Où mon ressort du shopping à outrance semble cassé

Pendant des années, je me suis dit: « Ca serait bien que tu t’arrêtes de fumer ». Mais je n’étais pas vraiment convaincue. Et puis il y a six ans tout juste, ça m’a pris brusquement. Un vendredi soir, j’ai fini mon paquet de Peter menthol, et je n’en ai jamais racheté.
Pendant la première année et demie, j’ai continué à avoir envie de fumer sporadiquement, et taxé une clope par-ci par-là. Jusqu’au jour où, juste avant un concert de Bon Jovi, je n’ai pas réussi à tirer plus de cinq taffes avant d’être écoeurée. J’ai écrasé cette cigarette à peine entamée, et depuis, je suis devenue plus anti-tabac que la plupart des gens qui n’ont jamais fumé de leur vie. La simple odeur d’une clope me dégoûte profondément.
Je crois qu’il est en train de m’arriver un peu la même chose pour le shopping, mais en accéléré. Les premiers jours de janvier, je n’ai pas pu m’empêcher de regarder les chaussures sur internet et de soupirer un peu. Pour les soldes de vêtements dans les magasins bruxellois, c’était plus facile de résister: j’ai pris tellement de poids ces dernières années que rien ne me va, et comme je compte larguer une ou deux tailles dans les mois à venir, je me disais que ce serait idiot d’investir dans des fringues qui seraient bientôt trop grandes. Peut-être que je me fourre le doigt dans l’oeil et que je ne redescendrai plus jamais au-dessous d’un bon 40, mais au minimum, ça m’empêchait d’acheter une 117ème petite robe que je ne porterais pas.
Et puis depuis quelques jours, avec l’approche des soldes françaises qui ont commencé hier matin, j’assiste à un étrange phénomène intérieur, une sorte de nausée qui s’empare de moi à la vue de tous les mails dont me bombardent les marques chez qui je suis cliente. Ecoeurée, je suis juste écoeurée par toutes ces incitations à consommer, à dépenser mes sous durement gagnés pour entasser des chiffons inutiles dans des placards déjà beaucoup trop pleins. Je me sens stupide d’avoir si longtemps cru qu’une jupe parfaitement coupée changerait ma vie, que je ne survivrais pas sans un fard à paupières vert anis, qu’une crème miracle effacerait autre chose que des euros de mon compte en banque, que la vision d’un coussin sérigraphié dissiperait tous mes soucis et que ce serait une honte intersidérale de passer à côté de ces fantastiques « affaires » qui attendaient juste d’être repérées par mon oeil de lynx.
Je ne dis pas que je vais bannir le shopping de ma vie à tout jamais. Je dis juste que l’accumulation de biens matériels à laquelle je me livre depuis 20 ans a fini, semble-t-il, par atteindre un point de rupture, par entraîner une sorte de saturation qui est à son tour en train de provoquer un rejet violent. La tête me tourne quand je pense à tout le fric que j’ai claqué en conneries au fil du temps, à tous les voyages que j’aurais pu me payer avec cet argent au lieu d’entretenir un système que j’en suis venue à mépriser.
Je n’ai pas pris de résolutions particulières cette année, juste choisi un mot pour donner le ton à 2012. Mais je crois que je suis bien partie pour me diriger vers une consommation plus mesurée et plus sélective. Des expériences plutôt que des objets. Des produits fabriqués en petite quantité par des artisans locaux plutôt qu’à des milliards d’exemplaires par des enfants payés trois centimes de l’heure à l’autre bout du monde. Des choses dont je vais réellement profiter au lieu de les ranger dans un coin et de les oublier à jamais.

16 réflexions sur “Où mon ressort du shopping à outrance semble cassé”

  1. Malheureusement, je n'en suis pas encore là, tu l'auras sans doute déjà deviné vu le contenu de mon blog. En même temps, j'achète de manière plus raisonnée : j'ai un coup de cœur, j'attends de pouvoir me le payer, et c'est tout. C'est ce qui s'est passé avec les pièces que j'ai présentées dernièrement sur le blog. Après, j'ai vu passer plein de jolies choses hier depuis le début des soldes, mais je n'ai rien acheté de plus. Légère sensation d’écœurement pour moi aussi, l'envie d'acheter autrement, pour me faire vraiment plaisir et pas juste pour entasser. Et, comme toi, je veux pouvoir voyager !

