« GiG »

De James Lovegrove, j’avais adoré « Days« , roman d’anticipation dont l’action se déroulait dans un grand magasin cauchemardesque. « Royaume-Désuni« , en revanche, m’était tombé des mains vers la page 100. Mais lorsque Mélanie Fazi, qui était alors en train de le traduire, m’a parlé de « GiG » pendant le dernier Salon du Livre, j’ai su tout de suite que j’allais le lire et, probablement, l’adorer.

Parfois, je suis d’une clairvoyance stupéfiante.

Or donc, « Gig » est un roman un peu particulier puisqu’il se compose en réalité de deux novellas, disons, symétriques. L’une a pour héros Mik Dyer, chanteur d’un groupe de rock auquel ses fans vouent un véritable culte, et l’autre met en scène Kim Reid, une fan de Mik qui se sent investie d’une mission très particulière. Toutes deux se déroulent durant la journée précédant le concert de God Dog dans la ville d’origine de ses membres, et si chacune se suffit à elle-même, il faut attendre d’avoir lu les deux pour comprendre l’intrigue dans sa globalité.

Une des particularités de ce livre, c’est qu’il est conçu de manière à ne donner aucune indication au lecteur sur l’ordre dans lequel les novellas doivent être découvertes: les deux côtés de la couverture comportent chacun toutes les indications d’une première ET d’une quatrième de couv’, de sorte qu’il n’y a pas de « début » et pas de « fin » officiels. Moi, j’ai commencé par l’histoire de Kim et je trouve que c’est plus intéressant dans ce sens, mais il semble que les lecteurs qui ont choisi la démarche inverse tiennent exactement les mêmes propos.

L’autre particularité de « Gig », c’est qu’il est construit, depuis les titres de ses chapitres jusqu’au nom de tous les personnages et lieux importants, sur une quantité phénoménale d’anacycliques: c’est-à-dire, de mots ou de phrases qu’on peut lire aussi bien à l’envers qu’à l’endroit. Loin d’être une simple coquetterie d’écriture, ces anacycliques renforcent la dualité des héros et de leurs parcours. C’est un exercice délicat dont James Lovegrove aussi bien que sa traductrice se tirent avec une virtuosité remarquable.

Pour le reste, je ne vais pas vous dévoiler l’histoire, mais faites-moi confiance: c’est de la bombe. Les amateurs de musique, en particulier, devraient adorer la satire réussie du milieu des fans et l’atmosphère fervente qui se dégage de la scène de concert finale.

5 réflexions sur “« GiG »”

  1. Pareil que Cécile de Brest. Je ne découvre qu'à cette heure-ci ton billet, je le regrette infiniment car ici en Suisse Romande les librairies ferment à 19.00….très peu de chance pour moi de dégoter ce livre avant demain. Je me réjouis d'avance.

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