« Les déferlantes »

Comme l’héroïne de « Seule Venise », celle des « Déferlantes » a subi un énorme chagrin d’amour dont elle ne parvient pas à se remettre, et pour soigner sa peine, elle est partie en laissant derrière elle tout ce qui lui rappelait trop l’être aimé et perdu. Depuis, cette femme dont nous ne connaîtrons jamais le nom vit à La Hague, minuscule village situé à la pointe du Cotentin où elle observe les oiseaux pour un centre ornithologique. Elle y est entourée d’êtres rudes et taiseux, façonnés par la proximité de la Manche dont les humeurs et les emportements dominent la vie. Lili qui tient le bar où les pêcheurs se retrouvent le soir et qui ne pardonne pas à son père d’avoir aimé une autre femme que sa mère. Théo, l’ancien gardien de phare qui vit entouré d’une horde de chats. Nan qui, après chaque tempête, descend sur la grève chercher les morts que la mer lui a pris quand elle était encore enfant. Raphaël, le sculpteur qui s’acharne à retranscrire la douleur du monde; sa soeur Morgane si belle et si pleine de vie avec qui il entretient une relation ambiguë. Max qui apprend les mots dans le dictionnaire et retape un rafiot en rêvant d’attraper, un jour, un requin-taupe. Monsieur Anselme, vieillard délicat obsédé par Prévert dont il fut l’ami avant sa mort. Un jour, un homme arrive à La Hague. Il semble bien connaître l’endroit et, d’ailleurs, va fleurir des tombes dans le cimetière local. Il est venu chercher une explication à un drame survenu quarante ans plus tôt, une explication que personne ne peut ou ne veut lui fournir. Malgré elle, la narratrice va se laisser entraîner dans sa quête…

J’ai retrouvé dans ce roman tout ce qui m’avait séduite dans « Seule Venise »: les phrases courtes et sans fioritures, le romantisme âpre de l’atmosphère, les personnages secondaires intrigants, la lenteur extrême de l’histoire, le charme insidieux qui se distille au fil des pages. Certes, j’ai trouvé que l’héroïne mettait bien longtemps à comprendre qu’un et un ne faisaient pas nécessairement deux, mais qu’importe? « Les déferlantes » n’est pas un roman policier. C’est une oeuvre puissamment évocatrice de la douleur, de la solitude, des secrets jalousement gardés et de toute la gamme des passions humaines. Je suis déjà en train de chercher par quel autre livre je vais poursuivre ma découverte de l’univers de Claudie Gallay dont la sensibilité frémissante me touche tant.

Ce roman a obtenu le Grand Prix des Lectrices de Elle en 2009.

3 réflexions sur “« Les déferlantes »”

  1. Cécile de Brest

    Tu me donnes envie de découvrir cette romancière.
    Depuis quelques mois, je suis presque systématiquement déçue par les bouquins que je lis. Immense frustration à chaque fois !

  2. Alors je ne peux par garantir que le style te plaira car il est tout de même un peu particulier et je concevrai qu'on y soit réfractaire.
    Mais si j'ai un conseil à te donner, c'est de commencer par "Seule Venise", d'abord parce qu'il est sorti en poche et représentera un investissement moindre pour un test, ensuite parce que je trouve que "Les Déferlantes", écrit après, explore plus en profondeur les thèmes traités dans SV.

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