« The slap »

Ces dernière semaines, pratiquement tous les magazines francophones ont consacré un article dithyrambique au roman « La gifle » de Christos Tsolkias. J’ai donc fini par le commander en VO (un peu par snobisme, beaucoup parce qu’il était disponible en poche et donc trois fois moins cher qu’en VF). Et puis malgré son épaisseur, je l’ai lu très vite et refermé sans savoir vraiment si je l’avais apprécié ou non.
Un jour, pendant un barbecue qui réunit la famille et les amis d’un couple mixte dans la banlieue d’une grande ville australienne, un homme gifle un enfant qui a passé les dernières heures à enchaîner d’insupportables caprices. Cet enfant n’est pas le sien. Son geste va déclencher une réaction en chaîne qui scindera le groupe en deux et révèlera les aspects les moins glorieux du caractère de chacun.
La première chose qui m’a frappée dans « The Slap« , c’est le racisme assumé de chacun des personnages, pourtant d’origines ethniques très diverses: grecque, aborigène, indienne, anglo-saxonne… Ils vivent dans une société que je n’imaginais pas si mélangée, au sein de laquelle les conflits raciaux ne semblent pas une préoccupation majeure, et pourtant, tous n’ont que mépris ou condescendance vis-à-vis des autres cultures que la leur. J’ose espérer qu’il s’agit là d’un parti pris littéraire et pas d’une expression de la réalité.
Mais par-delà leur racisme, ceux des personnages qui sont examinés à la loupe durant un chapitre dédié se révèlent tous antipathiques chacun à leur façon: violents, égoïstes, lâches, incapables d’aimer vraiment. Leur psychologie est extrêmement bien étudiée et crédible en tous points, mais assez désespérante. Voilà donc ce que penserait un échantillon lambda de gens ordinaires dans le secret de leur coeur – y compris les bien-pensants qui s’indignent qu’un adulte puisse lever la main sur un enfant? « The slap » est un roman maîtrisé, bien écrit et intéressant. Mais ce n’est définitivement pas un « feel-good book ».

3 réflexions sur “« The slap »”

  1. Pour avoir vécu en Australie presque un an, le racisme est hélas une réalité (surtout dans les campagnes), nous étions un groupe d'amis avec parmi nous une antillaise, elle s'en souvient encore des propos australiens.

    Après n'ayant pas lu ce livre, je ne peux pas te dire que c'est exactement comme ça que le racisme s'exprime là-bas.

  2. Sur le thème de la (vaine tentative de résolution de la)violence parmi les gens "civilisés", j'ai été bluffée par la pièce "Le Dieu du Carnage" de Yasmina Reza. Psychologie finement étudiée et enchaînement implacable.

    Résumé du MAD:
    "Dans un décor de salon chic et cossu, les Houillé reçoivent les Reille pour discuter, en adultes responsables et bien élevés, de la bagarre qui a impliqué leurs fils respectifs : Bruno, 11 ans, s’est fait tabasser par Ferdinand, même âge, et y a perdu deux dents. Dans une ambiance cordiale, les deux couples remplissent le constat d’assurance. Mais, à l’image de la faille qui traverse la peinture abstraite en toile de fond, la politesse de façade va vite se fissurer. Et la rencontre de finir dans une guerre ouverte, finalement plus sauvage qu’une querelle de cour de récréation."
    http://blogs.lesoir.be/madness/2008/11/15/petit-massacre-au-salon/

  3. Je viens de terminer la gifle. J'ai vraiment aimé ce roman. Je l'ai trouvé cru juste ce qu'il faut dans le style et j'ai aimé l'idée de lire une fresque de la société (australienne) d'aujourd'hui, je trouve le roman super ancré dans notre époque. Je me dis que ça devrait être "drôle" de le relire dans 20 ans !
    J'ai aussi apprécié la structure du livre avec cette histoire qui se continue mais via un personnage différent à chaque chapitre.
    Bref, je le conseille !

    Bises

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