Des études ont prouvé que nous possédons tous un niveau de bonheur pré-réglé de façon interne. Notre capacité à être heureux ou non est une caractéristique innée qui, étonnamment, ne varie que peu en fonction des circonstances auxquelles nous sommes confrontés. Ainsi, le pourcentage de gens qui se disent « heureux » ou « très heureux » est sensiblement le même chez les riches et chez les pauvres, chez les couples ou chez les célibataires, etc. Les mêmes études ont démontré qu’il était assez difficile de modifier notre capacité au bonheur à la hausse, et que le succès rencontré restait dans tous les cas limité.
Début 2010, cela n’a pas empêché Gretchen Rubin (une écrivaine américaine qui, de son propre aveu, passait le plus clair de son temps à râler sur son entourage et à tenir une sorte de comptabilité interne de ce que lui devaient ses proches) de se lancer dans ce qu’elle a appelé son « Happiness Project » afin d’augmenter son niveau général de satisfaction. Fidèle à sa nature pragmatique et organisée, elle a adopté une approche systémique que je trouve assez intéressante. Chaque mois, elle s’attaquerait à un domaine important de sa vie, adopterait plusieurs mesures concrètes pour l’améliorer et rendrait au fur à mesure compte de ses résultats et de ses observations dans un blog dédié.
Par exemple, pour commencer l’année d’un bon pied, elle a choisi de consacrer le mois de janvier à augmenter son niveau général d’énergie. Résolutions prises pour atteindre ce but: se coucher plus tôt chaque soir; faire davantage d’exercice; trier et organiser le contenu de ses placards; se débarrasser une fois pour toutes des corvées qui traînaient sur sa liste de choses à faire depuis des mois ou des années. En février, elle s’est attaquée à son mariage dans lequel elle souhaitait développer plus d’harmonie. Pour ça, elle a décidé de: ne plus harceler son cher et tendre pour qu’il fasse les choses au moment où elle le voulait, de la façon qu’elle le voulait; ne plus s’attendre à ce qu’il la complimente ou manifeste de l’approbation pour les choses qu’elle faisait; ne plus employer de coups bas durant leurs disputes; ne plus l’utiliser comme le déversoir de sa mauvaise humeur; lui donner souvent des preuves concrètes d’amour.
Les mois suivants ont été successivement consacrés à son travail, à ses enfants, à ses loisirs, à ses amis, à l’argent… Tenir ses résolutions n’a pas toujours été facile, mais la plupart du temps, elle s’est aperçue qu’un changement d’attitude la rendait réellement plus heureuse – et améliorait beaucoup l’atmosphère dans son foyer. Elle a également constaté que son idée du bonheur n’était pas forcément celle de tout le monde et que la meilleure chose qu’elle pouvait faire pour augmenter sa satisfaction générale, c’était juste d' »Etre Gretchen », c’est-à-dire, de ne pas se comparer aux autres, de ne pas faire ce qu’elle pensait être censée faire mais bien ce qui correspondait à ses propres inclinaisons – par exemple, lire des romans jeunesse dont elle raffole plutôt qu’assister à des conférences sur l’économie qui la barbent.
Non seulement l’expérience a été enrichissante à titre personnel, mais elle a trouvé un écho si important auprès des lecteurs de son blog que Gretchen Rubin a bientôt créé tout un site internet autour de son Happiness Project pour aider d’autres gens à développer le leur. Puis un éditeur lui a proposé d’en tirer un mémoire, que je viens juste de finir. Par une drôle de coïncidence, je termine presque au même moment un roman de Rachel Kadish intitulé « Tolstoy Lied » (« Une certaine idée du bonheur » en VF) dont l’héroïne, professeur dans une université américaine, s’intéresse justement à la sous-représentation du bonheur en littérature et au mépris qu’il semble inspirer aux écrivains. Je vous livre ce court extrait de la toute dernière page qui a trouvé un écho particulier chez moi: « People misunderstand happiness. They think it’s the absence of trouble. That’s not happiness, that’s luck. Happiness is the ability to live well alongside trouble ». (« Les gens se méprennent sur le bonheur. Ils croient que c’est l’absence de problèmes. Ce n’est pas du bonheur, c’est de la chance. Le bonheur, c’est la capacité à vivre bien en dépit des problèmes. ») C’est aussi ce que j’ai conclu récemment.
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Tes lectures me font souvent envie… Je viens de recevoir The Particular Sadness of Lemon Cake, suis en train de lire Undead and Unwed, et là je vais donc retourner sur Amazon pour entamer ma prochaine commande… merci! 😉
Ce genre de lecture m'intéresserait, mais pour plus tard. (J'en ai feuilleté un sur des petites choses pour être (plus) heureux il y a quelques jours qui s'est ouvert à la suggestion "Participez à un chantier archéologique"…)
Ma liste de livre "à acheter ou au moins jeter un long coup d'oeil un de ces jours" ne cesse de s'allonger ^^°
Mélusine
Mélusine: un point pour l'ironie du sort :S Et je suis désolée de contribuer à ta future ruine ^^
J'ai regardé rapidement le site internet (je suis censée travailler tout de même entre 9h et 18h ;-)). ça a l'air super. Seul bémol, je ne suis pas fluent en anglais donc la lecture n'est pas aussi agréable et facile que je le voudrais.
Editeur préféré ne souhaiterait pas éditer ce livre en VF (on fait d'une pierre deux coups, je suis plus heureuse gràce aux enseignements du livre et toi plus riche) ;-))
Le bouquin va être commencé dès aujourd'hui (merci Kindle) et la citation est mon statut facebook du jour
lequel des deux? la citation est extraite du roman, pas du mémoire (je me rends compte en me relisant que ça n'est pas forcément clair).
Merci pour la citation, elle vient de mettre en mots ce que je reproche à mes BP depuis des années sans arriver à le formuler clairement.
Pour ma part, j'ai fait mienne depuis longtemps la citation de Talleyrand : "quand je me considère, je me désole. Quand je me compare, je me console".