Depuis des semaines, Chouchou jubilait en regardant la progression des intentions de vote aux Etats-Unis. Depuis des semaines, la parano en moi lui répétait « Rien n’est décidé avant le vote proprement dit; je ne serai tranquille que le 9 novembre au matin ».
C’est pas souvent que je déteste avoir raison.
Hier, j’ai réussi à ne pas rester collée devant mon ordinateur. Je suis allée à mon cours d’aerial yoga; j’ai déjeuné en ville, acheté quelques bouquins chez Tropismes et lu l’un d’eux chez Méert devant un Earl Grey pointes blanches. Puis j’ai rejoint Chouchou à l’UGC Toison d’Or pour aller voir « Dr. Strange » que – une fois n’est pas coutume avec les films de super-héros – j’ai adoré. On est rentrés de bonne humeur. Chouchou devait encore faire une nuit blanche pour son boulot, et vu les circonstances, j’ai décidé de rester debout avec lui. On s’est fait du sobacha, on a ouvert chacun une fenêtre sur le site de CNN et une autre sur le site de The Guardian, et on a regardé tomber les estimations.
Je ne vais pas vous la refaire état par état, mais assez vite, j’ai trouvé que ça sentait le roussi et commencé à répéter: « J’y crois pas, il va passer. Mais qui sont les abrutis qui votent pour ce malade mental? Comment c’est possible que plus ou moins une moitié des votants américains pensent qu’un milliardaire-né qui a fait banqueroute trois fois, gruge ses employés et s’arrange pour ne pas payer d’impôts va lutter efficacement contre la corruption et améliorer les conditions de vie des plus pauvres? Comme une seule femme a-t-elle pu donner sa voix à quelqu’un qui a été accusé de plus d’une dizaine d’agressions sexuelles et qui tient des propos si méprisants envers l’ensemble de son genre? Comment un seul racisé a-t-il pu penser que Donald « on-va-bâtir-un-mur » Trump, qui passe son temps à soupçonner tous les Musulmans d’être des terroristes, avait ses intérêts à coeur? »
Bon, en vrai, c’était moins cohérent que ça; ça donnait plutôt quelque chose comme « Putain. Putain, putain, PUTAIIIIIIIIIIN. »
Quand j’ai fini par me coucher vers 6h30, il restait encore quelques états qui ne s’étaient pas prononcés, mais on savait déjà que les carottes étaient cuites.
Apparemment, les Américains sont plus sexistes que racistes. Ils ont bien voulu élire un président noir deux fois, mais une femme?
Le peuple a parlé: plutôt filer les codes de l’arme nucléaire la plus puissante au monde à un malade mental pro-Poutine qu’à une personne qualifiée pourvue d’un vagin.
Mon dégoût est immense. Mes peurs pour l’avenir aussi.
On n’avait déjà pas avancé des masses sur la question du réchauffement climatique, mais maintenant, avec un président américain qui nie l’existence même du phénomène… Enfin cela dit, s’il commence à balancer des bombes dans tous les sens, l’humanité n’aura pas le temps d’être éradiquée par des catastrophes naturelles en plus en plus violentes. Je ne sais pas s’il faut voir ça comme une consolation. Je sais, par contre, que je me réjouis plus que jamais de ne pas avoir d’enfants et que j’ai envie de pleurer en pensant à l’avenir qu’on prépare à mes neveux.
On était tous unanimement d’accord pour trouver 2016 pourrie. 2017 et les suivantes s’annoncent tellement pires…
Je veux croire que d’ici le printemps, les trois quarts des électeurs de Trump feront comme les pro-Brexit et pleureront que ah oui mais ils n’avaient pas bien compris, peut-on refaire les élections? Sauf que PommeZ, ça marche juste dans « Dr. Strange » si on a l’oeil d’Agamotto. Je veux croire aussi que des garde-fous se mettront en place, mais avec le Sénat et le Congrès, plus sans doute la Cour Suprême, du côté républicain, Trump va disposer d’un pouvoir de nuisance sans précédent dans l’histoire du monde.
Plus tard, peut-être, j’arriverai à faire preuve du bel optimisme de The Blogess qui publiait ce chouette billet hier. Pour l’instant, je suis bien trop furieuse, révoltée et inquiète.
C'est la première chose que j'ai regardé en me levant ce matin.
