« Comment j’ai arrêté de CONsommer »

J’ai déjà plusieurs fois évoqué ce livre dont la lecture a accompagné la première semaine de mon mois de « no buy ». Frédéric Mars, auteur de plusieurs romans et essais, y raconte son « année de lutte contre l’enfer marchand ». L’expérience – dans laquelle il entraîne sa compagne et leur fils de 7 ans – commence de manière assez soft, quand il décide de ne pas faire les soldes d’hiver et de soumettre tous ses achats envisagés au verdict de l’indice MBA (« Minimum de Bonheur Acheté »). Chaque objet convoité est noté selon divers critères, et s’il n’atteint pas un total d’au moins 50 points sur 100, la famille renonce à en faire l’acquisition.

Enthousiasmé par les premiers résultats, l’auteur passe à la vitesse supérieure en explorant d’autres moyens de réduire sa consommation, notamment le troc à travers les réseaux SEL. Il guette les sorties culturelles gratuites, résilie ses divers abonnements et annule ses prélèvements automatiques, rend sa carte de crédit et demande la réduction de son découvert autorisé à une banquière ahurie, cesse de fréquenter les hypermarchés pour se tourner vers les petits producteurs, et réussit même une fois à passer 16 jours sans acheter quoi que ce soit, fût-ce une baguette de pain. Il touche aux limites de son expérience lorsqu’il tente de bannir les marques de sa vie: d’abord en arrachant ou en recouvrant tous les logos présents dans son logement, puis en cessant d’en utiliser le nom. Imaginer la tête de la caissière du MacDo quand il lui demande « un soda goût caramel allégé », ou celle de son fils à qui il réclame de lui apporter « des notes repositionnables » est assez savoureux.

Mais alors qu’il s’efforce de modifier ses comportements d’achat en profondeur, il se heurte à l’incompréhension de son entourage. Si sa compagne adhère plus ou moins à ses idées, son fils est trop jeune pour en comprendre l’intérêt, et il peine à comprendre pourquoi la télé du salon tombée en panne ne va pas être remplacée immédiatement (au final, elle ne le sera pas du tout, et il s’y habituera très bien). Le pire, toutefois, ce sont les amis, dont la plupart commencent par ricaner ou se montrer sceptiques avant de finir par traiter l’auteur de radin, voire de parasite. Frédéric Mars ne le cache pas: durant cette année, il développe beaucoup de recul par rapport à la société de consommation, mais sa vie sociale en pâtit sérieusement… et au final, il se rend compte qu’à moins de devenir un vrai marginal, il est impossible d’échapper complètement à la pression ambiante à acheter toujours plus. Un récit édifiant. 

7 réflexions sur “« Comment j’ai arrêté de CONsommer »”

  1. J'imagine. En attendant, ce sera intéressant de voir de quelle manière la société va évoluer alors que nous n'aurons plus les moyens de consommer autant… Même si la vie sociale en pâti, ça pourrait être lui qui a raison (bon, jusqu'à changer le nom des logos, c'est peut-être extrémiste, mais pas idiot en soi).
    J'essaierai peut-être de trouver ce livre ! Merci Armalite 🙂

  2. Je me suis dit que j'allais tenter, vu que ma situation personnelle s'y prête bien 😉

    Et donc j'ai decidé de n'acheter que ce dont j'avais vraiment besoin, ou envie, de rationnaliser mes achats : un achat d'une fringue de mauvaise qualité sera toujours trop chère et superflue de toute façon.

    Et de refléchir soigneusement à ce que je voulais. Donc, tant que je n'ai pas trouvé de bottes noires pour cet hiver, je n'achète pas d'autres chaussures. (Ce n'est pas comme si j'étais une va-nu-pieds hein ?)

    Je préfère dépenser mon argent en voyages, expos, concerts, restos…Et tissu 😉

  3. Je le note sur ma liste des "à lire absolument". Merci de nous le faire découvrir ! 🙂

  4. ahhhh
    et bien je vais le lire et probablement l'offrir a quelques personnes 🙂
    merci pour le tuyau !

  5. Nairo: la vie sociale n'en pâtira pas si nous sommes tous contraints de déconsommer! là l'auteur est isolé dans sa tentative. mais si tout le monde.
    La Princesse: je crois qu'après fin octobre, je vais effectivement tenter de rationnaliser ma consommation… ne plus rien acheter, ça ne serait pas réaliste, mais là je me rends compte des trucs que j'utiliserais vraiment ou pas. et moi aussi, je tends à privilégier les investissements immatériels – les expériences plutôt que les objets. j'achète pas mal de petites conneries, mais je n'ai jamais investi dans une voiture, du beau mobilier, de l'équipement technologique cher…

  6. J'observe moi aussi un mois de no buy en Octobre, qui marche plutôt bien je dois dire (est ce parceque je suis au bureau jour et nuit depuis 3 semaines…peut etre!)

    Il est clair que je suis de plus en plus énervée contre cette société de surconsommation.

    Je suis par exemple à deux doigts de revendre mon portable pour deux raisons : car j'y suis totalement addict et je trouve ridicule de checker mes emails 5 fois entre le bureau et la bouche de métro ce qui ne sert totalement à rien à part si tu es Président d'un pays, mais aussi parceque les marketeux sont trop forts, et ils arrivent à nous faire acheter des choses dont on a pas besoin à des prix totalement exhorbitants ! Et être la parfaite cible de ces gens là me gonfle au plus haut point !

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