La révision des 45000, épisode 1

Depuis le mois de février, je souffre de maux de ventre inexpliqués qui me donnent des angoisses terribles. Je devais de toute façon faire une coloscopie cette année (tous les 5 ans à partir de 40 ans quand on a un parent direct qui a eu un cancer du côlon), mais ma gastroentérologue a été en congé maladie pendant tout le premier semestre et je ne souhaitais pas voir quelqu’un d’autre. Par ailleurs, en septembre, une prise de sang a révélé une légère anémie et surtout une VS – vitesse de sédimentation, un indicateur d’inflammations internes – trois fois supérieure au taux acceptable. C’est peu dire que je balisais.

Bref, en l’espace d’une semaine, j’ai casé à la fois ma coloscopie, une seconde prise de sang et le rendez-vous de suivi chez mon généraliste – et tout à fait par hasard, mon détartrage annuel déjà programmé depuis le début de l’été. Je vais toujours chez l’ophtalmo en début d’année, et je n’ai pas eu envie de m’infliger un frottis chez la gynéco en plus de tout le reste. Mais quand même, la semaine s’annonçait chargée et plutôt stressante. Du coup, je me suis débrouillée pour n’avoir quasiment pas de travail à faire en parallèle et pour me caler quelques pauses sympas entre les rendez-vous médicaux. Puis j’ai pris mon courage à deux mains, mon billet de TGV entre les dents, et je suis descendue dans le sud pour la révision des 45000. 

Mercredi soir, donc, j’arrive à Monpatelin. Jeudi matin, en me rendant au village pour faire mes courses (du riz blanc, du jambon de Paris, du beurre et du fromage râpé qui constitueront mes seuls repas ce week-end – merci la préparation à la coloscopie…), je croise mon merveilleux généraliste dans la rue. Depuis plus de 15 ans que j’habite ici, ce n’était encore jamais arrivé. C’est sûrement un signe. « Ouais: le signe qu’il avait une visite à domicile dans le coin », lance, blasée, la partie rationnelle de mon esprit. Pfff, si on ne peut même plus s’imaginer que l’univers nous envoie des messages pour contrebalancer les heures sup de notre amygdale hyperactive, où va-t-on, je vous le demande.

En début d’après-midi, je me rends à la clinique pour la consultation anesthésie. La secrétaire est adorable et me promet d’essayer de me faire admettre le plus tard possible lundi (vu que je viens en bus, qu’il n’y en a qu’un toutes les heures et qu’il met 45 minutes depuis chez moi). Par contre, le docteur qui me reçoit m’ordonne deux fois de m’asseoir alors que je suis debout en train de sortir de mon sac les documents qu’il vient de me réclamer. Y’a le feu ou quoi? J’étais pourtant seule dans la salle d’attente. Il me demande si j’ai rempli le questionnaire vert. Je le lui remets.
– Tenez, j’ai aussi mon dernier bilan sanguin.
– Je m’en fous, c’est pour Mme X.
(Mme X: ma gastroentérologue. Se taper onze ans d’études pour mériter le titre de Dr. et se faire appeler « Madame » par un collègue. Les boules.)
– Mais il y avait marqué de l’apporter pour la consultation d’anesthésie.

L’anesthésiste fronce les sourcils d’un air irrité et, sans répondre, se saisit de mon questionnaire.
– Vous fumez?
– Non. C’est noté là.
(Moi aussi, je peux être désagréable.)
– Vous avez des appareils dentaires?
– Non plus, comme je l’ai indiqué.
– Vous avez déjà fait un AVC?
– Pas depuis que j’ai coché la case « non ».

Après m’avoir fait répéter toutes les informations qu’il a sous le nez, il me demande si j’ai des questions.
– J’aimerais savoir pourquoi on ne m’a pas prescrit de douche à la Bétadine. J’avais dû en prendre une la dernière fois. Peut-être que ma gastroentérologue a oublié?
– Comment voulez-vous que je le sache?
– La secrétaire m’a dit qu’au cas où, vous pourriez m’en prescrire.
– C’est pas mon boulot. Autre chose?
– …Euh, non.
– Ca fera 50€.
Il s’est écoulé royalement 4 minutes depuis mon entrée dans son bureau. J’espère que ce sera plutôt un(e) de ses collègues qui s’occupera de moi lundi.

