Se nourrir correctement, ça veut dire quoi?

Depuis quelques mois, je ne mange presque plus de viande, je consomme essentiellement des féculents complets et je tente de n’acheter que des fruits et des légumes bios. A l’origine de ce changement, une double inquiétude pour ma santé et pour l’état de la planète. La viande – rouge en particulier – ne réussit pas à mon système digestif; je suis horrifiée par les conditions d’élevage et d’abattage des bêtes, et je sais que la production de viande est très coûteuse en termes écologiques. Je tolère également mieux les féculents bruns que leurs copains blancs (même si les pâtes complètes sont affreusement mauvaises et que du coup, il m’arrive de faire une petite entorse); quant aux fruits et aux légumes bios, je me dis que les pesticides ne sont bons ni pour l’environnement, ni pour moi. 
Mais parfois, les choix à faire ne sont pas si simples. Par exemple: l’être humain, naturellement omnivore, est censé viser la plus grande variété possible dans son alimentation. S’il est par ailleurs plutôt positif pour l’organisme, le végétarianisme peut entraîner des carences en zinc et en oméga-3. Et les gens qui décident de consommer local et de saison pour limiter leur empreinte carbone ont beaucoup moins de choix que les autres chez le primeur, surtout en hiver. Au bout d’un moment, les poireaux et les choux, ça finit par lasser. Faut-il alors privilégier sa propre santé, quitte à consommer des tomates espagnoles et des pamplemousses de Floride, ou rester fermement planté sur ses positions écolos? J’avoue ne pas savoir comment répondre à cette question. 
Et puis, même les fruits et les légumes bios ne sont pas 100% sains: ils respirent un air pollué et poussent dans un sol pollué irrigué par de l’eau polluée. Lors de l’exposition « A table! », j’avais été choquée de découvrir l’analyse d’une assiette apparemment diététique. Plusieurs dizaines de substances cancérigènes se planquaient dans la soi-disant innocente darne de saumon et son accompagnement de riz brun; il y avait même des traces d’arsenic! Il me semble que malgré la meilleure volonté du monde, il est impossible d’avoir une alimentation qui ne soit pas en partie dangereuse pour la santé, un peu comme si chaque bouchée ingurgitée contenait, en plus des nutriments nécessaires au fonctionnement de l’organisme, une petite dose de poison qui accélère parallèlement sa destruction. 
Du coup, je me suis dit qu’après avoir fait mon maximum pour améliorer la qualité de mon alimentation, j’allais maintenant m’attaquer à la quantité de nourriture que j’avale. Mon but n’est pas de perdre du poids – même si, très franchement, quelques kilos en moins ne nuiraient pas à mon esthétique générale. Mais je me dis qu’en mangeant un quart de moins, j’ingèrerai un quart de saloperies de moins. Et je suis curieuse de voir si je me sentirai mieux, plus légère, plus énergique… ou pas. En tout cas, ça me semble une bonne expérience à faire avec le retour du printemps. 

11 réflexions sur “Se nourrir correctement, ça veut dire quoi?”

  1. Les questions que tu te pose sur le bien manger je me les posent depuis un moment !
    Tu as bien résumé, tu aura beau manger bio tu mangera quand même de légumes qui ne sont pas à 100 % bio mais tu limite les dégâts enfin j'espère et je veux y croire.
    J'ai 15 ans, nous sommes à table avec mes parents, frère, soeur et là, je lance une bombe, JE NE MANGERAI PLUS DE VIANDES. Consternation de la famille, moqueries de mon frère en particulier MAIS, j'ai tenu et ça fait 27 ans que j'ai bani cet aliment et je m'en félicite quasi chaque jour. A l'époque, on ne parlait pas de l'empreinte écologique de la consommation de viande pour la planète alors maintenant que je sais, je suis doublement fière de moi. Fière de ne pas participer à un carnage écologique pour un aliment dont on peut aisément se passer ! A l'époque, j'ai arrêté après avoir entendu Brigitte Bardot parler des abattoirs. Encore aujourd'hui, je suis révoltée.
    J'ai un mari et deux enfants qui eux mangent de la viande. Par contre, je limite et fais super attention à ce que je met dans leurs assiettes. Pas d'OGM, pour les poulets je fais attention aux jours d'élevage par exemple.
    Je pense depuis qqle temps à supprimer également le poisson pour moi parce-que là aussi il y aurait à dire.
    Je me tourne de plus en plus vers les graines comme le quinoa, le boulgour. En plus, c'est délicieux ! Par contre le tofu, je n'accroche pas.
    J'ai parlé à mes enfants de l'huile de palme. Depuis, quand nous faisons les courses ensemble, mes filles regardent les étiquettes, c'est marrant et ça aussi j'en suis fière et pourtant, j'ai deux "accros" au N*****A mais je leur ai expliqué que c'est non seulement mauvais pour la santé et pour la planète aussi.
    Pour moi, c'est important de prendre conscience, de savoir qu'on nous fait bouffer de la MERDE et qu'on est peut-être pas obligé de rentrer dans le système !
    Désolée pour ce long post mais c'est un sujet qui me touche peut-être parce-que j'en ai aussi marre qu'on nous prennent pour des cons !
    Il n'y a qu'à voir le scandale de la viande de cheval et la majorité des gens pensent que c'est une première !!! connerie à mon avis, tout comme tchernobyl qui n'aurait pas atteint la France ! on y a cru en plus !!!!
    Je laisse les autres s'exprimer mais en tous cas, merci de lancer des sujets tel que celui-là sur ton blog. C'est tellement important.

