Où Cahouète a droit à ses pandas tandis que je suis frustrée de mes hippos

J’ai passé une nuit horrible: endormie vers minuit et demie, réveillée deux heures plus tard avec un mal de gorge de tous les diables et beaucoup trop chaud, impossible de me rendormir même en migrant sur le canapé du salon avec une couverture plus légère et un pot de Vicks Vaporub. Plus de cinq heures à ruminer mes angoisses, ce n’est vraiment pas bon pour ce que j’ai. Quand je finis par me lever vers 7h30, la journée qui s’annonce crevante commence à peine et je suis déjà épuisée. 
A 9h12, je sonne à l’appart’ Air B’n’B des petits avec un sac de croissants. Nous prenons le métro jusqu’à la gare du Midi, un premier train IC jusqu’à Ath et un tortillard jusqu’à Cambron-Casteau. Heureusement qu’il fait très beau aujourd’hui encore, parce qu’il faut quand même marcher pas mal de la minuscule gare ferroviaire jusqu’à notre destination. Les enfants tentent de deviner ce que nous allons faire: « Traire des vaches? Ce serait cool! » Euh oui mais non. Nous nous rendons au parc zoologique de Pairi Daiza, qui depuis 2014 héberge deux pandas: la grande passion de Cahouète dans la vie. Mais nous comptons lui cacher leur présence jusqu’au dernier moment.

Début de la visite. Dans la mini-ferme près de l’entrée, je découvre que ma soeur appelle sans discernement « biquette » aussi bien les brebis que les chèvres. « Bah c’est plus ou moins pareil. » Je sais qu’elle bosse dans la finance, mais tout de même. A l’intérieur d’une magnifique et gigantesque volière, nous montons sur une passerelle suspendue en pensant qu’elle redescend de l’autre côté: en fait, elle traverse la moitié du parc, avec des planches de plus en plus étroites, des cordes qui ballottent de plus en plus, et à la fin, un tunnel dans lequel il faut avancer à quatre pattes. On se sent un peu comme une famille d’Indiana Jones. A un moment, Cahouète aperçoit en contrebas le panneau qui indique la grotte des pandas, et son visage s’illumine. Score.

La longue visite à Hao Hao et Xing Hui se conclut par un non moins long passage à la boutique de souvenirs qui leur est dédiée. Il n’y en a pas d’autres à l’intérieur du parc, seulement deux à l’entrée, et j’apprécie beaucoup ce côté anti-Disneyland. L’estomac dans les talons, nous rebroussons chemin jusqu’au dôme de l’Oasis où nous déjeunons à la cafétéria: couscous pour les hommes, ballekes-riz pour ma soeur et moi. Je suis sur les rotules alors que nous n’avons même pas vu un quart du parc, et j’envie atrocement David qui, dès qu’on le pose quelque part sans rien à faire (maintenant, par exemple), s’endort dans la minute. « Je suis comme les appareils sophistiqués: je me mets en veille », rigole-t-il. Clairement, on a oublié de me doter de cette option.

Mes jambes sont en plomb et j’ai juste envie de me rouler en boule dans un coin pour mourir. Par chance, la visite suivante est celle de la crypte des chauve-souris, ce qui me requinque un peu. C’est vrai que ça fouette sévère, mais on peut admirer à moins d’un mètre d’énormes chauve-souris qui battent des ailes suspendues la tête en bas, ainsi que des grappes de minuscules bébés. J’adore. En ressortant, nous zappons la partie nordique et pénétrons dans la partie « indienne » en admirant la déco. Je n’avais jamais vu un parc zoologique aussi somptueusement mis en scène; la visite vaudrait le coup même sans les animaux! Par contre, malgré les programmes de protection et de reproduction des espèces menacées, je reste assez opposée au principe de transporter sur un autre continent et d’enfermer dans un espace plus ou moins réduit des bestioles qui seraient tellement mieux en liberté… Si ce n’était pas pour Cahouète, je ne serais jamais venue ici. Mais j’avoue que je suis prête à m’asseoir sur mes principes pour le titre très disputé de Meilleure Tatie de l’Univers.