(A suivre)

12 réflexions sur “La révision des 45000, épisode 1”

  1. Bon courage. Les anesthésistes sont souvent des gros enfoirés, on ne sait pas pourquoi. Et dire que je vais avoir droit au même protocole bientôt (parce que ma mère blablabla)…. pfff. M'enfin je compatis sincèrement !

  2. Je olussoie pour les anesthésistes !
    Et en ce qui concerne l'absence de douche à la Bétadine, on m'a dit quand je me suis fait opérer en mars que ça ne se faisait plus, une douche au savon doux suffit.

  3. A ma coloscopie précédente, l'anesthésiste qui m'a endormie était une dame super gentille… Peut-être qu'elle bosse toujours là et que j'aurai la chance de retomber sur elle! Quant à la Bétadine, je ne la regretterai pas, c'était très désagréable surtout dans les cheveux.

  4. Je croyais que c'était une blague…Incroyable! Quelle grossièreté! quel connard!

    ANNESO

  5. Oh! <3 Ça me rappelle l’anesthésiste que j'ai été voir pour l’accouchement! Quand je lui avais parlé de l'idée d'accoucher sous hypnose il m'avait répondu "ah oui! On fait ça ici mais ce sont les femmes qui s'en occupent!" Je m’étais un peu fâchée avec lui jusqu'à ce qu'il se calme en fin de consultation, j'avais prié très fort pour pas tomber sur lui le jour J!

    Quels cons!

  6. Pour la douche à la betadine ça doit dépendre des endroits, conjoint opéré du genou lundi à Toulouse et il a pris sa petite douche betadine!

  7. Quelle rencontre désagréable… Il avait l'air très pénétré de sa propre importance et grossier, par dessus le marché.

    Pour la douche à la Bétadine, on ne m'en a pas du tout parlé l'année dernière quand j'ai passé le même examen.

  8. J'ai droit à une coloscopie régulièrement moi aussi (et l'échéance se rapproche dangereusement). Jamais eu droit à la douche à la bétadine pour cette intervention (mais pour l'opération décollement de rétine oui). Pour les anesthésistes, je ne veux pas l'excuser, son attitude est inacceptable, mais je sais que c'est l'une des professions hospitalières (parmi les médecins, veux-je dire) les plus exposées à la pression, notamment en termes de poursuites judiciaires. Et comme la coloscopie ne nécessite pas une "vraie" anesthésie (on ne se fait pas charcuter), ils sont d'autant plus désinvoltes…

  9. Inexcusable, je ne suis pas sûre. Je le qualifierais juste de "très désagréable". Ayant été victime de maltraitance aux mains d'un horrible gynéco il y a quelques années, je crois que je me fais peu d'illusions sur l'impeccabilité du caractère des médecins. Comme dans toutes les professions, je pense qu'il y a des gens super et des gros cons.

  10. Bonsoir… petit question très indiscrète. Pourquoi ne vous faîtes vous pas soigner en Belgique ? C'est intéressé, je suis aussi résidente.

  11. Parce que je suis toujours résidente française, et que j'ai ma sécurité sociale et mes médecins ici!

  12. Cécile de Brest

    Tous les médecins que je consulte, lorsqu'ils parlent d'autres médecins, les appellent "monsieur Machin" ou "madame Truc". Je n'ai jamais compris pourquoi.

    Pour la Bétadine, mon mari fait régulièrement des colo et on ne lui en a jamais prescrit.
    Ton récit me rappelle un anesthésiste rencontré lors d'une consultation pré-op mais pour mon fils qui avait 8 ans à l'époque…un peu dur face à un enfant d'avoir ce genre de manières.

    Bon courage pour le reste…

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