  2. Ca rassure pas, même quand on essaie de faire attention, c'est pas dit qu'il n'y a pas de crasses dans l'aliment…pas réjouissant tout ça :-/

  3. ElanorLaBelle

    J'essaye de trouver un équilibre entre manger équilibré, bio et écologique, ce qui n'est pas évident je trouve. Je mange peu de viande, principalement de production locale. Parce que je ne suis pas une grande carnivore, parce que j'ai plein de principes (idiots) vis à vis de la viande. Néanmoins je maintiens mon idée que l'on peut être respectueux de notre planète tout en mangeant de la viande. En mangeant local, en réduisant les quantités ingérées.
    Du reste, au niveau du bio, mis à part les légumes locaux provenant du marché, je suis effarée par la provenance de la plupart des produits labéllisés AB, qui sont soit des mélanges, soit des produits loin d'être locaux/nationaux. Evidemment c'est le cas aussi pour les non AB, mais si souvent je privilégie le bio j'ai tendance désormais à choisir parfois du local avec peu ou pas d'additifs mais non labéllisé.
    Tout ça pour dire que manger est devenu aujourd'hui un véritable casse-tête pour peu qu'on fasse attention à ce qu'il y a dans son assiette.

  4. Et pour en rajouter une couche, il y a le livre très instructif (bien qu'à fond dans le prosélytisme) (normal, quoi) de Safran Foer : Faut-il manger les animaux ? (Eating Animals), qui – entre autres – détaille les conditions d'abattage et d'engraissage des animaux. C'était vraiment crève-cœur, et là où je pensais que ça ne pouvait pas être aussi horrible pour les poissons dont je suis friande – eh bien, si, un poisson est à peine mieux traité qu'un cochon. Le livre est vraiment intelligent, l'auteur s'est aussi rapproché des employés d'abattoir, qui expliquent ce besoin de "déshumaniser" la bête, ou du moins les rapports homme-bête. Bref, un essai plutôt complet, dur à lire, mais qui ouvre tellement les yeux. Pour ceux qui disaient à l'époque de sa sortie que ce que dit l'auteur s'applique aux États-Unis et que ça ne pouvait pas être aussi cruel, aussi capitaliste en France, eh bien, les derniers scandales montrent le contraire.

    Le livre m'a beaucoup fait réfléchir, je n'en suis pas devenue végétarienne mais c'est vrai que j'achète beaucoup moins de viande. Disons que je pense à en acheter et que finalement, j'ai la flemme, et cuisine souvent des légumes. Tant qu'il y a du riz, hein… La viande, c'est ma mère qui me l'apporte.

