L’été du lâcher-prise

J’ignore si c’est le contrecoup d’un printemps passé sous angoisse extrême, mais au début de l’été, sans que je le recherche particulièrement ou fasse le moindre effort dans ce sens, quelque chose s’est dénoué en moi.
Le matin, j’ai parfois commencé à bosser à l’heure passée de 13 ou de 47 minutes, alors qu’en temps normal, je suis une psychorigide de l’heure pile ou de la demie. 
Je n’ai pas touché à ma compta pro. Je me suis contentée de télécharger mes justificatifs une fois de temps en temps, et de les rassembler dans un fichier marqué « Docs à imprimer », point. 
Je n’ai quasiment pas ouvert mon agenda. Je ne planifiais que ce qui devait absolument l’être; pour le reste, je faisais les choses quand l’envie me prenait, et si elle ne me prenait pas, je ne les faisais pas. 
J’ai stoppé les cours de JavaScript parce que ça me gonflait et que je n’en avais pas l’usage pour le moment. Je m’y remettrai peut-être plus tard, ou pas. 
Je ne me suis pas affolée pour préparer mon planning de boulot 2017. Je me suis dit que je contacterais tous mes éditeurs à la rentrée et que ça suffirait bien.
J’ai renoncé à m’énerver pour les bricoles qui traînaient dans l’appartement ou les corvées en attente. Soit je m’en suis chargée moi-même et je les ai oubliées aussitôt, soit j’ai attendu que Chouchou s’en occupe sans lui en vouloir de ne pas réagir aussi vite que je l’aurais souhaité. Contre quelques pauvres minutes de rangement ou de ménage par-ci par-là, j’ai gagné une atmosphère domestique délicieusement allégée. 
Je ne me suis pas énervée quand on n’avait toujours pas entamé la préparation du dîner à 19h30 (le moment auquel j’aime manger  en principe, pour avoir fini de digérer quand je me couche). Et plusieurs fois, on n’est passé à table que vers 21h. Mon colon a survécu.
Je me suis quand même disputée avec ma mère, mais j’ai réussi à dédramatiser à peu très tout le reste et à désamorcer les petits agacements qui me pourrissent l’humeur d’habitude. 
J’ai annulé des rendez-vous médicaux pris « par principe », en me disant que je n’avais pas de raison objective de flipper et qu’il fallait que je me détende un peu avec ce suivi obsessionnel. 
Deux fois, je me suis sciemment couchée sans me brosser les dents (négligence a priori impensable pour la maniaque de l’hygiène bucco-dentaire que je suis).
J’ai adoré nos vacances à Edimbourg et presque pas écrit dessus parce que j’avais la flemme. Je me suis autorisé ce « trou » dans mes archives bloguesques.
J’ai laissé tomber l’organisation de la troc party prévue en août parce que ça me prenait la tête. Par contre, j’ai souvent improvisé des activités et des sorties à la dernière minute.
Je ne me suis jamais forcée à socialiser quand je n’en avais pas envie.
J’ai fait très peu de choses pour la satisfaction du résultat, mais beaucoup pour le plaisir du processus.
Et maintenant, je me demande si je vais réussir à garder cet état d’esprit pendant la mauvaise saison. Je sais que ce sera difficile mais je vais m’y efforcer, parce que je trouve ça vachement plus confortable!

7 réflexions sur “L’été du lâcher-prise”

  1. C'est fort de lire ton article au moment où je suis moi aussi dans la recherche de ce lâcher prise, et que je lis " le pouvoir du moment présent". Toute la difficulté réside dans cette capacité à être présent, et à apprécier le processus pour ce qu'il est et non le résultat …!
    Bravo à toi …

  2. Corinne (Couleur Café)

    Pour moi, je réussis à lâcher prise sur certaines choses, dans certains domaines, mais constate que certaines personnes et certaines choses me font encore énerver plus que de raisons. Je souhaite tellement adopter cet état d'esprit pour de bon.

  3. J'ai presque envie de te dire que je suis fière de toi, mais je n'y suis pour rien, alors juste bravo !

    Je suis ton inverse à ce sujet, aujourd'hui, mais je reste réputée pour mon sens de l'organisation, comme quoi ce n'est pas incompatible… et la vie est effectivement plus légère !

    Et ça me réjouit de me dire que mes amies et moi vieillissons bien. On va être des petites vieilles formidables. ❤️

  4. Fun: "On va être des petites vieilles formidables." Je n'en ai jamais douté 😀

    AnneSo: Oui, je connais le système, je le trouve trop rigide et surtout ce n'est pas le mien 😀 (Je veux dire par là que j'en ai déjà un créé pour mes propres besoins et qui me convient, donc je ne vais pas en changer.)

  5. Adele Eastmacott

    Je suis dans cette recherche de lâcher-prise aussi (avec de moins en moins de succès à mesure qu'un concours approche …), cet article me parle beaucoup. Je profite de l'occasion pour te dire que j'aime beaucoup ton blog, merci de le tenir aussi à jour.

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