« The book of unholy mischief »

Pour me faire acheter un roman dont je n’ai même jamais entendu parler, il suffit de prononcer la formule magique « livre maudit », si possible accompagnée de précisions telles que: « contient un secret qui excite la convoitise de gens mal intentionnés » ou « laisse derrière lui un sillage de mort et de destruction ». A ce stade, j’ai la bave aux lèvres et je trépigne pour filer ma carte bleue au libraire.

Voilà comment le premier roman d’Elle Newmark a atterri sur ma table de chevet. Situé dans la Venise du XVème siècle, il raconte l’histoire de Luciano, un jeune orphelin qui peine à vivre d’expédients. La tache de naissance sur son front lui vaut d’être recueilli par le chef cuisinier du palais des Doges. Mais à travers les recettes qui lui permettent de manipuler l’humeur des puissants, c’est un héritage bien vaste et bien dangereux que maître Ferrero se propose de transmettre à son protégé…

« The Book of Unholy Mischief«  fait partie de ces romans qui ne sont pas des chef-d’oeuvre et dont on ne peut pourtant s’empêcher de tourner les pages pour connaître la suite. Le style de l’auteur est parfois laborieux; on la sent très appliquée notamment dans ses descriptions. C’est lorsqu’il s’agit de nourriture qu’elle semble le plus à l’aise, parvenant avec aisance à recréer l’atmosphère d’une cuisine de palais et dissertant avec brio sur les vertus de tel ou tel aliment. Le personnage de Ferrero, de loin le plus complexe, est directement inspiré de son père, et toute l’histoire semble construite pour le mettre en valeur.

J’aurais aimé que l’accent soit davantage mis sur les luttes politiques déclenchées par le fameux livre, tout en admettant que ça n’aurait pas été logique puisque le narrateur est un gamin des rues inculte qui n’a pas accès aux arcanes du pouvoir. Pourtant l’idée de base, que certains pourraient considérer comme tirée par les cheveux, m’a parue très intéressante. Je serais curieuse de voir ce qu’elle aurait pu donner sous la plume d’un Iain Pears. En l’état, « The book of unholy mischief » a quand même fort bien réussi à me tenir en haleine jusqu’à une fin tragique à souhait.

Sur le thème du livre maudit, je vous conseille également:
« Le nom de la rose » d’Umberto Eco (ou regardez le film si ce n’est pas déjà fait, il est plus digeste et magistralement interprété)
« L’ombre du vent » de Carlos Ruiz Zafon, un des meilleurs bouquins que j’ai lus ces dernières années, voire dans ma vie
« La règle de quatre » de Ian Caldwell et Dustin Thomason

8 réflexions sur “« The book of unholy mischief »”

  1. Dans le registre du "livre maudit", tu as aussi "The book of Air and Shadows" de Michael Gruber, qui te plairait peut être et que j'ai devoré pendant un long trajet. Je ne sais pas s'il a été traduit, par contre.

  2. C'est vrai que s'il faut le lire en anglais ça va me poser un gros problème ^^
    Merci pour le tuyau, je regarderai ça!

  3. C'etait surtout pour tes autres lecteurs que ça aurait pu aussi tenter, mais qui ne lisent pas l'anglais ;p !

  4. Si j'ai adoré Le nom de la Rose et l'Ombre du vent, j'ai eu du mal avec les deux autres que tu cites.
    "Train de nuit pour Lisbonne" est également un bon roman qui reprend le thème du livre mystérieux même s'il n'est pas aussi bon, loin de là, que l'Ombre du vent.

  5. "La sombra del viento" m'a beaucoup plu au départ, puis je me suis enlisée, petit à petit et je n'ai jamais réussi à le terminer…

    Un week-end où je n'étais pas chez moi j'ai ouvert "l'ombre du vent" en me disant que j'allais donc le terminer en français… quelle ne fût pas ma stupeur de découvrir que la lourdeur qui m'avait fait abandonner la VO s'était évanouie dans la traduction.

    Je ne sais pas si un traducteur a "le droit" de changer ainsi le style et le rythme d'un auteur, mais je remercie celui-là (celle-là ?) de l'avoir fait…

    Et hors anecdote, merci pour ce conseil, je n'ai jamais entendu parler de ce roman, il vient de s'ajouter à ma liste A ACHETER ABSOLUMENT ET VITE.

    Dernier point : as-tu déjà lu du Laurie Notaro ? Son anglais me déstabilise, pas au niveau de la compréhension, mais je n'arrive pas à saisir/définir/décrire son style…

  6. Funambuline: théoriquement, le traducteur doit respecter le style de l'auteur, mais… parfois, en accord avec les directives de l'éditeur, sa priorité est de rendre le bouquin agréable à lire dans la langue d'arrivée. C'est ce que je fais systématiquement (sachant que je ne bosse pas sur du Shakespeare non plus, si c'eétait le cas je ne me permettrais pas tant de libertés).
    Quant à Laurie Notaro, non, je ne connais pas.

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