La carotte et le tunnel

Hier matin, alors que je lui annonçais que j’allais lui rendre en fin de semaine la trad qu’elle voulait pour début janvier, une de mes éditrices m’a demandé si je serais intéressée par un autre boulot à remettre début mars au plus tard. J’ai commencé par répondre que ça ne serait pas possible, car j’avais déjà un monstre d’un million quatre cent mille signes à boucler pour cette date. Puis j’ai regardé le bouquin: il avait l’air très sympa. Et j’aime bosser avec cette éditrice. Et je vais avoir des tas de dépenses extraordinaires en début d’année prochaine: le ravalement de façade de ma résidence, mon MacBook à changer, le début des prélèvements de la fameuse retraite complémentaire obligatoire de la RAAP qui va nous pomper 8% de nos revenus bruts… Bref, je ne cracherais pas sur quelques milliers d’euros supplémentaires. Mais ça voudrait dire me taper des semaines de damnée jusqu’à début mars. A mon âge canonique et compte tenu de ma fainéantise congénitale, est-ce bien raisonnable? Indécise, je feuilletais le bouquin en me disant que ça serait quand même bien que l’univers m’envoie un signe, lorsque j’ai remarqué que l’héroïne s’appelait comme Funambuline-en-vrai, coquetterie orthographique incluse, et que le personnage masculin principal portait le prénom de mon père, qui n’était pas un prénom courant. J’ai joué au Tétris avec mon planning et dit banco à mon éditrice. 
Dans la foulée, j’ai proposé à Chouchou: « Viens, on profite des super promos de Brussels Airlines qui se terminent ce soir et on se réserve un grand week-end quelque part en mars, parce que je l’aurai bien mérité. » On a regardé les destinations pour lesquelles il y avait des aller-retour à 58€, à condition de revenir au plus tard le 22 mars. Immédiatement, j’ai piaillé: « Oslo, Oslo! C’est la dernière capitale scandinave qu’on n’a pas faite, parce que la vie est tellement chère là-bas, mais si on prend un appart Air B’n’B, ce sera peut-être jouable. » On a regardé les apparts Air B’n’B: il y avait moyen de dégoter un studio équipé en centre-ville pour moins de 100€ la nuit. Je ne me tenais plus de joie, mais j’ai quand même eu l’idée de vérifier les températures moyennes à Oslo en mars. -3°. Ah. Euh, non. On dirait qu’on va se garder ça sous le coude pour le mois de juin ou de juillet, plutôt. Dans les autres destinations possibles, il n’y avait malheureusement pas Dublin, qui figure sur notre liste de villes à visiter depuis longtemps mais que Brussels Airlines ne dessert pas en direct. Chouchou était très tenté par Berlin, et moi toujours pas du tout. Naples, il faudrait avoir une grosse semaine pour se faire la côte amalfitaine en voiture. En fin de compte, on a donc opté pour Lisbonne. On avait eu un goût de trop peu en 2010 – et depuis, des tas d’escapes games ont ouvert là-bas. De plus, il devrait faire beau au Portugal début mars, la vie n’y est pas chère et on n’aura pas de mauvaise surprise avec le taux de change. 
Lisbonne est donc officiellement devenue la carotte au bout d’un tunnel de boulot de trois mois. Bah, de toute façon, qui a besoin de temps libre en hiver, quand il fait froid et moche et que c’est si difficile de se motiver pour sortir? 

20 réflexions sur “La carotte et le tunnel”

  1. Demander des signes à l'univers, je devrais le faire un peu plus. Et poliment. Parce que là manifestement l'univers me fait la gueule – et c'est contagieux.

    Ma seule fois à Lisbonne c'était il y a au moins quinze ans, et c'était en mars. Et je me suis juré d'y retourner pour m'enivrer à nouveau de la poésie surannée de cette ville.