Je n'ai rien fichu depuis. Même pas été capable de petit-déjeuner. Je pense aux gens que je connais aux États-Unis. Aux amis là-bas, à cette mère qui élève son fils lourdement handicapé, à toutes ces femmes, à ces étudiants, à ces amis chers appartenant à la communauté LGBT, à ceux qui ont la chance d'avoir un boulot, d'être des hommes en plus, qui réfléchissent assez et plaisantaient encore hier sur le fait qu'ils n'allaient quand même pas être assez stupides pour laisser passer Trump.
Après le Brexit, j'ai été assez naïve pour me dire "Et qu'au moins ça serve de leçon et qu'on évite Trump ou Le Pen comme présidents juste parce que 'J'ai voté pour lui/elle mais juste pour contester et ce n'était pas vraiment ce que je voulais en fait !'". Il faut croire que j'étais encore trop naïve…
Mélusine
Quand un ami américain m'a confié être en désaccord avec ses parents, relativement éduqués et issus de la classe moyenne, parce qu'ils pensaient que "Trump pouvait faire changer les choses", j'ai commencé à avoir peur. Et voilà.
Ah ça, pour les faire changer, je suis sûre qu'il les fera changer. Mais pas dans le bon sens.
C'est le premier truc que j'ai regardé en me levant ce matin. J'ai pas eu le courage de commencer ma journée. Comme toi j'ai peur pour l'écologie (remarque s'il fait exploser la planète avant ce sera réglé – lol), mais aussi pour toutes les minorités des USA – racisés, NA, LGBT, personnes transidentitaires, non-valides – qui sont déjà pas dans des situations folichonne mais qui au moins seraient restées à peu près dans le même état, alors que là ça ne peut clairement qu'empirer.
Il y a des jours comme celui-ci où je regrette l’insouciance de ma jeunesse, quand je ne savais même pas ce que le mot " politique" voulait dire, et que je me fichais éperdument de ce qui pouvait se passer à l’autre bout de la planète.
Des jours comme celui-ci où je je reste bloquée depuis le réveil, à me demander où est la sortie du cauchemar.
Des jours où j’ai tellement peur pour mes enfants…
Demain, peut-être, je retrouverai un soupçon d’optimisme, et l’envie de me battre, encore et encore.
Pour aujourd’hui, je crois que je vais juste essayer de croire que ce n’est pas vrai, et regarder les catalogues de Noël avec mes poussins. Le temps d’encaisser.
Ell est où, la touche « reset » ?
Je suis inquiète pour l'état du monde mais je ne suis malheureusement pas surprise. Je ne peux pas comprendre comment on peut voter pour Trump mais je comprendre les raisons qui l'ont fait accéder au pouvoir suprême. C'est cela qui me glace mais, en même temps, c'est cela qui me donne la force de bouger mon cul parce que mon dieu, il y en a des choses à faire dans ce monde.
J'ai un fils encore bien trop jeune pour réaliser ce qu'il se passe et je lui ferai des frères et soeurs. J'ai peur pour leur avenir, oui, mais j'ai peur pour le mien aussi et, encore une fois, je sais que la seule chose à faire, c'est agir. Je me sens forte et heureuse d'avoir l'opportunité d'aider ma génération et la suivante à créer une nouvelle société. C'est sûr que le monde ne sera plus jamais pareil mais on ne peut de toute façon pas continuer ainsi. Il va falloir se réinventer et évoluer.
(oui, je suis encore jeune et diablement optimiste mais jamais personne ne m'enlèvera ça, sûrement pas un connard sexiste-raciste-crétin enfermé dans sa tour)
Comme tu le dis si bien…. "This too, shall pass"
Même si j'ai peur pour la pucinette dans mon ventre, pour son frère, on est bien obligés d'avancer, non?
J'ai réussi à éteindre mon ordinateur vers 3h30. J'ai esperé à un moment, puis j'ai vu les résultats tomber, les estimations passer plus fortement au rouge. Je me suis couchée mes oreilles remplies du bruit du vent qui soufflait dehors et l'angoisse de voir ce que j'allais trouver au réveil. "Comment peut-on consciemment voter pour un tel homme?" a été ma première pensée ce matin. Je suis profondémment choquée, vraiment. Je ne comprends pas.
Une connaissance me disait, avec Trump c'est une pochette surprise, avec Clinton on sait ce qui arrivera et rien ne changera. Je crois que la surprise va faire trés mal contrairement à ce qu'il pense. Le monde va dans une drôle de direction et les prochaines élections en Europe occidentales seront aussi éffrayantes. J'aimerai naïvement croire qu'il va vite se planter afin de démontrer que ce n'est pas CA la solution.
