
J’ai passé ma première commande Amazon en 1997, alors que je vivais aux USA. Un de mes colocataires m’avait présenté le site, et j’avais été complètement émerveillée de voir que je pouvais m’y procurer à peu près tous les livres du monde pour un prix souvent inférieur à celui pratiqué en librairie. Très vite, je suis devenue une cliente assidue, et je le suis restée depuis. Mon carnet d’adresses sur le site est un véritable catalogue de ma vie ces 17 dernières années. Je ne veux même pas calculer combien de sous j’ai pu leur laisser au fil du temps: j’ai toujours considéré que l’argent dépensé en livres était de l’argent bien dépensé.
Mais depuis quelques années, j’éprouve des scrupules grandissants à utiliser Amazon. Je n’aime pas voir disparaître les librairies indépendantes à cause d’eux; je n’aime pas qu’ils se débrouillent pour échapper à la fiscalité française; je n’aime pas les articles que j’ai lus au sujet des conditions de travail de leurs employés, et j’aime encore moins leurs tentatives actuelles de faire pression sur Hachette ou Warner Bros en refusant de proposer leurs produits en pré-commande. Amazon est en train d’évoluer vers une situation monopolistique, et ça, ce n’est jamais bon ni pour l’économie en général, ni pour le consommateur en particulier.
Samedi dernier, je suis passée chez Sterling Books, une librairie anglaise que j’aime beaucoup mais où, quand je repère quatre bouquins qui me plaisent, j’ai tendance à en acheter un seul sur place puis à commander les trois autres sur Amazon à cause de la différence de prix non négligeable. Il se trouve que Sterling Books était alors en plein déménagement pour un local plus petit, sur un seul étage au lieu de deux et sans le café indoors qui avait ouvert il y a quelques mois. Et là, j’ai eu un déclic de culpabilité. Si je ne voulais pas que disparaissent Sterling Books et toutes les autres librairies de qualité que j’ai plaisir à fréquenter, je devais cesser de considérer Amazon comme mon fournisseur de livres par défaut.
Je doute fort de pouvoir à moi seule empêcher la révolution qui est en marche. Et il existe d’excellentes raisons pour faire appel aux services d’Amazon: par exemple, c’est une bénédiction pour les gros lecteurs qui vivent hors des zones très urbanisées et n’ont pas de librairie décente à proximité de chez eux. C’est également la solution de facilité pour les ouvrages de langue étrangères ou un peu « anciens » dont les librairies ne renouvellent pas le stock. C’est enfin, à ma connaissance, le seul site qui propose un programme de partenariat rémunéré aux blogueurs: or, les bons d’achat que je reçois grâce aux liens affiliés postés ici me permettent d’acheter plus de livres à chroniquer. Je n’ai pas envie d’y renoncer.
Mais entre (presque) tout et (presque) rien, il reste une marge de manoeuvre appréciable. Un omnivore n’est pas obligé de basculer du jour au lendemain vers le véganisme pur et dur: s’il diminue de moitié sa consommation de viande et autres produits d’origine animale, c’est déjà 50% de gagné pour les animaux et pour la planète! De la même façon, il me semble que sans boycotter complètement Amazon – ce que je ne me sens pas capable de faire -, je peux réduire significativement les achats effectués chez eux. Toutes les nouveautés (environ les trois quarts de mes lectures) se trouvent facilement en librairie, surtout à Bruxelles. Oui, elles coûtent souvent plus cher que sur Amazon: 5% en France où la loi sur le prix unique du livre ne laisse pas davantage de marge de manoeuvre aux commerçants, bien davantage en Belgique surtout pour ce qui est des ouvrages étrangers (mais on peut se rattraper partiellement avec le système des cartes de fidélité). Cependant, pouvoir feuilleter un livre avant de passer à la caisse permet aussi d’éviter les erreurs d’achat, de sorte que je pense m’y retrouver – et désengorger un peu ma PAL au passage. Quand bien même la facture serait légèrement plus salée au final, j’ai toujours dit que je voulais bien payer davantage pour acheter des aliments produits dans de bonnes conditions; je suis prête à appliquer un principe similaire à mes livres.
Donc, j’ai décidé de ne plus commander sur Amazon que les livres que je ne pourrai pas me procurer en librairie. Parce que même sans prendre de mesure radicale, je reste persuadée que tous les petits pas qui vont dans le bon sens comptent.
