Bain et jogging, même combat

12 minutes et demie, c’est le temps approximatif que je viens de passer dans le bain pour lequel j’avais sacrifié la consommation d’eau hebdomadaire d’un village éthiopien. Ce n’est sûrement pas la culpabilité qui m’a empêchée de l’apprécier: j’avais traduit d’arrache-pied, et quasiment sans interruption, de 11h à 19h, et je m’apprêtais à me taper une soirée relecture. Non, c’est juste que je ne sais pas rester sans rien faire.

Ici, j’ouvre une parenthèse. Il ne faut surtout pas confondre « ne rien faire » et « glander ». Pour la seconde activité, je présente des dispositions olympiques. S’il existait une discipline « perte de temps sur internet », la France afficherait une médaille d’or supplémentaire à son palmarès. Je suis capable de passer toute une journée de congé (ou pire, une journée où je suis censée bosser) à récolter des broccoli sur Farmville ou à faire s’accoupler des tigres blancs dans Zoo World. Des soirées entières qui auraient pu être consacrées au dessin ou à l’écriture s’envolent tandis que je bave devant la nouvelle collection de Chie Mihara sur Spartoo, Sarenza ou le Bazar Parisien.

Mais ne rien faire, vraiment, je ne peux pas. Même si je n’ai pas une énergie débordante, jouant plutôt dans la catégorie des patates de canapé, abandonner mon cerveau à l’oisiveté m’est insupportable. C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne pratique aucun sport: les activités de cardio qui me seraient les plus bénéfiques me font mourir d’ennui. Quand je cours sur un tapis, j’ai l’impression que mes neurones se suicident par millions à chaque minute écoulée. Je n’écoute pas non plus beaucoup de musique: ça m’empêche de me concentrer sur autre chose tout en ne m’occupant pas assez en soi. Au yoga, pendant les exercices de respiration pure, il me faut moins d’une demi-minute pour commencer à m’impatienter: bon alors, quand est-ce qu’on fait quelque chose? Mais le pire de tout, c’est le soir dans mon lit, quand je ne parviens pas à trouver le sommeil et que mon cerveau, faute d’autre grain à moudre, se met à ressasser et à amplifier mes idées noires.

Curieusement, la seule activité non-intellectuelle sur laquelle je parviens à concentrer toute mon attention, c’est manger. Certains se goinfrent de sucreries pour combler un manque affectif; je me bourre de pâtes et de pizza pour ne pas penser. Et je m’étonne d’avoir accumulé 15 kilos en trop…

6 réflexions sur “Bain et jogging, même combat”

  1. Et donc tu ne connais pas le sublime plaisir de prendre un bain en se perdant dans un roman ??? Je crois que c'est une de mes activités préférées EVER.

  2. Je trouve la position inconfortable, et j'ai peur de mouiller le bouquin… Non franchement ça ne me dit rien.

  3. Les tests de Gridou

    "Quand je cours sur un tapis, j'ai l'impression que mes neurones se suicident par millions à chaque minute écoulée."
    :DDDDDDDDDDDDDDDDD

  4. Bon, il faut un coussin de bain pour que ce soit confortable, et au bout de 2 ou 3 accidents, la technique pour NE PAS mouiller le livre est au point.
    Parfois je ressors limite bleue et ridée de partout tellement je ne pouvais pas sortir de mon livre… et donc de mon bain !

    Et sinon, pour le paradoxe entre flemme et impossibilité de ne rien faire, un ami avait l'habitude de m'expliquer à quel point pour être une vraie flemme il fallait être organisé… pour être sûr de TOUT avoir à portée de main, sinon c'est plutôt du je-m'en-fout-isme. Et si on ajoute à ça le gêne de la procrastination… on comprends pourquoi mes ongles sont vernis mais mon administration au point mort depuis plusieurs semaines…

  5. Funambuline: mais l'eau refroidit viiite en plus! Et puis je suis trop petite, mes pieds ne touchent pas le bout de la baignoire alors impossible de me stabiliser.
    Sinon je confirme: je suis une flemmasse méga-organisée et inventive, tout pour économiser des efforts!

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