  2. Solaena: tu devrais essayer Porto à l'occasion, c'est super chouette aussi!
    Mmarie: oui, il y a une très belle décrépitude, le même genre que j'avais apprécié à Essaouira au Maroc.

  3. Une façon comme une autre d’hiberner et de se réveiller au printemps (ou presque) ! Après tout, avec un bon plaid sur les genoux et une boisson chaude… Au fait, tu as réussi à trouver des alternatives au thé ?

    J’aimerais bien aller à Porto, un jour…Mon mari avait adoré.

    Qiand même, bon courage pour tout ce boulot qui t’attend !

  4. Elmaya: le sobacha (infusion de sarrasin grillé) est pas mal pour la fin de journée. Pour le reste, je me contente de boire une petite tasse de thé au lieu d'un grand mug à chaque fois. Je dois retourner faire une prise de sang début décembre, on verra ce que ça donne!

  5. Je suis bien contente en tout cas, pas de la surcharge de travail (j'aurais préféré pour toi que ça soit moins en mode urgence), mais de continuer à travailler avec toi car c'est vraiment un plaisir 😀

  6. Berlin!!! mais c'est une ville géniale!
    j'y suis allée 8 Jours en 2015,je rêve d'y retourner! (pas pour le climat cela dit!)

    ANNESO

  7. Je ne suis jamais allée à Lisbonne (je n'ai d'ailleurs jamais mis les pieds au Portugal), il paraît que c'est très chouette, j'ai hâte de lire tes aventures là-bas !

  8. Ah mais Berlin, c'est trop bien…et en plus, il y a des personnes géniales que je connais et qui ont choisi d'y vivre depuis bientôt 5 ans ;-).

  9. Normalement 4% des revenus, pas 8, la Sofia prend la moitié en charge pour les auteurs de l'écrit.

  10. Certes, et avec quel argent penses-tu qu'elle va financer ces 4% pris en charge, sinon avec celui des recettes qu'elle nous reverse sous forme de droits divers actuellement? D'une façon ou d'une autre, c'est bien de notre poche que sortira l'intégralité de ces 8%…

  11. Les recettes qu'elle nous reverse ne sont pas financées par nous, mais par les bibliothèques et ceux qui fabriquent et commercialisent supports d'enregistrement. Je préfère verser 4% de mes revenus, ce qui est déjà énorme, et éventuellement recevoir moins de droits supplémentaires (qui ne seront pas réduits à rien pour autant, que je considère comme un bonus et surtout, qui ne représentent pas du tout, mais alors pas du tout 4% de mes revenus) que verser 8% (de ma poche, là, c'est sûr).

  12. Ben moi, je dois y être aux 4%, donc au final, ça me fera bien 8% de sous en moins, et peu importe leur source, le résultat sera le même…

  13. "Globalement, la part affectée chaque année par décret à ce financement peut atteindre 50 pour cent de l'ensemble des rémunérations perçues au titre du prêt en bibliothèque. Cette limite légale est, en réalité, très élevée, les évaluations actuelles permettant d'anticiper des prélèvements annuels inférieurs à 10 pour cent." (site de la Sofia)
    Après, si tu perçois 0 € à partir de l'année prochaine, c'est moi qui aurai eu tort.
    Bonne journée.

  14. Hé bien écoute, le cas échéant, je serai ravie d'avoir eu tort! Reste que la façon dont on nous a imposé cette mesure malgré toutes nos protestations, en ignorant les recours légaux qui ont été lancés et sans tenir compte de nos arguments légitimes, est tout à fait ignoble.

  15. De toute façon, oui. En gros, ça a été facilité par le fait que les associations censées nous représenter en haut lieu (et qui ne devaient pas peser bien lourd, ne nous leurrons pas) ont entériné le truc parce que ça évitait bien pire. Cool.

  16. Déjà, bon courage ^^ (j'ai tendance à être pareille : quand ça rentre plus, ça rentre encore) et surtout, vivement le bout du tunnel et le début de la carotte 🙂

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