  2. Kikou, oui, ça fait un moment que j'ai pris conscience de ça aussi. Je continue à me faire plaisir, mais de manière raisonnable. Du coup, l'année dernière, j'ai pu partir en vacances et cette année aussi, je vais pouvoir amener ma petite famille en vacances ! C'est drôlement plus chouette que de s'admirer devant le miroir avec la nouvelle jupe fraichement achetée.
    Prendre soin de soi, c'est important. Mais il ne faut pas que ça empiète sur les choses essentielles. Tout doit être équilibré. 🙂

  3. Cécile de Brest

    Je n'en suis pas encore à une sensation d’écœurement mais j'achète différemment. Marre des fringues cheap achetées par dizaines, maintenant j'achète moins mais "mieux" (enfin, à mon goût). C'est un peu plus cher, mais de meilleure qualité, donc ça dure dans le temps et je m'y retrouve.
    Hier, j'ai craqué pour une jupe droite noire toute bête, une paire de cavalières noires (parce que les bottes, je crois que je ne m'en lasserai jamais), et un petit pull noisette en laine. Et ce sera tout pour les soldes cette année.

  4. Et dire que j'ai pensé à toi devant la petite robe noire sur le site d'Anthropologie ;-)…
    En réalité, j'ai été prise d'une euphorie consommatoire (une boulimie après privation) lors de mes premières années de vie professionnelle, ça coïncidait avec l'idée qu'avoir pour les premières fois exactement les vêtements que je souhaitais allait me mettre à l'aise dans la vie et me donner confiance. ça s'est calmé après 2-3 ans. Maintenant, je navigue entre le côté plaisir et ludique des soldes, de la consommation et le rejet de cette société, mais de façon plus posée. Je fais plus la part des choses, avec en fond l'idée qu'une paire de Chie Mihara = un voyage à Florence.

  5. Ness: si je dois acheter une 117ème petite robe, c'est sur le site d'Anthropologie que je regarderai d'abord ^^

  6. Moi aussi les messages de consommation m'écoeurent de plus en plus, surtout depuis que j'ai arrêté d'acheter des magasines féminins. J'ai l'impression que depuis cette "cure de désintox", mon seuil de tolérance envers les énièmes "la robe à avoir cette saison", "le IT sac" et la crème miracle a clairement baissé. Je m'achète beaucoup moins de fringues, du moins, je me satisfais des fringues que je possède à l'heure actuelle. Pareil pour le maquillage ! Pourquoi acheter un autre taupe quand j'en ai déjà 3 différents en stock ? En fait j'ai l'impression de me faire avoir…

  7. Je dis souvent en plaisantant que j'ai le PIB de l'Erythrée dans mon placard à chaussures.

    Mais depuis que j'ai du emballer, trier et déménager 10 ans d'accumulation intense…ça m'a bien calmée. J'essaie de privilégier des produits dont le mix qualité / prix / conditions de fabrication me satisfait.

    J'irai faire les fins de soldes, pour voir si je peux trouver une belle pièce que je ne pourrai pas m'offrir en temps normal.Et le reste, ça me fera des sous pour l'Islande et pour partir à Brighton.

  8. C'est une très bonne idée ça Brighton ;-). C'est la plus chouette ville de toute l'Angleterre ! Et je ne dis pas ça parce que j'y vis, non non…

  9. Je n'ai jamais autant dépensé que maintenant. Je n'avais jamais acheté de vernis ou presque, ni de Chie Mihara (et j'en suis à ma 3ème paire). L'action se déroule en 3 temps.
    1) jeune, mince et "fauchée" je m'habille chez Dod, le 36 me va à ravir, j'ai un sac hedgren.
    2) moins, grosse et cancereuse: je n'achète plus rien ou presque et quand j'achète c'est en deuxième main car je ne supporte pas ce corps que je ne reconnais pas comme le mien. Je dépense mon argent dans la médecine et dans la recherche d'un meilleur rapport à mon corps (Kiné, Dietéticienne, Soprhologue…)
    3) toujours moins jeune, cancerfree, moins grosse mais pas mince. Je réapprends à me faire plaisir, à me trouver jolie. Je m'offre des Chie Mihara en promos, j'ai un beau sac, quelques vernis Mavala, toujours la même crème de jour, je vais encore parfois dans les magasins de seconde main parce que ça m'amuse, je vais renouveler mes cachemires, ils sont usés maintenant, je vais le faire pendant les soldes, j'en aurai plus pour mon argent. J'irai aussi chez DOD pour quelques pantalons.