Par contre j'avouerai que je ne suis pas pro Clinton. de là a voter Trump, je ne comprend pas non plus les américains. Il y a une sorte de rejet du monde politique. Je le comprend mais porquoi rejeter l'autre, pourquoi se renfermer….
Bon j'avais mis les Etats-Unis sur ma liste des endroits à voir, vu ma couleur de peau c'est rapé, je dois me rabattre sur autre chose
Pourvu que je ne doive pas m'excuser auprès de ma petite fille de l'avoir fait naître dans un monde qui ne sait plus que se tourner inexorablement vers le néant.
J'ai vécu ces élection en direct, depuis mon bout du monde. On était sorti avec des amis boires quelques (beaucoup trop) verres pour fêter la fin de leurs examens.
La soirée à été ponctuée de "holy shit, this is happening" à chaque fois que l'un d'entre nous regardait les résultats.
Mais malgré tout, je crois qu'on gardait un infime espoir que Hillary gagne, comme si ça ne pouvait pas être la réalité, comme si on assistait à une mauvaise sitcom.
Et puis c'était fini. Il restait quelques états, mais les jeux était fait. Et ça a été comme une douche froide pour nous, une gueule de bois qui nous giffle en pleine picole. On s'est tous regardé, incrédules, avec nos couleurs de peau bigarrées (de la pâleur d'une Irlandaise à la peau black d'un Sri-Lankais, en passant par toutes les nuances que des Mexicain, Chilien, Suisse, Indien, Belge, Néo-Zélandais, Slovakien peuvent avoir) et nos préférences sexuelles aux couleurs de l'arc-en-ciel. Et on s'est tous dit que bordel, on n'aimerai pas être là-bas. Et puis Marco, le Mexicain, s'est effondré, les larmes aux yeux. Une bonne partie de sa famille est aux USA, certains d'entre-eux illégalement. Même avec la green card c'était déjà un calvaire pour eux, je n'ose pas imaginer ce que ça sera maintenant…
Ce matin je me suis réveillée dans les bras de mon nouvel amoureux, avec une gueule de bois carabinnée. Alors que je regardais ma main blanche sur sa peau foncée, j'ai eu envie de pleurer. Je sais qu'étant Belge, blanche, blonde aux yeux bleux, plutôt bien foutue, avec un haut niveau d'éducation, ma vie a toujours été facile, et la seule discrimination à laquelle je dois faire face, c'est celle liée à mon double chromosome X (et encore, j'ai la chance de vivre dans un pays et un environnement de travail où je n'y suis presque jamais confrontée).
J'ai envie de pleurer en pensant à la chance que j'ai.
J'ai envie de pleurer en pensant que des millions de personnes ont décidé d'élire comme représentant de leur pays un sombre crétin illetré, raciste, misogyne, fraudeur, …
J'ai envie de pleurer à l'idée de ce que les minorités vont subires durant ces 4 prochaines années.
J'ai envie de pleurer de voir à quelle point je n'ai pas envie de vivre dans un tel monde (et dans ma tête tourne en boucle la chanson de Cabrel "La Corrida"… Est-ce que ce monde est sérieux?)
Alors aujourd'hui, moi et ma gueule de bois, on va abattre le boulot prévu pour aujourd'hui, on va aller se défoncer à la boxe histoire d'expulser toute la rage que ces élections ont provoquées, puis on va enfiler une jolie robe, et on va rejoindre mes amis colorés, on va sans doute encore boire, danser et s'embrasser, et on va tout faire pour contre cette absurdité…
Zéphine: rien à voir avec le sujet, mais contente pour le nouvel amoureux 🙂
Merci pour ton beau texte. Moi aussi j'ai envie de me réveiller de ce mauvais rêve.
Cette mauvaise semaine et le cauchemar continuent… je n'ai même pas fini de lire l article concernant léonard Cohen. J'ai tout de suite voulu venir ici déposer mes pensées. Triste nouvelle et triste semaine
La gifle, je n'arrive pas y croire, je n'y crois toujours pas, je ne veux pas y croire. Je suis effectivement convaincue que Trump aurait été vaincu si il avait eu un homme face à lui. Je rêvais de retourner aux Etts Unis, de faire un voyage avec mon fils mais je crois que je vais reporter et utiliser mes économies dans un pays moins inquiétant … affligeant et révoltant et effrayant .