« Un goût de cannelle et d’espoir »

Allemagne, 1944. Malgré les restrictions, les pâtisseries fument à la boulangerie Schmidt. Entre ses parents patriotes, sa soeur volontaire au Lebensborn et son prétendant haut placé dans l’armée nazie, la jeune Elsie, 16 ans, vit de cannelle et d’insouciance. Jusqu’à cette nuit de Noël où vient toquer à sa porte un petit garçon juif échappé des camps…
Soixante ans plus tard, au Texas, la journaliste Reba Adams passe devant la vitrine d’une pâtisserie allemande, celle d’Elsie. Et le reportage qu’elle prépare n’est rien en comparaison de la leçon de vie qu’elle s’apprête à recevoir.
En principe, à l’exception notable du sublime « La voleuse de livres« , j’évite soigneusement les romans dont l’action se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale – une période déprimante dont j’ai l’impression de n’avoir déjà que trop entendu parler. Mais ici, une moitié de l’histoire se passait de nos jours aux Etats-Unis; la composante culinaire semblait assez importante pour me mettre l’eau à la bouche, et un libraire séduit avait mis une petite étiquette « Coup de coeur » sur la pile de poches. Alors, je me suis laissée tenter. Et « Un goût de cannelle et d’espoir » ne m’aura tenu que le temps d’un Marseille-Paris gare de Lyon, puis Paris gare du Nord-Bruxelles tant il a su me happer.

Ce n’est pas un thème très nouveau en littérature, mais Sarah McCoy illustre à la perfection la manière dont des gens ordinaires et plutôt décents à la base sont entraînés à fermer les yeux sur des horreurs, voire à y participer, dès lors que l’ignominie revêt le masque du patriotisme et de la loi. La force de son roman, c’est de mettre le sort des Juifs dans l’Allemagne nazie en parallèle avec le traitement des immigrés clandestins de nos jours. Riki, le petit ami de Reba qui exerce le métier de garde-frontière à El Paso, se trouve confronté au même cas de conscience qu’Elsie autrefois. Soixante ans plus tard, les leçons du passé sont à réapprendre encore et toujours, semble dire l’auteur. Et le fait que certains se comporteront en héros, en complices ou même en bourreaux dépendra moins de leur caractère que des circonstances qui leur mettront le couteau sous la gorge.

Tout cela peut sembler bien lourd et pas très riant; pourtant, « Un goût de cannelle et d’espoir » n’est pas un roman que l’on termine abattu. D’abord, le cadre de la boulangerie des Schmidt et, plus tard, de la pâtisserie d’Elsie apporte un côté gourmand très développé, encore renforcé par la présence d’une douzaine de recettes allemandes typiques en fin de livre. Ensuite, comme l’indique le titre français, l’histoire bien que tragique s’achève de façon positive, apaisée. Une lecture qui émeut et donne envie de se mettre aux fourneaux!

3 réflexions sur “« Un goût de cannelle et d’espoir »”

  1. Un roman qui devrait plaire à ma maman dont c'est bientôt l'anniversaire. Merci pour l'idée 🙂

  2. Ta chronique me fait envie même si c'est un sujet que j'évite habituellement moi aussi. Merci !

  3. Bon, cette fois, je ne vais pas me hâter de réserver ce livre à la bibliothèque puisque je l'ai lu y'a quelques mois. J'ai moi aussi été embarquée dans ces deux histoires parallèles qui se rejoignent et j'ai retardé quelques tâches ménagères pour avancer dans ce récit.
    Une lecture qui nous rappelle que tout n'est pas tout noir ou tout blanc et qui effectivement donne envie de mettre les mains dans la farine !

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