline: oui, sous-titres en anglais. Rien de très compliqué niveau vocabulaire, je pense.

  3. Je suis partie en vacances une semaine avec ma valise (et celle de ma fille) dans un appart équipé de ce qu'il faut pour vivre et rien qui nous appartient … ça m'a déprimé de rentrer chez moi et de retrouver tous les objets. Et pourtant, je vire à tour de bras des choses et deux fois plus que ce qui entre (je vire même direct ce qui entre quand je ne l'ai pas choisi et qu'on me l'offre ). Et on a de l'espace. Et une consommation responsable. Mais j'ai encore l'impression de passer ma vie à déplacer les objets (malgré le partage égalitaire des tâches ménagères). J'ai passé le point de non retour. Et en couple, c'est pas simple quand on est pas du même côté du point de non retour 😀 Donc on va regarde le documentaire. En couple 🙂

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