Journal d’une retraite de yoga (fin)

Cher journal, 
Lundi matin, je me suis réveillée après ma première vraie nuit de sommeil depuis mon arrivée. A la fin de la méditation silencieuse, Claudia nous a proposé un exercice de visualisation dont j’avais déjà rencontré certaines parties dans un stage de Catherine. Deux éléments ne cessent de réapparaître: chaque fois que je dois découvrir un trésor ou que quelqu’un me fait un cadeau, c’est un poisson. Et chaque fois que je dois me changer en homme, là où la plupart des autres femmes butent et n’arrivent pas à se visualiser dans un corps masculin, je me change instantanément en Abraham Lincoln. Je n’ai d’attachement particulier ni envers les bêtes à écailles, ni envers les anciens présidents étazuniens. Alors, pourquoi? Tu vas rire. D’un autre exercice destiné à me fournir des éclaircissements, il est ressorti que ma mission dans la vie était d’éduquer. Qui, comment et dans quel domaine, je n’en ai toujours pas la moindre idée. Oui, je sais, j’aime pas les gens et je n’ai pas de désir particulier de leur enseigner quoi que ce soit. Tu te bidonnes? Je t’avais prévenu. Et c’est toujours mieux que de finir en larmes comme 40% de nos effectifs ce jour-là. La visualisation, ça a l’air  zarbi vu de l’extérieur, mais je t’assure que si tu te prêtes au jeu, c’est super balèze et ça fait sortir de toi des trucs très très puissants. Dont tu ne sais pas nécessairement quoi foutre, mais ceci est une autre histoire. 
Il y avait toujours autant de soleil mais beaucoup moins de vent que la veille. Pour récupérer après tant d’émotions, nous avons donc petit-déjeuné sur la terrasse et fait notre première séance de yoga dehors, dans un coin à l’abri derrière la maison. Je n’avais encore jamais pratiqué le yoga en plein air et c’était hyper agréable, d’autant que Giorgia nous avait choisi des exercices avec une imagerie en rapport avec la nature. Au passage, nous avons continué à survoler la philosophie de Desikachar; j’ai retenu les principes de base mais aucun des nombreux noms en sanskrit. Ca reste quand même intéressant, et quelque chose qu’on n’a pas souvent l’occasion de faire pendant des cours « classiques ». Le déjeuner a de nouveau eu lieu sur la terrasse au bord de la piscine, mais à l’ombre cette fois car il ne s’agissait pas de choper des coups de soleil. Comme Maria et Poppy avaient un avion à prendre, nous avons réduit à une heure la pause habituelle du début d’après-midi et repris les cours vers 14h. La « clôture du cercle », qui sert de conclusion au stage, a été l’occasion pour chacune de remercier les autres et de dire si elle avait pu atteindre ses objectifs pour le week-end. C’était très émouvant. 
Après ça, Stephen a conduit Maria et Poppy à l’aéroport. Tandis qu’Inès s’occupait de l’une ou l’autre chose dans la maison, Claudia, sa fille de 4 ans, Giorgia et moi nous sommes mises à danser comme des  folles sur l’immense tapis du salon au son de « I wanna hold your hand », « Perhaps, perhaps, perhaps » ou « Can’t take my eyes off of you ». Après l’émotion, la spontanéité et la joie s’invitaient parmi nous. Je crois que j’ai ajouté un moment parfait à ma petite liste. Il y a encore eu un jeu avec des cailloux inventé par la fille de Claudia, des conversations dans la cuisine en préparant le dîner, du français et de l’anglais qui se mélangent dans la même phrase, des histoires de grands-parents bien-aimés, des plans sur la comète pour partir tous nous installer dans le comté de Sonoma près de San Francisco, trois sortes de pâtes différentes parfumées avec un pesto maison bourré d’ail qui garantissait qu’aucun vampire ne nous attaquerait pendant la nuit, du chocolat noir à la fleur de sel dévoré en quantité variable devant la cheminée, et puis une discussion quasiment dans le noir avec Giorgia alors que tous les autres étaient montés se coucher et que nous seules traînions encore sur un des canapés du salon. Cette fille déborde de santé, d’énergie positive et d’envie de partager avec les autres; la rencontrer a été un pur bonheur (et pas juste parce qu’elle me donnait le même âge qu’elle, soit 29 ans!). On a convenu ensemble qu’à notre modeste échelle, on pouvait et on devait essayer de changer le monde. Ouais, rien que ça. Et tu sais quoi, cher journal? Après ce qui a sûrement été un des meilleurs week-end de ma vie, je me sens d’attaque pour essayer. 

5 réflexions sur “Journal d’une retraite de yoga (fin)”

  1. La visualisation m'intrigue beaucoup mais j'ai du mal. On m'a fait essayer une ou deux fois, en thérapie. Je suis incapable de lâcher prise suffisamment pour laisser des images venir, j'essaye toujours de bâtir. Mais un des exercices avait donné un résultat qui m'avait scotchée…

    Il semble avoir été très constructif et agréable, ce week-end 🙂

    Mélusine

  2. C'est si positif comme fin, ça fait vraiment envie d'essayer….mais je ne suis pas dans l'état d'esprit qu'il faut pour la visualisation je crois 🙁

  3. Comme la visualisation m'intrigue mais que je ne vois pas dans quel cadre je pourrais essayer, j'ai été me détendre 5 minutes avant de m'amener mentalement à découvrir un trésor et à me changer en homme. Je ne sais pas très bien quelle valeur ça a hors contexte mais l'expérience était sympa et et les images non dépourvues de sens, en fait ^^
    ça me donne encore plus envie d'essayer pour savoir ce que ça fait en vrai ! Je suppose que le sens de ta visualisation s'enrichit à l'écoute de ce que les autres ont visualisé…

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