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il est vrai qu'Amazon reste un très bon fournisseur sur certains produits, introuvables en librairies ou en boutiques spécialisées (pas de rayon littérature en langue étrangère par chez moi, ou fournitures de loisirs créatifs très limitées). Je ne vis pas dans une grande ville c'est plus compliqué. Mais j'essaie au grand maximum d'aller en librairie (et pas au centre culturel Leclerc même s'il est bien achalandé 🙂 )
Pauline
Un pas après l'autre. Je suis aussi contre la dématérialisation des biens et des services aussi. J'aime à faire le tour des magasins en vrai, ça donne une excuse pour sortir flâner. J'ai toujours dit à mon fils que je ne lui refuserai jamais un livre. Après, je pourrais quand même les acheter ailleurs qu'à la FNAC.
Le loup qui sort du bois 😉
Je suis bien d'accord avec toi, je n'achète jamais rien sur Amazon pour les raisons que tu cites et je privilégie tant que je peux la librairie de mon quartier plutôt que Filigranes (avec l'inconvénienet que je dois parfois passer commande et ATTENDRE, quelle horreur..; -)
Seule ma mère a le 'droit' de passer par Amazon..mais elle habite -seule- en pleine campagne, à 😯 km du premier 'Club' et à 10 km de la frontière française où habitent des copines chez qui elle peut de faire livrer…Donc…Comme dirait Oscar Wilde: de la modération dans tout, y compris dans la modération… Belle journée !
Tout-à-fait d'accord avec toi ! J'avais tendance à abuser de la Fnac et d'amazon, juste parce que c'était pratique… mais la fermeture d'une librairie que j'aimais bien a été un véritable électrochoc. Maintenant, lorsque je recherche un livre (autrement qu'en biblio, je veux dire), je commence par faire un tour dans quelques librairies. Je n'ai pas remis les pieds à la fnac (in situ ou sur internet) depuis plusieurs années , et amazon ne me voit que lorsque je recherche désespérément un livre , en VO en général, et que j'ai un bon d'achat à dépenser de toutes façons.
Ce n'est peut-être pas grand-chose, mais si tous ceux qui le peuvent faisaient pareil, ça sauverait peut-être quelques librairies…
Et puis, le plaisir de feuilleter plein de bouquins pour faire son choix est sans égal…
C'est vrai qu'on a tendance à ne pas se rendre compte de l'impact de nos achats sur Internet sur les petits commerçants.
Perso, je ne commande quasi jamais sur Amazon (sauf si j'ai écoulé toutes les autres possibilités). Par contre, j'ai encore mes vieux réflexes d'étudiantes quand je dois acheter des livres : privilégier les poches et les livres d'occasion (merci Pêle-Mêle !) mais je me dis souvent que je devrais davantage me procurer des livres neufs si je ne veux pas voir mes librairies préférées disparaître.
Et je te rejoins tout à fait concernant le fait que l'argent dépensé dans les livres est de l'argent bien dépensé. On pourrait même voir ça comme un investissement ! 🙂
C'est vrai que pour faire des économies et par facilité, je commande souvent sur amazon…c'est pour le choix qu'ils ont et la facilité de ne pas devoir se déplacer (pas de librairie de quartier ici, mais à 15 km ce n'est pas insurmontable non plus).
Peut être trouver un système comme toi où j'essaie au moins de réduire…car pour certains livres en langue étrangère c'est pratique il faut le reconnaître…
Par contre si j'ai déjà eu des échos des conditions de travail d'amazon, pas vu de reportages, je vais essayer de trouver ça sur internet pour me rendre compte…
C'est clair,je me sens un peu coupable aussi !
Depuis que je suis revenue en Bretagne, j'achète moins de livre sur Amazon parce que nous avons, à Brest, une très grande librairie très bien fournie et que j'aime bien traîner dans les rayons pour faire mon choix, chose que je ne pouvais bizarrement pas faire en région parisienne faute de librairie digne de ce nom. Bref.
Là où ça coince c'est pour les autres produits que les livres : 50 euros de différence sur un boîte de Playmobil, je veux bien contribuer à faire vivre le petit commerce mais il ne faudrait pas que ça me fasse crever moi !!
Tout ça pour dire qu'il faut aussi que les magasins de proximité y mettent du leur. Évidemment ils ont des frais qu'Amazon n'a pas mais 50 euros, c'est un peu du foutage de gueule quand même !
Conclusion : moins de livres sur Amazon mais pour le reste, je continue.