    Atteindre l'équilibre entre la raison et le plaisir…ce sera pour l'étape 4 🙂

  10. Il est vrai que se sentir poussée à la consommation a de quoi écoeurer. On est pourchassés de toute parts pour acheter et encore acheter. Perso, je ne suis pas trop accro à la mode ou aux fringues, mais les soldes me donnent quand même envie d'acheter, je dois me faire violence pour ne pas me ruiner. Mais cette année je tiendrai bon !

  11. En ce qui me concerne, la réflexion a commencé il y a un an et demie, après qu'une bloggeuse ait raconté son expérience "1 année sans acheter de nouveau vêtement". (Elle s'autorisait juste à s'en coudre.)
    J'ai eu l'idée de calculer ce que j'avais acheté en vêtements/chaussures sur un an, et ouvert de grands yeux : mois par mois, ça semblait très raisonnable, mais ramenée à l'année, la somme me paraissait folle. Pour 2011, je voulais la diminuer de moitié. Je n'ai pas (encore) réussi mais me suis refixé cette année des "seuils mensuels", pour l'habillement, la lecture (Sans doute un échec à venir ^^°) et les consommations extérieures, tout en surveillant les autres postes de dépenses aussi. Cela peut sembler fastidieux mais c'est à mon sens révélateur.
    D'accord, le chômage "aide" à raisonner ses achats, mais au final, l'an dernier, je n'ai pas eu l'impression de me priver tant que ça. J'ai plus réfléchi à ce que je faisais, et ce que j'ai acquis me plaît vraiment, je savoure plus la jolie petite robe d'été que je vais porter des années, le bon thé que je m'offre avec un livre neuf prêt à être ouvert sur la table : )
    Ce n'est pas pour autant que je ne suis pas heureuse d'acheter un objet qui ne semble pas indispensable, parce qu'il me plaît vraiment, mais si je le fais, c'est que je suis sûre de moi et que j'ai mûri mon geste.
    Bref, je joue moins le jeu de cette société qui veut que l'on consomme en permanence, et je le vie bien ^^

    Mélusine qui s'excuse pour le long commentaire

  12. Oh, Delphine, j'en profite, si tu as des bonnes adresses à Brighton, et des suggestions pour des choses à voir ou a faire 😉 …Je suis preneuse !

  13. Le billet et vos commentaires sont intéressants. Je me faisais justement la réflexion en ces débuts de soldes.
    Qu'ai-je acheté : des gels douches Yves Rocher car le site était à -50%, des barres Copacabana chez Lush à -50% et mon parfum à -30% chez Sephora car le mien était vide.
    Niveau vêtement, rien.
    J'ai eu une période acheteuse, quand mon corps a changé et que je pouvais rentrer dans des tenues qui m'avaient longtemps fait envie. Mais je me suis restreinte naturellement, surtout que j'ai réalisé que je tourne beaucoup avec quelques pièces fétiches que je peux marier à l'envie. Maintenant, je réfléchis longtemps avant d'acheter, je pèse le pour et le contre. Je ne fais plus d'achat compulsif. Et cela me convient bien.

  14. Cest bien de lire les coms et de comparer mon ressenti sur une problématique qui me touche particulièrement (et me prend un peu la tête,il faut le dire alors qu'il y a des sujets plus graves!).
    Je pense acheter moins et mieux,enfin de meilleure qualité(et donc plus cher en revanche!) depuis un moment mais c'est encore trop,d'autant que j'ai des problèmes de fric!
    Je me sens constamment sollicitée,surtout sur internet,une envie chasse l'autre et je n'en sors pas, même si je n'ai pas l'impression de tant accumuler, mais tout est relatif: c'est sur que comparé aux blogueuses mode qui claquent 2 SMICS par mois et mes copines pour qui un pull en acrilique Camaïeu tous les trimestres est le max de lâchage shoppingesque,jai du mal à me situer.
    Je suis coquette et j'aime l'être,ça me fait plaisir de m'offrir une paire de pompes ou un rouge à lèvres de temps en temps,quand même.
    Mais effectivement je veux me fixer des limites et être consciente que je ne serai pas plus épanouie si j'ai 3 pulls(chers) en cachemire au lieu dun seul(…oui j'en ai acheté 2 en décembre+ 1 en cadeau de Noël= 3 ,très indispensable!!! J'ai honte maintenant)

    ANNESO

  15. Avec la naissance de Camille, mes achats se sont faits plus rares et mins compulsifs qu'avant par la force des choses. Et je ne regrette pas finalement 🙂

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