C’est toujours un peu délicat, une rencontre avec quelqu’un qu’on ne connaît que virtuellement. On a bien aimé ce qu’on a perçu de lui ou d’elle sur internet, mais la réalité sera-t-elle conforme à notre imagination? Va-ton réellement se plaire une fois face à face, ou va-t-on se creuser la tête pour trouver une excuse qui permettra d’écourter le supplice au plus vite? Parfois, le début d’une amitié potentielle est aussi flippant qu’un blind date.
J’ai découvert Nekkonezumi à l’occasion du swap d’été. Je l’ai choisie comme destinataire de mon colis parce qu’elle semblait cultivée, que son métier la faisait voyager pas mal et qu’elle était comme moi passionnée par le Japon. Et puis, comme elle habitait à Toulouse, je me disais que si on accrochait bien, on pourrait facilement se voir et faire des trucs ensemble quand je rendrais visite à mes parents.
A travers son blog et ses réponses sur le forum du swap, je m’étais formé l’image d’une fille un peu costaud, au visage carré et aux épaules larges. Elle me paraissait calme et posée – placide, disons -, confortablement installée dans son célibat et sans doute d’une nature assez contemplative.
Autant dire que j’avais tout faux.
Sachant que je suis fan d’Octave, Nekko m’avait donné rendez-vous samedi après-midi devant son propre glacier préféré: O Sorbet d’Amour. Je suis arrivée en marchant vite, craignant d’être à la bourre après avoir passé un peu trop de temps coincée dans la file des caisses de la parapharmacie Lafayette. J’ai balayé la ruelle du regard. Ah, voilà le pantalon rouge dont Nekko m’avait parlé au téléphone. A vue de nez, c’est du 36. Au-dessus, une veste H&M grise à faux brandebourgs que je connais bien puisque je traîne la même depuis deux étés et ai failli la mettre aujourd’hui. Et encore au-dessus, un petit visage triangulaire piqueté de taches de rousseur. Y’a pas à dire, j’ai limite un don de voyance, il faut vraiment que je joue au Loto.
Un petit pot pastèque-madeleine (effectivement délicieux!) à la main, j’ai suivi Nekko dans un tour de ses magasins préférés. Rosalie était en travaux, et il ne restait pas une seule paire de chaussures dans toute la boutique fermée de surcroît – ouf! Un peu plus loin, j’ai quand même craqué pour un collier d’inspiration mexicaine: tête de mort en turquoise couronnée de fleurs rouge pétant. « C’est l’oeuvre d’une créatrice toulousaine », m’a dit la vendeuse. Je ne romps pas mon voeu de frugalité, je soutiens l’artisanat local – nuance. Nous avons encore été fureter chez Méric avant de nous poser la question du dîner. Nekko avait dans sa manche un bon japonais, un resto de poisson ou un bistrot qui fait des super burgers. Avec une pensée pour Funambuline, j’ai opté pour la troisième solution.
En chemin, nous avons longé les Galeries Lafayette, et comme il était encore tôt, Nekko a voulu entrer pour passer au stand Bobbi Brown afin de s’acheter un de leurs fameux anti-cernes. Elle a été prise en mains par une charmante demoiselle prénommée Sarah, qui l’a fait asseoir sur un tabouret pour essayer différentes teintes sur elle. Contrairement à certaines des vendeuses de Sephora, dont le maquillage donne envie de s’enfuir en courant, Sarah avait le teint très joliment fait et les yeux juste soulignés de khôl. Déjà, elle n’avait pas mauvais goût, c’était rassurant. Et puis elle a pris son temps, expliquant bien le mode d’emploi et l’intérêt de son produit sans jamais pousser à l’achat. Du coup, une fois Nekko parée, j’ai pris sa place sur le tabouret face à Sarah. Je n’ai jamais porté d’anti-cernes de ma vie parce que jusqu’ici, je n’en avais pas besoin. Là, je commence à griser sous les yeux façon zombie, et je me disais que ce serait peut-être une bonne idée de profiter des compétences de Sarah pour me filer un petit coup d’éclat.
Au total, nous avons bien dû passer vingt minutes sur ce stand, et c’était un chouette moment de féminité partagée. Délestées chacune de 31€ (la dézombification a un prix), nous nous sommes dirigées vers le Bistrot d’Austerlitz. Nous avons d’abord bu un verre en terrasse avant de rentrer nous attabler avec nos burgers. Choix réduit et pas d’une originalité foudroyante, mais une des meilleures viandes que j’aie jamais mangées entre deux tranches de pain: épaisse, cuite pile comme j’avais demandé, et vraiment savoureuse. L’association avec le bleu d’Auvergne et la sauce au roquefort m’a arraché un grognement de bonheur. Quant aux frites, elles n’étaient pas croustillantes et sèches, mais un peu molles juste comme j’aime. Miam. Pour un burger pareil, je veux bien payer 15€. Le flan au caramel (écrit « flanc » sur la carte; j’ai hésité entre gloussement amusé et gémissement de désespoir) que j’ai partagé avec Nekko en dessert était fort bon aussi. Vin plus quelconque, mais pas mauvais.
Et au fil de ce repas, je me suis rendu compte à quel point j’étais à côté de la plaque concernant Nekko, qui s’est révélée plutôt volubile, énergique et en proie à certaines interrogations concernant ses rapports avec la gent masculine. Mais sur l’essentiel, je ne m’étais pas trompée: c’est bien une fille intéressante et rigolote, qui a des tas de choses à raconter. Nous nous reverrons sûrement en octobre lors de mon prochain passage à Toulouse.
J'ai l'impression d'avoir été une petite souris à vous suivre tout au long de votre rencontre.
(et Nekko carrée calme et posée, lol)
Je suis très douée pour le faux zen, c'est tout :-).
Merci pour la rencontre, les sourires, les conseils en lecture, la compagnie dans les magasins… le prétexte à retourner burgeriser (miam) (et ma fesse chausse plus large que 36 d'ailleurs). Et la perspective d'un autre moment ensemble me réjouit carrément !
Une belle rencontre donc… ^_^
Cet article est très sympa. Tout en finesse pour que ce moment reste le vôtre, mais tout en nous permettant de vous suivre.
Quelle super journée. Et c'est toujours un plaisir de venir s'attarder dans les commentaires, ne serait ce que pour lire un "et ma fesse chausse plus large que 36 d'ailleurs" rigolo :-p
Moi aussi je veux une discussion mecs autour d'un burger. Snif.