Mode d’emploi d’une journée réussie

Annuler le rendez-vous prévu pour 13h parce que, vraiment, on ne le sentait pas.
A la place, aller déjeuner avec Sophie au Vespa Café. Convenir que les hommes sont quand même bien bêtes de mesurer leur utilité dans le couple à des choses matérielles comme leur salaire ou leur capacité à faire des trucs « d’homme », alors que ce qu’on attend d’eux, c’est de la présence et des attentions. Se désespérer du nombre de bouquins dans lequel sévit un crabe, et songer que ce serait bien d’instaurer un label « Cancer-Free » à apposer sous forme d’étiquette autocollante sur les ouvrages concernés. Passer comme toujours un très bon moment.
A la Poste De Brouckère, payer ses envois européens en liquide et recevoir parmi la monnaie une pièce de 20 cents slovène qui fera le bonheur de Père. Remercier le monsieur du guichet avec un grand sourire.
Chez Brüsel, acheter « La Grande Lulusion » (une bédé recommandée par Gren), « Des Souris et Des Mômes », roman jeunesse de Juliette Nothomb (oui, la soeur de…), le tome 1 du manga « A lollipop or a bullet », et puis deux petits choses pour offrir – chuuut!
Chez Nicolas, décliner la proposition du monsieur à moustache blanche venu pour une grosse commande et qui offre gentiment de céder son tour. « Non, merci, j’ai le temps. » L’approuver: oui, ne pas être pressé, c’est un luxe bien appréciable. Puis choisir avec l’employé un vin rouge susceptible de se marier harmonieusement avec la fondue prévue pour samedi soir.
Chez H&M, trouver un petit pull rose pâle à manches gigot qui ira bien avec ma jupe de secrétaire grise Claudie Pierlot, ainsi qu’un cardigan à troutrous fuchsia qui se mariera à la perfection avec ma robe à étoiles bleu marine également de chez Claudie Pierlot. Près des caisses, hésiter devant un top rose poudré à volants, joliment ceinturé de noir; avoir la flemme de remonter à l’étage pour l’essayer et le reposer sagement sur son portant. Mais au dernier moment, embarquer un parapluie jetable bleu avec des hirondelles roses et blanches, parce que le parapluie jetable, c’est l’article qu’on perd le plus souvent, bien davantage que les stylos ou les briquets, et que ne pas avoir de parapluie jetable dans son sac quand on habite Bruxelles, c’est toujours une mauvaise idée.
Hésiter à aller boire un thé chez « Les gens que j’aime ». Avoir la flemme de rebrousser chemin. Aller attendre le bus et s’en remettre au destin: si c’est le 38 qui arrive le premier, rentrer à la maison et se préparer un thé là-bas; si c’est le 71, descendre chaussée d’Ixelles et aller boire un thé au Comptoir Florian. Sourire en voyant le 71 se profiler au bout de la rue.
Au Comptoir Florian, savourer un Li Zi Xiang, thé de Chine bleu-vert semi-fermenté, en lisant le dernier numéro de ELLE et en se demandant si on n’essaierait pas le Blanc de Crème Erborian (alors qu’on a détesté la BB Crème encensée par toutes les autres blogueuses). A la caisse, avoir envie d’une des jolies boîtes métalliques de l’enseigne, et renoncer à l’acheter parce qu’ils n’acceptent pas la carte Visa, ni la Bancontact. « Ici, on ne prend que le vrai argent », rigole la vendeuse.
En rentrant chez soi, trouver dans sa boîte à lettres quatre cartes Postcrossing, dont une représentant un adorable bébé hippopotame. Couiner: « Ooooh, un mini Georges-Arthur! ». Se dire qu’on est timbrée. En être vaguement fière.

9 réflexions sur “Mode d’emploi d’une journée réussie”

  1. Une journée parfaite qui fait oublier les journées moins parfaites… Ça fait du bien !

  2. J'aimerais bien pouvoir trainer tranquillement au Comptoir Florian un autre jour qu'un samedi moi…Le jour ou c'est bondé dès 15h 🙁

  3. Ca fait partie des avantages du statut de free-lance (que j'échangerais bien contre des congés payés ou une couverture sociale décente…)

  4. Nuit d'insomnies angoissées… Ce texte me fait beaucoup de bien ce matin : rêver retrouver très vite un travail pour s'offrir ces petits plaisirs si doux ! Merci !

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