C’est une balade sans but véritable, juste pour s’échapper de la maison profiter du beau temps. A l’aller, magnifique succession de champs de tournesols sous un ciel sublimement nuageux. J’hésite à m’arrêter en rase campagne pour prendre des photos. Le temps que je me décide, il est trop tard. « Tu n’écoutes pas assez ton intuition première », me dit Chouchou. Il a raison. Ca ferait une bonne résolution n°1 pour un mois prochain, d’ailleurs. Garée tout au fond du parking de Balma-Gramont pourtant aux trois quarts vides à cette heure-ci, parce que pourquoi se mettre juste à côté de l’entrée du métro quand on peut se taper la traversée d’une grande étendue de bitume en plein cagnard? Les travaux sont enfin terminés rue d’Alsace-Lorraine et square Charles de Gaulle, où des jets d’eau jaillissent du sol comme sur la place Flagey à Bruxelles. Nous attendons que deux badauds se lèvent du muret en face pour grimper dessus genre « On prend des photos de la fontaine » et, discrètement, récupérer la géocache aimantée à une gouttière. Un peu plus loin, au Palais des Thés, nous achetons du Thé des Sources pour le faire infuser à froid pendant notre séjour. C’est douloureux de me promener dans ce centre-ville où j’ai des souvenirs de mon père à tous les coins de rue. Déambuler au hasard dans le piétonnier jusqu’à Esquirol. En revenant sur nos pas par un autre chemin, découvrir une rue pleine de librairies où je n’étais jamais passée. Entrer dans des magasins, ne jeter qu’un coup d’oeil indifférent aux étalages. Marcher comme un robot sans avoir envie de rien – pas super pour mon moral, mais très bon pour mon porte-monnaie. S’installer à la terrasse de chez Octave. Etre tentée par ce nouveau parfum, là, Jolie Fleur: sorbet au fromage blanc à la fraise et à la rhubarbe confites. Hésiter: abricot, pêche, melon, ananas ou caramel beurre salé seraient des choix plus sûrs. Ecouter mon intuition première et tenter le Jolie Fleur. On dirait du Petit Gervais à la fraise glacé, c’est délicieux, merci mon intuition première. La dernière fois que je suis venue ici avec mes parents, mon père n’a mangé que deux cuillères de son sorbet au citron avant de renoncer parce que le froid lui brûlait la bouche. Il n’a même pas touché aux mini-meringues que pourtant il adorait. Je savais déjà que ce serait son dernier été. Comme je ne peux décemment pas me mettre à sangloter en pleine place du Capitole, je range tout ça dans un coin de ma tête. Un petit tour à la Fnac, où je cherche deux livres dont je ne me rappelle ni le titre, ni le nom de l’auteur, ni même de quoi ils parlent. A la couverture, j’en reconnais un. Un bandeau annonce: « Si vous aimez Katherine Pancol, vous allez adorer Valérie Gans ». Je repose le bouquin comme s’il m’avait brûlé les doigts. A la place, je prends un poche sherlockien au pitch prometteur. Nous allons ensuite faire quelque courses à la parapharmacie Lafayette, installée depuis quelques mois dans de nouveaux locaux immenses. Elle en a profité pour diversifier son offre et propose maintenant, entre autres choses, de l’épicerie bio et/ou sans gluten – hourra! Je passerais des heures à regarder les huiles essentielles et la cosméto bio, mais je ne veux pas infliger ça à Chouchou. Nous prenons le chemin du retour, et nous nous arrêtons au passage chez ma soeur qui reçoit des amis. Je bois un délicieux sirop de menthe. Les enfants font de gros ploufs dans la piscine. Chouchou comate sur une chaise longue à l’ombre de l’olivier. Avec ma soeur, je n’arrive pas à parler d’autre chose que de ma mère. L’amertume de fond n’empêche pas les bonheurs du moment. Ou est-ce l’inverse?
4 réflexions sur “Cocktail estival”
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" Je repose le bouquin comme s'il m'avait brûlé les doigts. ": ahahah! certes,j'en ai lu un,c'est bon,ça m'a suffit;je déteste ce genre de littérature (oui,sans guillemets après tout,c'est un genre de littérature) mais j'ai plein de copines qui adorent…quand j'étais encore instit "remplaçante",j'ai eu sa fille Charlotte dans ma classe.KP est plutôt une femme agréable,en tout cas comme parent d'élève,elle l'était (genre bobo mais on appartient tous à une "caste").Donc quand je lis des trucs sur elle,ça me rappelle des vieux souvenirs…
Anneso
Je ne connais pas Valérie Gans, mais après avoir consulté sa bibliographie, je comprends mieux votre réaction 🙂
Armalite, tu écris merveilleusement bien. Je soupire d'admiration à chacun de tes billets (surtout les mi-figue, mi-raisin, ceux qui sont généralement si durs à exprimer mais qui coulent si bien avec ta plume).
Je me projette inévitablement au moment où je devrai traverser la même épreuve que toi, sans sœur ou frère, et j'en pleure d'avance.
Heureusement que tu as Chouchou avec toi 🙂
Le jour où tu retourneras chez Octave, essaie le duo pamplemousse rose + sorbet au chocolat noir, je ne te garantis pas l'effet sur le moral, en revanche tes papilles risquent d'être tout émoustillées 🙂
J'ai déjà goûté le pamplemousse, que j'adore. En revanche, je ne suis pas très chocolat!