
Nous sommes en 1921. Le professeur Modeste Picquigny a disparu en Afrique alors qu’il cherchait le Mokélé Mbêmbé, un monstre antédiluvien. Jeanne, son intrépide fille unique, s’efforce de le retrouver avec l’aide d’Eugène Love Peacock, ivrogne solitaire et néanmoins grand coureur de jupons…
Réédités en un seul volume par Casterman, « La tendresse des crocodiles » et « L’ivresse du poulpe » racontent les deux premières grandes aventures de Jeanne Picquigny à travers le vaste monde. Autour d’une héroïne au caractère bien trempé gravitent des personnages secondaires savoureux, parfois un peu cinglés, qui ne se font guère d’illusions sur la nature humaine et ont renoncé depuis belle lurette à trouver un sens à la vie. Pourtant, chacun d’eux profite de l’existence à sa manière teintée d’ironie ou de mélancolie.
Les dessins très noirs et comme gribouillés de Fred Bernard ne plairont pas à tout le monde. J’ai mis quelque temps à apprécier leur beauté peu évidente, et surtout la façon dont ils contribuent à créer une atmosphère intensément charnelle, voire teintée de mysticisme. Cela fait, je me suis laissée happer par la trajectoire hors du commun d’une héroïne profondément libre et vibrante, femme à l’esprit indomptable qui ne cesse de choisir sa vie et d’assumer ses erreurs. La suite de ses aventures est déjà dans ma PAL, et quand je l’aurai terminé, je relirai très volontiers le volume consacré à sa petite-fille Lily Love Peacock, qui m’avait charmée en 2006.




Je l'ai commandé après avoir lu ton billet, et parce que j'espérai y trouver une ambiance un peu à la Corto Maltese, que j'adore.
J'ai beaucoup aimé La tendresse des crocodiles et un peu moins L'ivresse du poulpe, sans doute parce que le premier se passe en Afrique, alors que le second est plus voyageur, ce qui laisse moins la possibilité d'installer une ambiance vraiment prenante.
Je suis d'accord sur l'idée d'un dessin très charnel, et j'ai aimé aussi l'esprit d'aventure de cette BD et de son héroïne !
Enfin, j'aime beaucoup les "glissements" temporaires des personnages qui se transforment en animaux ou en squelettes suivant leur discussion ou le contexte…
Je vais prêter mon exemplaire pour le faire découvrir et je le recommande vraiment !
Si tu as aimé celui-là, procure-toi de toute urgence la suite, "La patience du tigre", un énorme pavé avec une atmosphère d'une richesse incroyable.