N’étant pas très fan de noir et blanc à la base, je ne crois pas que j’aurais prêté la moindre attention à ce gros volume si un libraire de chez Brüsel n’y avait pas collé un papillon « Coup de coeur ». Et je serais passé à côté d’une très belle découverte. « Les ignorants« , c’est le récit d’une expérience de vie et d’une initiation croisée. Etienne Davodeau, l’auteur, propose à son ami Richard Leroy, vigneron, de travailler bénévolement pour lui pendant un an pour s’initier aux mystères du vin et de sa fabrication. De son côté, il s’engage à faire découvrir à Richard son métier de dessinateur et le monde de l’édition.
ED: – Tu cherches donc des fûts neutres?
RL: – Mmh, c’est plus compliqué que ça. La barrique est un très bon outil de vinification. Mais il ne faut pas que son bois marque trop mon vin. Je cherche, disons, une neutralité active et bienveillante, tu vois?
ED: – Très bien. C’est comme le papier qu’on a choisi pour mes derniers bouquins en couleurs. Il est un peu ivoire. Il fausse donc mes teintes. Mais c’est ce que je veux, et je l’anticipe.
RL: – Ha ha, voilà. C’est marrant, ces analogies.
Qu’ont en commun un vigneron et un dessinateur de bande dessinée? A priori, pas grand-chose. A y regarder de plus près, l’essentiel: l’amour de l’artisanat et du travail bien fait. Richard Leroy est passionnant quand il parle de biodynamie, un concept dont j’ignorais tout jusque là. Son idée du vin, si respectueuse de la terre, m’a donné très envie de déboucher une bouteille de Clos des Rouliers. J’ai aimé suivre son travail au gré des saisons, sentir la plénitude qui se dégage de ce labeur très physique, goûter l’humanité et la chaleur du personnage. J’ai aimé aussi les belles rencontres qu’ils font, Etienne Davodeau et lui, avec d’autres vignerons ou d’autres dessinateurs également passionnés par leur métier.
Certes, j’ai un peu regretté l’absence de couleurs qui auraient rendu encore plus vibrantes ces belles images de nature, et aussi le lettrage à la main qui donne un côté brouillon à un récit par ailleurs très maîtrisé. Mais qu’importe. Il y a dans « Les ignorants » quelque chose de lent et de savoureux, une sorte d’harmonie intemporelle entre l’homme, son métier et son environnement. Une oeuvre qui se sirote à petites gorgées, comme un grand cru.
Il faut vraiment que j'arrête de te lire si je ne veux pas finir ensevelie sous tous les livres que j'aurais achetés à cause de toi.
Comment, je suis mal placée pour parler ? Allô, allô ? Ah, ça coupe, je ne t'entends plus…
On me l'a offert récemment et je l'ai adoré moi aussi ! C'est un très beau récit !
Et hop, une idée de cadeau géniale !
Merci !
Premier commentaire d'une très fidèle lectrice de ce blog, découvert il y a environ 3 mois…que je décris à mon homme comme "un blog sincère, franc, qui donne plein d'envies de lecture"…pour une fois, mes achats ont précédé la lecture de ce post, étant une fan inconditionnelle de Davodeau depuis "Lulu femme nue". J'aime les gens qui aiment…Davodeau et Armalite en sont 2 superbes exemples…
Signé Gwen, qui a acheté "l'amoire…" et "à manger et à boire" la semaine dernière…on se demande pourquoi !…;-))
Dommage que mon rythme de lecture et le budget livre ne suivent pas toujours, et surtout, mille merci à toi, Armalite, de faire naître des envies qui enrichissent !
Merci pour ces compliments Gwen, et bienvenue dans les commentaires! Tu reviendras me dire ce que tu as pensé de l'Armoire et de ABAM?
J'aime beaucoup l'expression "neutralité active et bienveillante". Ca devrait même être appliqué aux relations humaines. (Arg, c'est que c'est difficile).