Je hais la nature.
J’ignore d’où me vient cette aversion. Peut-être des promenades en forêt que mes parents nous imposaient le dimanche après-midi quand Soeur Cadette et moi étions petites. J’aurais voulu rester tranquillement au chaud, vautrée sur le canapé familial avec un bouquin; au lieu de quoi, il fallait chausser de vilaines bottes en caoutchouc pour aller patauger dans la gadoue, la gadoue, la gadoue et se frayer un chemin à travers les ronces dans le seul but de « prendre l’air ». Je n’ai pourtant jamais eu l’impression de manquer d’oxygène en restant à l’intérieur.
Même chose durant les vacances scolaires qui se déroulaient invariablement à la campagne, chez mes grands-parents maternels. J’étais toujours contente de voir mes cousines et de fouiller parmi les vieux bouquins poussiéreux de mon grand-père. Lire tout Dumas la nuit, planquée sous l’édredon, en m’usant les yeux à la lumière d’une lampe-torche pour ne pas me faire repérer par mes parents, m’excitait terriblement. Dans la journée, en revanche, je ne pouvais pas me poser dans un coin sans que quelqu’un vienne m’en chasser avec un: « Bon Dieu, mais va jouer dehors! ».
Dehors, il y avait de la gadoue (encore), des vaches qui m’effrayaient vaguement et plein de bêêêêtes qui grouillaient dans l’herbe ou bourdonnaient dans l’air, n’attendant qu’une occasion de m’agresser sauvagement. Un jour, un énorme taon s’est posé sur ma main, et je suis restée paralysée de terreur plusieurs minutes, le temps qu’il décide d’aller voir ailleurs. Chaque fois que j’apercevais une abeille, je m’imaginais en train de mourir dans d’atroces souffrances après avoir été piquée à la gorge. Ne parlons pas de mes cuisants souvenirs de chutes de vélo dans les orties – que ma grand-mère tentait, à l’occasion, de me faire ingurgiter en soupe. Ni du traumatisme qui m’a été infligé la fois où un de mes oncles a égorgé un coq devant moi.
Je sais depuis longtemps que la nature est hostile aux rats de bibliothèque et aux accros du shopping. Comment pourrais-je désirer le moindre contact avec un milieu où il est impossible de circuler en talons de 9 et où la première librairie se trouve à des kilomètres? S’il y a bien quelqu’un que le concept de « maison à la campagne » n’a jamais fait fantasmer, c’est moi. Idem d’ailleurs pour ses variantes la « villa au bord de mer » et le « chalet à la montagne ». A la mer, on crève de chaud, c’est klaffi de touristes, on se fout du sable partout, il y a plein d’eau où je n’ai pas pied et dont je ne vois pas le fond, on se bourre de glaces et on revient déprimée avec deux kilos en plus. A la montagne, on crève de froid, on doit se déguiser en bidendum Michelin pour survivre et ce n’est pas pratique pour quelqu’on qui fait pipi tous les quarts d’heure, le sol est pentu et il y a plein de neige qui m’a coûté l’intégrité de deux ménisques la seule et unique fois où j’ai tenté de skier dessus, on se bourre de raclette et de tartiflette et on revient déprimée avec cinq kilos en plus. Je laisse volontiers ma place. Partez sans moi, je vous retarderais, je vais me sacrifier et rester en ville avec tous les méchants temples de la consommation.
Nous devrions être à Washington du 10 au 14 septembre et Chicago du 27 septembre au 1er octobre. ça te dit ?
(je ne te dis pas ce qu'il y aura entre le 14 et le 27)
Concernant l'hostilité de la nature pour les talons de 9, je crois qu'il n'y a pas grand chose à dire ! En revanche pour les bouquins je ne suis pas d'accord… je trouve ça très agréable l'idée de faire des réservces de bouquins de temps à autres, qu'on ramène au fin fond de la campagne comme des objets précieux et prometteurs de belles échappées. Ce côté moins accessible, moins facile, renforce le plaisir chez moi !
