La semaine a été un peu rude. Entre de longues journées de boulot, l’anniversaire de la mort de mon père, un accrochage rattrapé de justesse avec Chouchou et surtout une actualité qui me fait hésiter entre vomissements et larmes de rage, j’ai dû mobiliser toute ma zénitude pour garder le cap. Je crois ne pas m’en être trop mal sortie. N’empêche que je l’attendais avec impatience, cette traditionnelle journée du samedi-en-ville, sans doute ma préférée du mois. Et l’univers avait apparemment décidé de ne pas me mettre de bâtons dans les roues. J’ai retrouvé au fond de mon placard une vieille jupe un peu écossaise qui me va encore hyper bien, et un top dans les mêmes tons pour aller avec – même si les manches longues, avec 23°, c’était pas forcément indispensable. A la Fnac où je me rendais en mission secrète, sans intention d’acheter quoi que ce soit, j’ai embarqué le dernier Sempé et un roman traduit de l’espagnol qui avait l’air vraiment chouette. Chez Etam, j’ai causé shorties en tencel avec la vendeuse et trouvé un pantalon de yoga bleu marine pour remplacer le gris dont la trame est tellement usée qu’on voit au travers par endroits. A la parapharmacie, une jeune femme très aimable m’a conseillé une huile de massage à l’odeur juste parfaite. Le Sur La Place servait encore à 14h un peu passé; en attendant mon burger aux deux saumons à une table près de la fontaine, j’ai entamé le fameux roman traduit de l’espagnol et su dès les premières pages qu’il allait me ravir.
Je suis passée au magasin que tient mon amie Kiki, dont la vie n’est pas toujours simple non plus en ce moment; entre deux clientes, nous avons oublié nos soucis respectifs en échangeant des anecdotes sur la mauvaise foi de nos hommes respectifs. Puis je suis allée attendre dans mon salon de thé habituel ma copine Gaby qui avait manifesté l’envie d’apprendre le crochet, et à qui j’avais proposé de montrer les bases. Je ne suis pas sûre d’être un très bon professeur, mais les toasts briochés à la confiture maison étaient excellents comme toujours. La journée aurait déjà été très agréable si elle s’était arrêtée là. Mais Gaby a gentiment proposé de me raccompagner en voiture. Quand elle s’est garée devant chez moi, il était 18h20. Et au lieu de se dire au revoir, on a continué à discuter plus d’une heure et quart. Assises au chaud dans l’habitacle pendant que la nuit tombait dehors, on a parlé de nos angoisses qui nous pourrissent la vie, de leurs causes souterraines ou non, des petits trucs qu’on utilise pour tenter de les maintenir à distance avec plus ou moins de bonheur. Ce n’était pas une conversation super gaie; pourtant, comme on est toutes les deux capables de se moquer de nous-mêmes, on a pas mal ri – et surtout, on s’est senti moins seules. De toute cette chouette journée, c’est sans doute le moment que j’ai préféré, parce que je ne l’attendais pas et qu’il était très vrai, très sincère. Sombre et réconfortant à la fois. Un beau mélange de rose et de noir.
Et au fur et à mesure que je tente de simplifier ma vie sur le plan matériel pour la mettre en adéquation avec mes valeurs, je prends conscience que j’attache de plus en plus d’importance aux rapports humains. Oh, je ne me qualifierais toujours pas de personne sociable. Je reste très difficile dans le choix de mes fréquentations. Mais il y a aujourd’hui beaucoup plus de gens avec lesquels j’ai plaisir à discuter qu’il n’y en avait il y a seulement deux ou trois ans de ça. En déclinant, ma passion exagérée pour les objets laisse plus de place à mon intérêt pour les êtres. Je découvre avec ravissement qu’une bonne expérience partagée voit son impact positif multiplié, tandis qu’une mauvaise expérience partagée voit son impact négatif décroître. Je comprends qu’il est infiniment plus nourrissant pour l’âme d’entretenir un réseau de relations bienveillantes que de posséder des tas de choses. J’imagine que ça paraît évident à beaucoup de monde. J’aurai attendu 42 ans pour m’en rendre vraiment compte, mais mieux vaut tard que jamais.
C'est normal, 42, c'est la réponse à La Grande Question sur la vie, l'univers et le reste… (Pardon, je n'ai pas pu m'en empêcher…^^) .
A part ça, un nouveau Sempé ???? Youhou !
(Et l'autre roman, traduit de l'espagnol, c'est quoi ? J'ai souvent pioché des idées de lecture chez toi…)
Je ferai un article dessus quand je l'aurai fini 😉
Chouette !
J'ai eu mon premier tag !!! 😀 Et comme j'Adore ton blog obligé que tu en fasse partie 🙂 ( Je commenterai ton article ce soir . Gros bisous ) Si tu acceptes … :
http://calimerosexprime.canalblog.com/archives/2013/10/20/28251517.html
Je vois parfois dans l'attachement aux chose une sorte de protection, comme si l'on cherchait à se protéger de la trahison, de la perte , de la déception en ne s'attachant pas aux gens.
Pour moi les objets n'apporteront jamais de joies aussi fortes que les relations humaines mais ne causeront non plus jamais autant de peine quand ils sortent de nos vies.
A la maison c'est moi qui suis tournée vers la relation aux autres.. et à la faveur des événements de la vie , je regarde dans mon mari changer, évoluer, s'exposer en quelque sorte.
Caliméro, je te remercie d'avoir pensé à moi, mais je ne participe jamais aux tags 🙂