Shamrock: The Burlesque Show

Pour une fois qu’une soirée burlesque avait lieu à Bruxelles un samedi soir dans un lieu non-fumeur, je ne voulais pas rater ça. Chouchou n’a pas été trop difficile à convaincre (mmmh, végéter devant l’ordinateur ou regarder des fifilles se déshabiller en live, quel choix difficile…), et malgré quelques réserves concernant l’organisation de la soirée, Miss Sunalee et La Princesse ont accepté de nous rejoindre sur place avec leurs amoureux respectifs.
Bonne surprise: le Slick, qui vient juste d’ouvrir sous le mythique pub irlandais le Shamrock, à deux pas des halles Saint-Géry, est une salle agréable, spacieuse avec beaucoup de sièges et une vraie scène munie d’un rideau. Les filles ne sont pas obligées d’évoluer dans un coin en se prenant les pieds dans les câbles et en se cognant les genoux aux baffles, et on peut les voir correctement d’où qu’on se trouve.
En revanche, Miss Sunalee et La Princesse avaient raison de se méfier de l’organisation. 15€ l’entrée et même pas une conso offerte, je trouve ça un peu abusé. Commencer le spectacle avec une heure de retard, aussi, même si le temps paraît beaucoup moins long quand on papote entre copines. Mais les deux choses qui m’ont vraiment agacée, ce sont les problèmes de sono qui ont obligé une des filles à interrompre son numéro au milieu, et surtout l’attitude hyper cavalière de Laurence B. qui au lieu de s’excuser platement nous a dit (en gros) que c’était une première et qu’on avait déjà beaucoup de chance d’y assister. Pas respectueux du tout, ni pour les artistes ni pour le public.

Passons à un petit aperçu des numéros…

Bunny Warren entre en scène la première avec un craquant costume de lapinou. Malheureusement, c’est bien la seule chose craquante chez elle. Elle bouge avec la grâce d’un piquet de bois (on reconnaît immédiatement les filles qui ont une formation de danseuse et celles qui n’en ont pas!), a la poitrine refaite et affiche une expression figée à mi-chemin entre ennui et sourire forcé. On dirait qu’elle n’a pas vraiment envie d’être là. Next!

Marlene von Steenvag vient d’Allemagne. Elle entre sur scène et prend la pose dans un costume à la Loïe Fuller. Accroupie, elle tend ses bâtons au-dessus de sa tête et s’enveloppe de ses voiles. Mais au lieu de la musique douce qui est censée accompagner son numéro, c’est la cavalcade de Carmen qui retentit environ 17 fois dans les haut-parleurs. Au bout d’un moment, elle capitule et retourne en coulisses. Elle revient un peu plus tard, quand le problème semble réglé et que la stéréo diffuse le bon morceau… Hélas, au milieu de son numéro, quand elle a ôté sa robe pour révéler un très beau corset et que les choses sérieuses vont commencer, la cavalcade de Carmen se superpose à sa musique! Ce serait très amusant si c’était fait exprès. Là, je me mets à sa place et je suis assez consternée. Elle sort de scène sans injurier l’organisateur, ce que je trouve extrêmement gracieux de sa part.

C’est au tour de Minnie Valentine. Ravissante en bikini rouge et blanc couvert de ballons en forme de coeur, elle s’approche du micro pour interpréter « It’s oh so quiet », tout en ponctuant les couplets de clins d’oeil coquins et en faisant éclater ses ballons l’un après l’autre avec une grande plume rouge. Un numéro charmant.

Christian Jazz et Lady Day viennent ensuite exécuter un numéro de claquettes qui me donne des fourmis dans les jambes. Ils sont très au point et prennent un plaisir manifeste à danser ensemble.

Marlene revient vêtue d’une robe assez somptueuse. Tout dans ses attitudes, ses costumes et le réglage au millimètre de ses numéros dénote la professionnelle bien rodée. Elle déguste un verre de vin avec des mines gourmandes, se déshabille en tournoyant (en voilà une qui n’a pas boudé les cours de classique!) puis, une fois quasiment nue, s’empare d’une grappe de raisin dont elle croque quelques grains avant de presser le reste pour en faire couler le jus sur son visage et sa gorge. C’est impeccablement réglé, il n’y a rien à dire sinon que je regrette de ne pas avoir vu la fin de son précédent numéro.

Minnie réapparaît vêtue d’un costume oriental rouge et or façon Mata Hari dont les piécettes tintent à chacun de ses mouvements. Elle descend de la scène et va se placer dans l’espace dégagé devant un grand miroir. Là, sur un morceau lancinant de Massive Attack, elle entame une danse d’une sensualité torride, jouant avec ses voiles, ondulant des hanches, serpentant des bras et se déplaçant souplement sur ses pieds nus. C’est sans contestation possible le meilleur numéro de la soirée, et déjà très au point alors qu’elle l’exécute en public pour la première fois. Tout le public est fasciné et suspendu à ses moindres gestes. Chouchou s’est carrément jeté à plat ventre par terre pour tenter de la prendre en photo alors que l’éclairage ne s’y prête pas du tout. Je ne peux pas lui en vouloir, Minnie est absolument incandescente.

Par contraste, la pauvre Bunny me paraît encore plus cloche quand elle revient pour son second passage. Elle n’a pas appris à bouger depuis le début de la soirée, et elle répète grosso modo les mêmes mouvements que dans son premier numéro; seul le costume change vraiment. Elle finit en bikini à paillettes argentées, secouant une bouteille de champagne (ou plus probablement de mousseux: faut pas gâcher) qu’elle fait gicler sur tout son corps avant de le lécher. Pas subtil et même carrément vulgaire.

Christian Jazz et Lady Day concluent le spectacle par une autre danse de couple rétro dont je serais bien en peine d’identifier le style. Une fois de plus, je suis frappée par leur complicité et par la bonne humeur qui se dégage d’eux. Leur large sourire n’est ni faux ni figé, comme beaucoup de sourires de scène. Dommage que leurs costumes soient un peu ternes…

Le show se termine vers minuit et demie. Certains spectateurs se mettent à danser, mais nous sommes fatigués et prenons le chemin du retour après avoir félicité Minnie (et l’avoir fait poser avec Régis, of course!). Malgré les problèmes d’organisation, j’ai passé une chouette soirée.

3 réflexions sur “Shamrock: The Burlesque Show”

  1. Je partage vraiment ton avis sur la soirée. Et les soirées de cet organisateur, on ne m'y reprendra plus…Cavalier, et sans respect pour le public, ni les artistes. Une première ? Et mon fessier, c'est du poulet ?

    La soirée qu'il avait "organisée" au mois d'octobre avait les mêmes défauts, mais la salle au moins, était plus jolie et bien mieux éclairée.

    Heureusement qu'il y avait la tres belle prestation de Minnie Valentine…

  2. Vous êtes trop chous les filles.
    Merci à vous.
    Je vous embrasse et vous dit à bientôt.

    Minnie Valentine

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