Où je me fais une grosse frayeur pour rien

La vie est parfois étrange. 
Lundi dernier, j’apprenais une nouvelle qui me faisait redouter de me retrouver prochainement au chômage technique, et de ne plus pouvoir gagner ma vie en continuant à exercer ce métier que j’aime et que je fais (bien, je crois) depuis près de 20 ans. J’échafaudais des plans d’austérité et de reconversion allant du plus timide au plus délirant. Bien entendu, je passais une très mauvaise nuit. 
Le lendemain, je me dépêchais de sécuriser un maximum de contrats pour début 2014, histoire de disposer de quelques mois pour me retourner, et ça me rassurait un peu. 
Le surlendemain, un nouveau client potentiel me contactait pour me proposer un texte plutôt long et absolument génial… à lui rendre impérativement fin février. 
Les Anglo-Saxons ont un proverbe qui exprime parfaitement ce que j’ai ressenti à ce moment-là: « When it rains, it pours ». Ou: « Quand il se décide enfin à pleuvoir, ce n’est pas trois gouttes qu’il tombe, c’est un déluge ».
J’ai passé la fin de la semaine dernière et la journée d’hier à me démener pour déplacer des dates de remise et refondre mon planning afin de caser 5 romans entre maintenant et fin avril. De la panique du « pas assez de boulot », j’avais basculé vers la panique du « trop de boulot », comme ça, en un clin d’oeil. Et je préfère ça que l’inverse, mais quel bordel! J’ai dû limite me livrer à un tour de prestidigitation pour tout caser dans les délais imposés. Ca me promet six mois de boulot intense comme je n’en ai pas connu depuis de nombreuses années – surtout si j’arrive à me tenir à ma résolution de 3 séances de sport hebdomadaires et du lancement, pendant le premier trimestre 2014, d’un projet annexe qui me tient à coeur.
Après ça, je vise un mois sabbatique en mai. Je ne l’aurai franchement pas volé. 
Je passe ma vie à redouter le genre de catastrophe qui surgit à l’improviste et qui fout tout en l’air. C’est bon de se rendre compte que l’inverse existe aussi. J’espère m’en souvenir la prochaine fois que je serai tentée de paniquer. 

8 réflexions sur “Où je me fais une grosse frayeur pour rien”

  1. Ah, je connais régulièrement exactement la même situation. D'un coup, j'apprends une nouvelle qui remet en question tout mon avenir pro, grosse panique "purée mais je sais rien faire d'autre !!", je m'imagine déjà sous les ponts… et dans les jours suivants, une avalanche de boulots qui déboule. C'est le lot des indépendants, je crois. On a toujours soit pas assez (ou pas beaucoup) de boulot, soit trop (et en avoir c'est très bien, on ne s'en plaint pas, mais trop, ça peut devenir rapidement exténuant). Difficile d'obtenir un équilibre.
    S'il y a bien un truc que ce boulot m'a appris, c'est : tout est imprévisible, tout peut changer en une seconde, t'inquiéter n'y changera absolument rien à part t'empêcher d'y réagir correctement.
    Bon courage pour tes prochains mois intensifs !

  2. Disons que depuis une douzaine d'années j'ai l'habitude que mon planning de l'année à venir soit déjà bouclé en octobre. Là ce n'est pas le cas, et le secteur de l'édition se porte très mal depuis 3 ans, d'où mon angoisse…

  3. Ah c'est sûr que si habituellement toute l'année est déjà planifiée si tôt, ça angoisse forcément quand ce n'est pas le cas. Pas évident !
    Perso, je n'ai de visibilité sur mon planning que sur disons 2 mois. Là, je sais à peu près ce que j'ai à faire en novembre-décembre, avec possibilité de quelques modif imprévues en cours de route (avec donc acrobaties obligatoires pour tout faire coller malgré tout)… Moi qui auparavant étais une droguée du contrôle, j'ai bien été obligée de lâcher prise sinon je pétais un câble 🙂 Donc j'ai dû apprendre à accepter le fait que tout peut s'arrêter pratiquement du jour au lendemain. C'est très instructif 🙂

  4. Notamment, oui, je ne peux pas le nier 🙂 Disons que c'est un apprentissage du lâcher prise qui se fait quelque peu dans la douleur… Mais derrière les doutes, les remises en question et mon sens du catastrophisme quelque peu prononcé, j'ai beaucoup appris. Ça oblige à prendre du recul à force de coups de pieds dans le derrière…
    Maintenant, faudrait que j'apprenne à prendre des vacances, au bout de 6 ans, ça commence à faire long 🙂
    Merci pour ton blog, en tout cas, j'y apprends beaucoup !

  5. laracinedesmots

    Oh du coup je suis curieuse, quel métier fais-tu ? Tu es freelance ? Dans une boîte ?

    Par rapport aux propos de ton article, je suis en train d'apprendre à approcher la temporalité de mon travail. C4est à la fois instructif et éprouvant !

  6. comme laracinedesmots j'essaie de m'imaginer ton quotidien et ce rythme auquel s'adapter en me demandant ce que tu fais (et Morgan aussi). Il faut un sacré courage et une belle qualité d'adaptation j'imagine! je suivrais la suite avec impatience!

  7. Je suis traductrice littéraire. Je bosse en indépendant pour différents éditeurs français.

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