    Côté légumes, j'achète assez souvent des paniers de légumes bios. A la base, c'était parce que je vivais dans une ville super riche où fruits et légumes non bios étaient encore plus chers au supermarché. Depuis, j'ai déménagé dans une ville où il n'y a pas une grande diversité, donc l'habitude est restée. C'est clair que j'en ai marre des choux, navets et autres radis en hiver mais sans ça, je n'aurais pas découvert Guillaume Long, alors…

  5. Quelques réflexions d'une végétarienne qui mange bio chez elle et à l'extérieur dès que c'est possible:
    – "l'être humain, naturellement omnivore, est censé viser la plus grande variété possible dans son alimentation". Le fait que l'homme soit omnivore peut également être vu comme un avantage adaptatif plutôt que comme une nécessité. Il me semble que les inuits sont omnivores, néanmoins ils mangent moins varié au quotidien que toi et moi sans en être malade (c'est un exemple extrême évidemment).
    – "Au bout d'un moment, les poireaux et les choux, ça finit par lasser. Faut-il alors privilégier sa propre santé, quitte à consommer des tomates espagnoles". C'est vrai que manger local signifie ne plus manger de tomates (du marché) en hiver ni de poivrons (notamment). Mais sérieusement, je ne pense pas que manger des tomates espagnoles insipides soit réellement bon pour la santé (question nutriments) et vu leur absence de goût, je n'ai aucune envie d'en consommer en hiver.
    Et ne pas manger de tous les légumes pendant toute l'année n'est pas si désespérant que ça, car il y a quand même pas mal de légumes et de fruits disponibles. En tous cas assez pour ne pas être malade (pour les carences, il faut miser sur les oléagineux et les graines/légumineuses).
    Là je me réjouis de voir venir les légumes d'été (le printemps étant la vraie période de vaches maigres, plus que l'hiver). Encore une fois, manger des légumes sans goût parce que hors saison, je ne vois pas l'intérêt… mais de toute façon, faire une petite entorse à ses principes de temps en temps pour le bien de son moral n'invalide pas l'ensemble de la démarche. On fait tous des compromis dans la vie non ? 🙂 (par contre les pamplemousse de Floride, faut pas exagérer non plus ;-))

    Bref, c'est marrant car moi et mon compagnon sommes passés au "bio-local- végétarien-petits commerces de qualité" depuis 6 ans et à chaque repas (à la maison), on se régale et on ne peut s'empêcher de se féliciter de notre choix, gustativement parlant. (qui est en plus assez économique vu qu'on ne mange pas de viande ni poisson).

    Mon dilemme perso du moment serait plutôt "chaussures et sacs en cuir ou pas en cuir" ? (vu que je trouve scandaleux de manger de la viande, ben ça devrait être pareil pour les vêtements et accessoires en cuir puisque que c'est la même industrie (j'imagine), sauf que là j'ai pas encore sauté le pas…

  6. Voilà encore un bel exemple de dilemme: porter des chaussures en cuir pour lesquelles il a fallu massacrer un animal, ou des chaussures en synthétique très peu biodégradables et à la production polluante? Ce n'est pas facile d'essayer de bien faire…

  7. Je me pose aussi la question pour les chaussures. Les Vegan shoes existent, mais je ne suis pas encore convaincu.
    L'arsenic est présent de manière naturelle dans la terre, il n'y a donc rien d'étonnant à en retrouver dans son assiette (enfin, tout dépend des doses, bien sûr)
    J'ai pour ma part décider simplement d'éliminer tous les aliments industriels de mon alimentation depuis 3 ou 4 ans. Plus de biscuits, plus de plats préparés. Si j'ai envie de sablés, je les fais, du coup, ça limite les pulsions alimentaires.

  8. Oui, j'ai aussi éliminé les aliments déjà préparés à 90%. Et c'est vrai que notre nouvelle alimentation est bien plus sympa en termes de goût.

  9. Je suis végétarienne depuis 7 ans et demi. Et depuis que j'ai fait un stage avec Anna Evans, je suis presque vegan. Je dis "presque" car c'est pas facile tous les jours de manger végétalien en dehors de chez soi.

    Je suis justement en plein questionnement sur mon alimentation, que j'essaie de recadrer vers le bio. Ton ras le bol des choux et des poireaux m'a fait sourire car j'en parlais justement hier ^^ Ca va pas être facile pour moi non plus, mais je compte redoubler d'efforts. Avant-hier j'ai voulu me forcer à manger des chicons: erreur 😀 J'ai essayé de les cuisiner de manière appétissante mais rien à faire, je n'aime pas ça.

    Concernant le cuir: je l'ai banni il y a 2ans. Je fais également attention à ne pas acheter de produits contenant de la laine.

    Enfin, bravo pour ton envie de mieux consommer; et je te conseille également de lire "Faut-il manger les animaux" que j'ai trouvé très sympa.

  10. Merci pour la recette, peut-être devrais-je recommencer à porter mon attention sur l'ablation du cul 😀

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