J'ai complètement arrété d'acheter les livres sur Amazon il y a un an 1/2 suite à la série de reportages sur les conditions de travail et le non paiement des impots… Facile pour moi car j'habite pas trop loin d'une super librairie, entre Ramonville et Toulouse, avec un bon conseil et une carte de fidélité (au bout de 10 achats tu récupères les 5%) et je ne lis pas de livres en anglais.
Effectivement je dois commander certains livres (ex: le protectorat de l'ombrelle).
Par contre je connais quelques personnes qui bossent chez Amazon et qui sont satisfaites de leurs conditions de travail…
Je ne sais pas s'il y a de bonnes solutions.
Quitte à acheter les playmobil par correspondance, tu peux aussi les acheter directement sur le site de playmobil ! 😉
Oui, mais avec des frais de port !!
La question n'est pas tellement là, c'est surtout que je ne suis pas sûre que la différence de prix soit justifiée à part pour nous prendre pour des vaches à lait…;-)
Juste merci 😉
Je suis libraire (dans une ville de 12000 habitants !) et ça fait un moment que, sur plusieurs des blogs que je lis, je dois me mettre un pavé sur … le clavier, pour ne pas céder aux sirènes de la virulence.
Chez certain(e)s, je saute même systématiquement les billets sur les livres (un comble !) tellement les liens vers Amazon qu'ils contiennent me filent mal à l'estomac.
Mais bien sûr, je ne suis pas objective (chacun ses angoisses, et ses combats, hein !) 😉
J'habite en zone rurale, donc Amazon et les autres sites de vente en ligne sont une part non négligeable de mes achats de livres.
Bien sûr je préférerais tout acheter en librairie traditionnelle, mais entre le trajet en voiture (20 km en moyenne l'aller et autant au retour), le prix du parking et le temps perdu parce que les livres que je veux ne sont pas dispo en magasin (ou en bibliothèque), y'a pas photo. Malheureusement…
J'ai fait le compte pour l'année passée: j'ai lu 32 livres achetés en librairie (ou en seconde main sur abebooks – une minorité) et 6 livres achetés sur amazon. J'aime aller en librairie, des petites et des grandes, et souvent je repars avec au moins 50 euros de livres, voire plus. Amazon me fournit pour ceux que je ne trouverai pas, des choses en anglais un peu spéciales. Et abebooks, c'est pour challenge Joyce Carol Oates. Bref, je reste assez fidèle des librairies (à Bruxelles, Filigranes et Tropismes surtout, et un peu Cook'n'Book) et j'achète de temps en temps d'autres choses sur amazon.
Je voulais aussi rajouter que j'aime le côté là maintenant tout de suite des librairies. Parfois je repère une nouveauté sur un site et je sais que je pourrai l'acheter de suite !
Mon soucis actuel c'est livre d'occasion vs livre neuf. Lorsque je commande un livre sur Amazon, c'est sur le marketplace: je sais ce que je veux, mais je veux l'avoir d'occasion, parce que j'ai de plus en plus de mal à acheter un livre neuf…
En revanche, si je veux une nouveauté c'est en librairie que je me rends: je fonctionne autant sur synopsis que sur couverture, donc c'est la meilleure solution.
Pour répondre à celles et ceux qui habitent en zone rurale (c'est mon cas également) :
Mes clients qui sont dans ce cas ont l'adresse mail et le téléphone de la librairie : ils me commandent leurs livres (n'importe quel libraire peut obtenir n'importe quel bouquin, pour peu qu'il ne soit pas épuisé chez l'éditeur, à condition qu'il s'en donne la peine).
Lorsque toute la commande est prête, je préviens le client, et lorsqu'il vient en ville pour ses autres courses ou rendez-vous, il passe chercher ses bouquins. C'est simple, et ça ne lui coûte pas plus cher qu'à la FNAC ou chez Amazon, puisque sa carte de fidélité lui assure les 5 % que la loi Lang nous autorise à consentir (et les frais de livraison sont à la charge du libraire).
La seule différence, c'est l'absence d'immédiateté, disons que ça limite l'achat compulsif… Il y a des gens qui ne s'en portent pas plus mal, d'autres que ça dérange effectivement.
J'ai lu "En Amazonie", le bouquin de J-B Malet, et je n'ai pas aimé ce que j'ai appris dans le livre sur les conditions de travail, l'évasion fiscale et le rapport aux subventions et aux politiques français.
