Drôle de soirée

Au printemps 2004, Sophie a fait partie de mes premiers contacts dans la blogosphère. Plus jeune que moi mais chaussant aussi du 35, belge, blonde et complètement azimutée, elle écrivait à l’époque des billets hilarants dont ses lecteurs ne pouvaient déplorer que l’extrême irrégularité. Elle fut l’une des participantes de cette soirée d’anthologie dont elle s’éclipsa la première. J’eus par la suite l’occasion de passer une journée à Mons avec elle et Klopo, un autre OVNI de la blogosphère. Pour autant que je m’en souvienne, la conversation fut assez surréaliste.

Puis Sophie se lança dans des projets d’envergure: achat et rénovation d’un appartement à Bruxelles, plaquage de son boulot et reprise d’études de photo… Nous devions aller manger des crêpes ensemble « un de ces 4 », et puis les mois, les années ont passé. Et ce soir, Sophie rompt son silence radio. Elle vient d’être opérée d’un cancer de la thyroïde. Le pronostic est excellent; pourtant cet après-midi, elle a passé une demi-heure à sangloter dans sa douche. J’ai longtemps fixé l’écran de mon portable en cherchant ce que je pourrais bien lui écrire. Pas question de passer sans commenter son post, non, mais que dire à quelqu’un dont la vie vient d’être bouleversée par cette saloperie de maladie et qui, pourcentages de guérison nonobstant, a juste une trouille viscérale? Avec mes crises de panique de l’an dernier, j’étais sans doute mal placée pour composer un message bienveillant et optimiste. Alors j’ai juste essayé de compatir.

Pendant ce temps, le mode de lecture aléatoire de l’iTunes de Chouchou décidait de me balancer LA chanson qui me fait le plus penser à l’Homme, et ce, alors que nous venons ces derniers jours d’échanger nos premiers mails civils depuis plusieurs années. Des mails civils mais qui se terminaient plutôt abruptement: d’habitude, je conclus ceux que j’envoie à mes amis par un affectueux « bisous »; là, je ne savais pas quoi mettre, alors je n’ai rien mis. Ca me fait toujours bizarre de penser que quelqu’un avec qui j’ai vécu si longtemps est désormais un parfait étranger pour moi… et qu’en même temps, je le connais par coeur. De ce point de vue, j’envie pas mal Soeur Cadette et toutes celles qui se sont casées avec leur premier grand amour. Ca doit être reposant de ne pas s’être fait amputer à chaque rupture d’un morceau de leur vie et de leur histoire qui se baladeront désormais sans elles, loin de leurs yeux…

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