Dans la partie africaine, je suis déçue de ne pouvoir accéder à l’enclos des hippopotames à cause des travaux en cours sur la maison des gorilles située juste devant. Les enfants se sont emparés du gros appareil photo de leurs parents et mitraillent tout ce qui bouge. Un bateau de récupération, le Mersus Emergo, abrite les protégés de l’association Carapace: des tortues et autres reptiles abandonnés ou issus d’un trafic illégal. L’occasion de découvrir qu’en plus de prendre les brebis pour des bêtes à cornes, ma soeur a peur des serpents. Pourtant, ce n’est pas comme s’il s’agissait de bêtes terrifiantes genre des SOURIS! Nous retournons dire au revoir aux pandas; l’un des deux pionce et l’autre boulotte de grandes tiges de bambous vautré sur le dos. La belle vie. J’aimerais voir les koalas arrivés la semaine dernière mais ils sont encore en phase d’acclimatation et on ne peut que les deviner à travers la vitre de leur nouvelle maison.

Pour compenser ma frustration de n’en avoir pas vus de vrais, je m’achète un petit hippo en peluche super douce dans la boutique près de l’entrée. Puis nous reprenons le chemin de la gare, où nous arrivons avec une demi-heure d’avance et manquons quand même rater notre train parce que nous l’attendons sur le mauvais quai. L’occasion de piquer un dernier sprint, histoire d’achever mes rotules. Retour à Bruxelles sans histoire; métro et bus 71 jusqu’à la place Flagey où Chouchou nous rejoint et où ma soeur, David et les enfants s’achètent chacun un grand cornet de frites. Les vendeurs ne connaissent pas la sauce barbecue (siriously?) et sont toujours aussi aimables, mais enfin ça fait partie du folklore. Quand nous voulons reprendre le 71 en sens inverse, il est bondé et les portes se referment avant que David n’ait pu monter à bord avec nous. Il prend le suivant, et nous le récupérons à l’arrêt Quartier Saint-Boniface. 
Un dernier arrêt chez Eccome No! pour acheter des pizzas à emporter, car c’est bien connu: frites + pizzas is the new healthy diner. Je suis tellement soulagée de me poser sur le canapé des petits enroulée dans une couverture en polaire! Quand vient le moment de rentrer, je me sens incapable de faire un pas de plus, et Chouchou-cet-amour prend une voiture Cambio à la station voisine juste pour me ramener à la maison avant de revenir poser la voiture là et de rentrer à pied tout seul. Bilan de ce mercredi: plus de 21 000 pas, 8h de sommeil en trois jours et 72h sans le moindre légume vert. Heureusement que le côté obscur de la Force est avec moi.

4 réflexions sur “Où Cahouète a droit à ses pandas tandis que je suis frustrée de mes hippos”

  1. "Et c'est ainsi que Palpatine, épuisée par ses périples et rendue aigrie par l'absence de sauce barbecue, décida contre vents et marées de former le jeune Anakin au maniement du cornet de frites laser."

  2. Hu hu 😀
    En fait, la sauce barbecue, c'était pour Attila, moi je n'ai pas mangé de frites.

  3. C'était un peu l'article de l'angoisse, pour avoir croisé la photo en gros plan d'une gigantesque araignée sur ton compte IG le jour de la visite ( descendre le fil de la page avec précaution et deviner le contenu de chaque photo avant de les regarder completement 🙂 ). Je n' ai jamais visité le parc animalier mais de belles photos de pique-niques sur ce site avant qu'il ne devienne touristique sont présentes dans les albums photos de ma grand-mère <3

  4. Plusieurs personnes m'ayant signalé que la photo de l'araignée leur avait fait peur sur IG, j'ai préféré ne pas la reprendre ici 🙂

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