Il n'empêche qu'il m'arrive de commander des bouquins universitaires en anglais chez Amazon. Parce que c'est plus facile, ie toujours au catalogue, et plus rapide…
Sinon, je vais à la FNAC parce que c'est l'endroit où il y a des livres le plus proche de chez moi (il n'y a pas de librairie dans ma banlieue et le rayon BD n'est pas mal comme dans beaucoup de FNAC).
Je fréquente aussi quelques librairies parisiennes que j'aime bien lorsque j'ai le temps de flâner. C'est grâce à un libraire que j'ai lu Claire Keegan, par exemple, et c'était une belle découverte. En France, il y a des cartes de fidélité (presque) partout, donc le prix ne me parait pas un problème.
Enfin, je vais beaucoup à la bibliothèque, ce qui me permet de tenir mes engagements minimalistes de ne pas augmenter les capacités de ma bibliothèque !
Tout cela pour dire que je trouve ces différents lieux complémentaires… et que j'aime bien ta démarche des petits pas.
Bravo pour cette démarche ! Comme d'autres, je ne suis pas probablement pas objective puisque que je suis moi-même libraire, mais pour les livres neufs, une librairie classique est tout aussi bien voire même mieux qu'Amazon. (en France du moins, puisque nous n'avons pas le souci de la différence de prix qui existe en Belgique)
De plus, aujourd'hui, pas mal de librairies proposent la vente par correspondance avec un site web 🙂
Pareil que toi (mais pas en 1997, ceci dit), c'est là que je me procure mes livres en anglais et surtout mes mangas en anglais. Pour les mangas en français, j'ai ma petite librairie fétiche et c'est un plaisir d'y faire une « descente » une à deux fois par mois. Pour les BD et comics, j'en ai une autre pas loin de mon boulot. Pour les romans en français, je vais parfois à la librairie de quartier et souvent à la Fnac, qui ne va pas non plus si bien que ça et que je n'ai pas envie de voir disparaître.
En plus des conditions de travail, des répercussions sur les libraires et du traitement des éditeurs, je suis flippée par l'ampleur que prennent les géants que sont Amazon et Google. Et j'essaie de ne pas y contribuer autant.
Pour What Did You Eat Yesterday, je vais aller dans une boutique de comics qui peut me l'avoir pour même pas 1 € de plus.
Le pire dans tout ça, comme je l'ai appris dans un article du magazine Wired, c'est que Jeff Bezos, dès le début, n'avait pas l'intention de vendre que des livres. Les livres n'étaient qu'une passerelle vers les produits électroniques et autres livraisons par drone que l'on connaît aujourd'hui. La chose la plus improbable que j'y aie achetée, c'est une radio étanche…
Pour ce qui est des libraires, je demande parfois des conseils aux vendeurs mangas/BD/comics, mais presque jamais aux libraires « romans », car je vais généralement me procurer un livre dont j'ai entendu du bien et pas autre chose.
Enfin, récemment, j'ai voulu m'affranchir d'Amazon en commandant chez The Book Depository, que je vois souvent sur le Marketplace. Après avoir payé, un doute m'a assailli : des fdp gratuits, un énorme catalogue, ça me rappelait fortement Amazon. Petite recherche et bingo : TBD a été racheté par Amazon… Autant dire que j'allais juste m'abreuver à une autre mamelle. Et en plus, une partie de ma commande a été annulée d'un coup.
Bref, je suis en train de diminuer ma consommation aussi. De toute façon, j'ai bien assez de stock pour l'année à venir.
Et c'est en librairie que j'ai feuilleté Les Vieux Fourneaux qui me tentait beaucoup mais dont la colorisation me rebute :s
J'aime ta façon de voir et ta logique. Perso, je commande genre 1x par mois chez Amazon, mais pas que des livres (j'en emprunte beaucoup en bibliothèque, j'en troque, j'en achète en brocante)et c'est vrai que c'est la solution de facilité maais ce que tu dis me fais réfléchir et bien que je ne pense pas arrêter de me fournir, totalement, chez eux, je le ferai plus consciemment la prochaine fois
Pour ceux que la question intéresse :
http://www.actualitte.com/societe/enquete-sur-deux-morts-suspectes-dans-des-entrepots-amazon-50820.htm
J'ai arrêté Amazon depuis 2 ans environ. Je suis en pleine campagne, mais j'essaye de faire le plein quand je vais en ville. Sinon, j'ai eu recours quelques fois au site leslibraires.fr. Si des lecteurs libraires repassent par là, je serais intéressée par leur avis sur ce système.