Illustration empruntée ici
Le roman que je lis en ce moment (et dont je vous reparlerai très bientôt, car je le trouve génial) m’a amenée à réfléchir aux hasards qui modèlent notre vie tantôt en bien et tantôt en mal. Dans le domaine professionnel, j’ai un double exemple très frappant.
Vers la fin des années 1990, on m’a proposé de reprendre en urgence une « série policière avec des vampires »: la traductrice initialement pressentie avait lâché l’affaire en cours de route, se contentant de rendre les 100 premiers feuillets du tome 1 pour ne pas avoir à restituer l’avance qu’elle avait touchée. La date de remise convenue était déjà dépassée; il y avait urgence et j’avais la réputation d’être très rapide. C’est ainsi que j’ai « hérité » d’Anita Blake. Une quinzaine d’années plus tard, je viens de boucler la traduction du tome 20, et c’est certainement la série qui m’a rapporté le plus de droits d’auteur de toute ma carrière. Cette fois, la chance était de mon côté.
Quelques années plus tard, j’ai appris rétrospectivement que l’un des éditeurs pour lesquels je travaillais beaucoup à l’époque s’était trouvé en concurrence avec Gallimard pour l’achat des droits de publication française de Harry Potter. Comme toujours dans ces cas-là, les enchères étaient montées – jusqu’au point où mon éditeur avait fini par lâcher l’affaire, raisonnant que des livres pour enfants, si gros de surcroît, ne se vendraient pas assez pour justifier un tel investissement. S’il avait eu un peu plus de flair sur ce coup-là, c’est à moi que serait revenue la traduction de la série. Cette fois, la chance était donc du côté de Jean-François Ménard, et je ne vous cache pas que je l’ai beaucoup envié (même si j’imagine que ses conditions de travail n’ont pas toujours dû être drôles).
Oh la la !!! effectivement! J'imagine le pactole (et la pression cela dit)!