A change of attitude

J’ai réussi à éliminer, ces derniers mois, pas mal des problèmes personnels qui me pourrissaient le quotidien. Il en reste encore un, et de taille. Chaque fois qu’un grain de sable vient se coincer dans l’engrenage de mes tractations avec le reste du monde, je vois rouge. Ma tension monte en flèche et je me mets à trembler d’énervement. Je commence à imaginer le scénario le plus catastrophique; j’écume de rage contre la personne qui a mal fait son boulot ou l’organisation débile du service incriminé; je me lance aussitôt dans la rédaction de mails furieux et frôle l’infarctus si je ne reçois pas une réponse tranquillisante dans la minute qui suit. Et bien entendu, je n’en dors pas la nuit d’après.
Or, des incidents de ce genre, il s’en produit en moyenne deux ou trois par semaine. Dans les quelques jours qui ont précédé mon départ pour Paris, j’ai ainsi déploré:
– Un colis en souffrance à la Poste de Monpatelin, et qui va repartir à l’expéditeur avant que je puisse aller le chercher parce que 1/la livraison est survenue légèrement en retard, donc après la fin de mon dernier séjour dans le Sud de la France 2/pour une raison inconnue, le facteur n’a pas déposé le colis en question dans ma (grande) boîte comme je l’escomptais.
– Des billets de concert que je risque de ne pas pouvoir retirer à la Fnac parce que je les ai réglés avec mon ancienne carte Visa (celle que j’ai dû faire remplacer suite à un piratage) et que le mail de confirmation stipule bien que les places seront délivrées uniquement sur présentation physique du moyen de paiement.
– Des opérations imputées à tort sur mon compte bancaire professionnel, qui ne peuvent pas être transférées sur mon compte personnel et qui vont foutre le bordel dans ma comptabilité.
– Un billet de train Toulouse-Paris dont j’ai effacé par erreur le mail de confirmation et qui, suite à un remaniement obligatoire des comptes clients sur le site de la SNCF, a disparu de mes archives
– Un achat payé avec la carte Galeries Lafayette, que j’avais demandé à régler immédiatement en une seule fois, m’a été débité en trois fois avec prélèvement de frais de crédit plutôt maousse. J’ai envoyé un mail furibard à Cofinoga, qui a accusé réception en me promettant de me répondre très vite et ne l’a bien sûr jamais fait.
Or (bis), il se trouve que même si je suis quelqu’un de très méticuleux qui ne commet JAMAIS commet rarement des bourdes dans un cadre professionnel, une erreur humaine reste toujours possible, pour un tas de raisons dont certaines sont parfaitement recevables. Et j’aurai beau écumer et vitupérer, je ne viendrai pas toute seule à bout des dysfonctionnements du service public ou des organismes privés. Donc, je me mets dans tous mes états pour rien. Pire, dans la plupart des cas, mon emportement doit se révéler contre-productif, car il me semble qu’on obtient plus facilement la résolution d’un problème en demandant gentiment (au début, tout du moins).
Par ailleurs, rétrospectivement, je me rends compte qu’environ la moitié de ces incidents possèdent une solution assez facile à mettre en oeuvre, et que la quasi-totalité de l’autre moitié se soldera, au pire, par une perte financière modeste ou un dérangement somme toute minime.
– Aussi incroyable que ça puisse paraître quand on a souvent affaire à eux, la SNCF possède un service de recherche des billets imprimables et a pu me renvoyer un lien vers le mien sous 3 jours environ.
– Mes places de concert pourront être récupérées sur présentation d’une attestation de ma banque stipulant que j’étais bien la propriétaire de la carte Visa détruite.
– Le problème de comptabilité se résume à une demi-douzaine d’écritures supplémentaires; c’est pas la mort.
– Mon paquet va repartir à l’envoyeur, certes. J’en serai quitte pour repayer 5,50€ de frais de port et l’attendre plus longtemps que prévu. C’est agaçant parce que ce n’est pas ma faute, mais il n’y a pas de quoi se mettre la rate au court-bouillon.
– Pour Cofinoga, s’ils ont décidé de faire la sourde oreille, je n’aurai pas gain de cause de toute façon. Je vais faire une croix sur les 10€ de frais de crédit qu’ils m’ont prélevés de manière abusive, résilier ma carte et ne plus jamais traiter avec eux.
Conclusion? Je dois changer d’attitude, parce que mon comportement actuel ne résoud rien et ne sert qu’à me pourrir la vie (et celle de Choucou, accessoirement). Cesser de penser que « ce genre d’incident, ça ne devrait pas arriver ». Me mettre en tête, même pas que « ce genre d’incident, ça peut arriver », mais que « ce genre d’incident, ça arrive tout le temps », histoire de ne pas partir dans un trip Caliméro à chaque fois. Faire ce que je peux pour résoudre calmement le problème, et s’il s’avère qu’il n’existe pas de solution, laisser filer au lieu de m’acharner dessus comme un chien sur un os à ronger, en rouspétant que je suis victime de l’incompétence ou du je-m’en-foutisme général de mes contemporains. Je suis sûre que ça va beaucoup m’améliorer la vie (et celle de Choucou, accessoirement).
Illustration empruntée à ce blog.

