Quand il faut y aller…

Rendez-vous chez mon Gentil Généraliste. J’ai rédigé une liste de questions à lui poser, pour être sûre de n’en oublier aucune. Je lui montre mes dernières analyses de sang. « J’ai un paramètre qui sort des clous, je ne sais pas si c’est grave », dis-je en m’efforçant de maîtriser une pointe d’angoisse. Il jette un coup d’oeil aux résultats. « Mais non, tout a l’air parfait. » Je me penche pour lui montrer le haut de la page 2. « Si, regardez, ma vitesse de sédimentation est trop élevée. » Bien entendu, je n’ai pas la moindre idée de ce que ça signifie. GG sourit gentiment. « Ah, ça. Ce n’est rien, vous deviez avoir une petite inflammation le jour où vous avez fait la prise de sang. » Et de m’expliquer la différence entre inflammation et infection (que je connaissais, par contre).
« Quoi d’autre? » « Ma gynéco m’a prescrit une mammographie; j’ai pris rendez-vous mais je ne sais pas si j’ai bien fait. » Son téléphone sonne. A ma grande surprise, GG décroche. Je ne prête pas spécialement attention à la conversation, mais j’entends quand même qu’il donne à son correspondant des conseils de médicaments à prescrire, puis qu’il le remercie encore pour la soirée d’hier et lui dit « Je t’embrasse » avant de raccrocher. Avec un sourire gêné et ravi à la fois, il s’excuse d’avoir pris la communication. « Mais c’était mon fils; il a soutenu sa thèse hier à Marseille. Ca y est, après dix ans d’études, il est médecin. On a bien fêté ça. » Ses yeux brillent de fierté. Il semble émerveillé par l’exploit que vient d’accomplir la chair de sa chair, au point d’en oublier presque qu’il a accompli le même en son temps… Nous repartons sur le sujet de la mammographie. Je sais, pour en avoir discuté avec lui il y a quelques années, qu’il est plutôt opposé aux contrôles systématiques avant 50 ans en l’absence de facteurs de risques avérés. Pourtant, il m’encourage à y aller. Il connaît ma phobie du cancer; du coup, j’en déduis que le traitement que je prends pour mon endométriose augmente mes « chances » de développer un cancer du sein, et qu’il ne veut pas me le dire pour ne pas me paniquer. Je ne pose pas de question. J’irai au rendez-vous que j’ai pris, et on verra bien.
« Autre chose? » « Ben, j’ai un truc coincé dans l’épaule gauche depuis septembre de l’année dernière. Ca fait mal et j’en ai un peu marre, alors comme vous êtes aussi ostéo, je me disais que vous pourriez peut-être faire quelque chose pour moi… » Il me fait enlever mon pull et m’asseoir sur la table d’examen, puis il manipule mon bras en me demandant: « Et là, ça fait mal? » La réponse est systématiquement non, jusqu’à ce qu’il appuie sur un point précis, sous l’articulation de mon épaule et à l’extérieur de mon bras. « Aïïïïïïeuuuuuh. » « Bon, ben vous avez une belle tendinite. Je vais vous prescrire 10 jours d’anti-inflammatoires et ça devrait aller. Mais vous pouvez m’expliquer pourquoi vous avez attendu 15 mois avant de m’en parler? » Euh, parce que je pars du principe que les petits bobos finissent toujours par guérir tout seuls et que les endurer forge le caractère? Apparemment, ça ne marche pas à tous les coups.
Je repars donc avec une ordonnance pour du Biprofénid, et une nouvelle rasade de Vitamine D histoire de compenser les carences induites par mon style de vie vampirique. (Bien que je sois toujours en train de me plaindre de la grisaille bruxelloise, je fuis le soleil comme si j’allais exploser en flammes à son contact. Oui, car si je devais vivre dans un roman fantastique, ça ne serait certainement pas dans un tome de « Twilight ».) Lundi après-midi, j’irai me faire aplatir les nichons comme des crêpes. Je pressens que ce sera une bien belle expérience – qui, à défaut d’autre chose, me fournira toujours un sujet de post. (C’est ce que je me dis chaque fois qu’il m’arrive des trucs moyennement riants: « Au moins, ça me fera un sujet de post ». On ne parle pas assez des vertus thérapeutiques du blogging.) Mardi, je bouclerai ma trad en cours; et mercredi, je prendrai le train pour Toulouse afin de profiter de dix jours de vacances bien mérités. …Enfin, j’ai déjà une liste de trucs à faire longue comme le bras, donc je ne garantis pas que ce sera très reposant. Mais au moins, en l’absence de cantatrice féline chez mes parents, Chouchou et moi allons pouvoir dormir. 8 heures de sommeil par nuit et une épaule qui ne fait plus mal. Rhaaaaaaaaa. Le paradis.

11 réflexions sur “Quand il faut y aller…”

  1. Aaaahh. La mammographie, petite chanceuse tu vas t'amuser comme une folle. J'y ai droit régulièrement alors je sais de quoi je parle ^^

  2. La visite chez mon généraliste a toujours un effet apaisant sur mes angoisses. Je ne sais pas si ça te fait la même chose. En tout cas, v'là une bonne chose de faite !

    Bon courage pour la mammo !

  3. J'ai depuis quelques années une généraliste en or qui compose avec mes angoisses. Parfois, je n'ai pas beaucoup de questions à lui poser (j'ai l'hypocondrie variable) et c'est elle qui insiste, elle me sonde pour savoir si par hasard je n'ai pas une angoisse tellement ancrée que je n'ose même pas lui poser de question… On dirait qu'elle s'assure que je sorte bien de son cabinet purgée de toutes mes peurs.
    Et aussi: je te souhaite déjà de tout coeur une bonne nuit 🙂

  4. Le mien m'a bien cernée : il me fait des blagues 🙂
    C'est assez difficile de trouver le bon généraliste qui nous va bien. Parce qu'une fois, je suis tombée sur un médecin qui m'a dit : "Vous seriez pas un peu hypocondriaque vous ? Dommage pour vous, ça ne se soigne pas." J'ai trouvé ça assez moyen…

  5. "Il connaît ma phobie du cancer; du coup, j'en déduis que le traitement que je prends pour mon endométriose augmente mes "chances" de développer un cancer du sein, et qu'il ne veut pas me le dire pour ne pas me paniquer. Je ne pose pas de question."

    Ne serait-ce pas possible plutôt qu'il connaisse ta phobie du cancer et tes angoisses et qu'il se dise que ça te rassurera, alors que pourquoi pas… #brightside

  6. Pareil que Fun… 🙂
    Mon oncologue est un type tête-en-l'air, qui porte des polos roses vifs, oublie ses lunettes un peu partout etc… et pourtant je n'en changerai pour rien au monde, parce que d'une part quand il fait des erreurs, il assume (et j'apprécie) mais d'autre part et ça, ça n'a pas de prix, avec lui, je ne me sens pas malade, et ça c'est génial.

  7. J'ai eu droit à un aplatissage de seins y'a quelques mois, ils ont pris la peine de choisir un moment du cycle où ils sont "souples" (je cite) pour fixer mon rendez-vous et franchement, c'était pas agréable, certes, mais pas douloureux du tout.

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