D’un côté, je suis une feignasse extrême, jamais à court de raisons pour procrastiner les trucs modérément fun – c’est-à-dire, tout ce qui n’est pas lire en buvant du thé ou un cocktail, aller bruncher dans un endroit bobo ou prendre un avion pour une destination semi-lointaine. De l’autre, quand je m’attaque vraiment aux choses, elles sont souvent pliées en un temps record. Exemple concret. Le matin, à moins d’avoir un train à prendre, je mets trois plombes à me lever, et je passe autres trois plombes à errer sur les internets en sirotant un mug de you zi hua cha. Comme en plus, je ne sais me mettre à bosser que sur l’heure pile ou la demie (bonjour la manie idiote), il est minimum 10h quand je tape le premier mot rémunéré de la journée. Par contre, deux heures plus tard, j’ai aligné 15 à 20 000 signes français – et pas du kilométrique, du presque propre. Au final, j’ai un super rendement professionnel en 4 heures par jour à peine, mais sauf exception en période de bouclage, je suis presque incapable de bosser davantage dans une journée. J’ai besoin de temps pour me mettre en condition, et de temps pour laisser refroidir mon moteur après l’effort.
C’est la même chose avec les grands projets qui risquent de s’avérer difficiles à mettre en oeuvre: j’y pense pendant dans mois, voire des années, en me trouvant tout un tas d’excuses pour ne pas m’y mettre. Et puis un jour, il me prend le coquin de sort (comme on dit par chez moi) et je révolutionne ma vie dans la semaine. Vu de l’extérieur, le brusque changement de régime a de quoi surprendre: je n’ai pas d’autre mode de fonctionnement que « mollusque neurasthénique » et « Speedy Gonzales ». Mais en réalité, pendant que j’ai l’air de glander, je me prépare mentalement. Je rassemble des idées – consciemment ou non, d’ailleurs; je soupèse mes propres objections; j’élimine les distractions. Je laisse mûrir ou décanter mes projets initiaux; je les apprivoise jusqu’à ce qu’ils me semblent réalisables. Extérieurement, je reste immobile. Intérieurement, je prends de l’élan pour sauter le plus loin possible du premier coup, parce que les obstacles me rebutent et que les échecs me découragent.
Voilà pourquoi ça fait déjà deux ou trois ans que je parle de reconversion professionnelle sans rien faire de concret. Mais là, depuis quelques semaines, je tiens une piste qui me plaît beaucoup, et j’ai commencé à chercher des moyens de l’explorer, notamment à travers des lectures personnelles et des cours en ligne. Je bute encore sur un très gros obstacle, qui est mon rapport difficile à autrui. J’ai néanmoins décidé de ne pas attendre d’avoir trouvé une solution pour commencer à me former, parce que sinon, j’y serai encore à l’heure de prendre ma retraite. J’espère qu’en travaillant sur le sujet qui m’intéresse, je vais débloquer en moi les choses nécessaires. Et sinon, bah, j’aurai quand même appris des trucs. Mais je ne pars pas perdante. J’ai réussi à beaucoup progresser sur le plan personnel ces dernières années, et même le bastion « sociopathie » me semble un peu moins imprenable maintenant.
Autant dans ma vie personnelle je suis quelqu'un qui met du temps à s'approcher des autres et à les laisser entrer dans ma sphère, autant professionnellement je n'ai aucun soucis.
Ce n'est pas la même approche, je suis persuadée que ce n'est pas un vrai obstacle pour toi et qu'il va sauter très vite.
Je te souhaite de réussir tellement fort qu'à la fin de l'année prochaine, vous envisagiez un chalet en Suisse 😉
Je comprends tellement ce côté petit diesel… Souvent quand on me regarder travailler on a l'impression que je ne fiche rien et après les gens sont toujours étonnés de voir la production finale.
Pendant longtemps j'avais du mal à me trouver avec le système scolaire traditionnel, puis j'ai fais quelques années de licence par correspondance et tout a roulé comme il fallait.
Maintenant je me connais et j'accepte de pas bosser de manière traditionnelle. Je crois qu'on a besoin de trouver chacun sa méthode, d'aller chacun à son rythme…
Quand à l'obstacle dont tu parles… Il me semblait dans un article que tu nous expliquais arriver à te glisser parfois "dans la peau" de ce qu'on attendait de toi quand il y avait vraiment besoin. Peut être que là c'est pareil, si tu fais semblant au début ça te viendra plus naturellement après parce que tu seras en terrain familier ?
Ah le côté "diesel", je connais très bien aussi, je fonctionne beaucoup comme ça aussi : trois plombes à me motiver puis trois minutes sur le boulot tellement j'ai tout organisé et préparé avant ^^ Cela dit, j'ai tout de même beaucoup de mal quant à la partie "motivation" sur les gros projets, qu'ils soient personnels ou professionnels, sportifs ou créatifs … J'ai essayé de les découper en petits objectifs moins difficiles à atteindre, mais ça ne fonctionne pas vraiment. Aurais-tu des astuces pour cela ?
Sinon, quels sont les risques ? Comment les minimiser ? C’est quoi, le plan B ?
Je me doute qu’on ne fonctionne pas pareil mais si ta reconversion est celle à laquelle je pense, je suis sûre que tu sauras t’adapter très vite en y allant mollo au début.
Bouh, toutes ces traductrices qui se reconvertissent V_V
Euh ma reconversion éventuelle est déjà le plan B de la trad, s'il faut que je prévoie un plan C je vais arriver à court d'idées 😀
Pas vraiment de risques matériels puisque ce serait une activité à exercer en indépendant, sans achat de matos coûteux. Si je me plante, j'aurai juste perdu du temps et de l'amour-propre: je m'en remettrai sans doute ^^
Et oui, l'état de la profession est malheureusement très préoccupant… J'aurais aimé ne faire que ça jusqu'à la retraite, mais bon. Quand y'a pas moyen, y'a pas moyen. J'essaie de le voir comme une opportunité plutôt que comme une défaite.