
Envolés l’insouciance du premier tome et les jours de lumière des vacances d’été à Home Place! Ce deuxième tome des « Chroniques des Cazalet » prend un ton bien plus grave. Pourtant, la guerre ne fait que servir de toile de fond au récit, et ses conséquences même sur certains membres de la famille ne sont abordées qu’indirectement. On reste dans le registre d’un quotidien certes bouleversé dans certains aspects mais pas fondamentalement différent, des pensées et des émotions disséquées avec une finesse remarquable. L’étude psychologique des trois jeunes filles est toujours aussi juste et captivante. Ma plus grande sympathie va à Clary qui souhaite devenir écrivain et trépigne de ne pas pouvoir, en ces circonstances, acquérir l’expérience de la vie dont elle aurait besoin pour nourrir sa créativité.
« I think it’s awfully difficult for people our age. We need people to be in love with, and we’re simple hemmed in by relatives and incest doesn’t seem to go with modern life. We’ll just have to wait. »
« What I find peculiarly irritating is that nobody will say what rape actually is. If there’s a danger of it, I really do think we ought to have some idea of what we’re in for. But they simply won’t say. It’s part of this family’s determination not to talk about anything that they think is at all unpleasant. »
J’aime aussi beaucoup la gouvernante Ms Milliment, pauvre, laide et vieillissante, mais cultivée, ouverte d’esprit et si sympathique! Mieux que les domestiques, qui apparaissent toujours comme des êtres frustes et peu intéressants, elle illustre ce que pouvait être à l’époque la vie d’une femme seule n’ayant pas eu la chance de naître au sien d’une famille riche comme les Cazalet. La condition féminine est d’ailleurs souvent abordée dans la série, même si pas très frontalement. Ce deuxième tome confirme l’excellente impression que m’avait fait le premier. Si vous êtes anglophone et que les thèmes de la série sont susceptibles de vous intéresser, foncez: vous ne le regretterez pas!