Autre Moi: dans l'absolu, oui ça m'aurait dit, mais
1/ à cette période, je suis censée être au Texas en visite chez ma soeur
2/ vu l'état de mes finances, le voyage au Texas a déjà de grandes chances d'être annulé
3/ entre le 14 et le 27, je suppose que vous avez prévu plein de nature hostile aux talons de 9
Je suis définitivement bipolaire concernant la nature. Par moment, j'en ai grand besoin et apprécie de la regarder. Pas d'y vivre ou de m'y promener non, vraiment regarder. Je pose mes fesses (pas dans l'herbe à cause des bêtes qui grouillent de partout) et je regarde. Comme je vis à côté d'une réserve naturelle, j'ai parfois de jolie surprise. C'est bizarre de se retrouver nez à nez avec une biche, ou d'avoir un oiseau qu'on a jamais vu se poser juste à côté. Mais je remarque que je fais la même chose en milieu urbain. Je me pose à une terrasse et je regarde. Certes, je ne croise pas de biche, mais la faune est tout aussi réjouissante pour mes yeux.
Bref, j'aime les deux, mais quand je veux être tranquille, c'est chez moi que je suis le mieux. Et mon chez moi, ben il pourrait se retrouver n'importe où finalement. Ce que je veux c'est mon canapé, le calme, une bonne tasse de thé, ma couette et un bon livre.
J'ai parfois le bête fantasme de l'autarcie sans contraintes… Une maison en bois en pleine nature avec éolienne et énergie solaire à gogo, internet pour mes achats et les contacts (of course)… et des livres absolument partout. Pour les livres, je me suis bien débrouillée. En ce qui concerne l'autarcie, je crois qu'au bout d'un moment : le cinéma, la médiathèque, les musées… me manqueraient.
C'est étrange cette aversion à la nature. Ca me rappelle ce contact difficile que tu exprimes avoir avec les enfants…
Je ne comprends pas bien comment on peut être grognon à ce point contre ce dont on vient (l'enfance) et ce dont on fait partie (la nature).
J'avais un pote quand j'étais gamin qui lisait des piles de bouquins perché dans un arbre, à la campagne, pendant ses vacances…
J'aime que tout soit sous contrôle. Les enfants comme la nature sont beaucoup trop imprévisibles pour moi.
(Et par rapport à l'enfance, la mienne a été une période de souffrance et d'ennui profond où je n'étais pas maîtresse de ma vie: beurk, beurk, beurk.)
Je m'insurge ! Moi l'adepte des 10-12 cm ai également sous mes boîtes une bonne paire de kickers et une bonne paire de pataugas très efficaces pour marcher en forêt… On m'appelle d'ailleurs souvent la rock&roll petzouille, tout dépent de la paire de chaussures que j'ai aux pieds 😀
Excuse rejetée donc 😉 Mais les autres sont personnelles, je n'ai donc rien à y redire…
Bon séjour 😉 Pas en forêt, hein !
Moi, c'est seulement quand je mets des talons hauts que je ne contrôle plus rien ^_^
Chris
Citadine et heureuse de l'être, et pourtant rien ne me fait plus de bien que "du vert" ou des arbres. Alors quelle chance de vivre à Bruxelles et d'être en forêt en un peu plus de 10 minutes ! Et que ce soit en forêt ou à la campagne, il y a tant de choses à voir, à découvrir, à sentir… Non, décidément, je ne pourrais me passer ni de la ville, ni de la nature. Ni de mes bouquins !
Les deux premeir sparagraphes sont des copiés-collés de mon enfance… on habitait à Paris donc TOUS les week-ends à la campagne et promenades pour "respirer" ; quand j'ai fait remarquer que si je ne respirais à Paris je serais morte, j'ai pris une claque
j'aime bien la mer en revanche ; il suffit de choisir une plage dont le parking est à plus de 5 mn et on est tranquille