8 réflexions sur “A change of attitude”

  1. Ah qu'il est rageant d'être victime d'une erreur et d'être impuissante à la corriger!
    Eh bien figure-toi qu'une bonne partie de mon boulot se résume à ça: demander à des gens de faire des trucs; vérifier qu'ils l'ont fait (et comme il faut); demander correction; demander correction; rappeler que j'ai demandé correction. Et de temps en temps, solder un dossier compliqué dans un gros soupir de soulagement jouissif.
    (et parfois, c'est vrai, n'en pas dormir de la nuit quand même)

  2. C'est ou cela paraît en tous cas souvent compliqué de changer une réaction qui pour nous est habituelle, même si elle est nuisible. Cependant, c'est réalisable, en acceptant parfois que les changements ne se produisent pas aussi vite ou radicalement que l'on aimerait 🙂
    Si tu as réussi à gérer d'autres "problèmes personnels" comme tu le dis, il n'y a aucune raison que tu ne viennes pas à bout de celui-ci.

    Mélusine

  3. mamzellecarnetO

    idem. idem. idem !!

    je m'énerve monstrueusement pour des histoires de ce genre, en plus je n'ai pas le temps de les gérer, donc j'en garde une rage souterraine affolante.
    je ne supporte plus d'aller faire refaire un papier d'identité suite à une crise où la directrice du centre administratif me demandait de venir avec mon père pour prouver que son carnet de famille était son carnet de famille (et qui prouvait que mon père était mon père, hein ? ) CRISANT

  4. J’ai un peu le même problème. Ah, le scenario catastrophe !

    j’ai beaucoup progressé sur certains points, j’en suis très fière, et je me le dis. Sur d’autres, je pique encore régulièrement des crises. Dernière en date, ce matin, au boulot. C’est incroyable ce que je peux vite voir rouge et avoir envie de tout balancer avec pertes et fracas.

    En plus, je fais un boulot ou je dois gérer une quantité importante d’informations absolument pas fiables, et changeant parfois 3-4 fois par jour. Et comme mllecassis ou je dois dire aux gens de faire les choses, vérifier qu’ils ont fait les choses, relancer, redemander, revérifier, changer. Là aussi, je progresse. Mais pas très vite.
    Il n’y a rien de plus ingrat que de devoir nettoyer les boulettes de gens qui n’en ont rien à faire, j’en sais quelque chose…

  5. Cécile de Brest

    J'étais comme toi. Avec des accès de colère qui, en plus, me filaient la migraine. Mais bon, c'est fini depuis cet été, si tu as toujours l'adresse que je t'ai donnée sous le coude, je crois qu'une escapade bretonne s'impose ;-))

  6. Que j'aime ce blog qui me fait tant réfléchir sur moi même, qui en ai bien besoin !

    Le comportement qu'il faut que je change c'est que j'ai tendance à dramatiser les choses et à m'énerver pour pas grand chose. Ca ressemble un peu à ce que tu décris, mais dans mon cas ce sont parfois sur des petites choses du quotidien qui me font monter en flèche alors que ça n'en vaut pas la peine. Je pars au quart de tour, devient désagréable, ça énerve l'Homme qui ne comprends pas pourquoi je réagis autant… Dans ces moments, ma colère ou mon énervement me semblent justifiés, je pourrais tout balancer, et quand je me calme, peu de temps après, je m'en veux d'avoir réagi comme ça et reste irritable car je m'en veux et ne veux pas le reconnaitre. Une perte d'énergie totale, la véritable soupe au lait.
    J'essaye de corriger ça, mais ça demande un vrai travail de maitrise de soi !

Les commentaires sont fermés.

Retour en haut