De la séduction

Certaines de mes amies, et amies d’amies, se sont récemment montrées plus ou moins dénudées sur leur blog. Les photos étaient très jolies, de bon goût, et on n’y voyait pas leur visage. Pourtant, même si j’étais aussi bien foutue qu’elles, il ne me viendrait pas à l’esprit de les imiter. Pas par pudeur, un sentiment qui m’est passablement étranger. Simplement parce que (et c’est un peu un choc pour moi de m’en rendre compte) j’ai cessé depuis un petit moment de jouer la carte de la séduction dans mes rapports avec les autres.
La faute en incombe sans doute partiellement au traitement hormonal qui flingue ma libido depuis deux ans et demi. Mais je sais qu’il n’y a pas que ça. La séduction, c’est l’arme que j’utilisais pour me valoriser quand j’avais l’impression de ne pas avoir grand-chose d’autre à offrir, de ne pas être assez aimable au sens étymologique du mot pour susciter un intérêt – et à plus forte raison un intérêt durable. Sur le coup, je prenais ça pour un plaisir narcissique, ce qui me semblait très sain; en vieillissant, j’ai réalisé que ça n’était qu’un piège et que je donnais de moi une image fâcheusement tronquée, voire carrément faussée. Le fait d’être en couple durable m’a sûrement bien calmée aussi: je sais que mon amoureux me trouve désirable, et cela suffit à ma vanité.

Les autres gens que je rencontre, je ne cherche plus à les charmer. J’essaie d’être moi-même, de montrer que j’ai de l’humour, de la culture et de la compassion. Si mes plaisanteries ne font pas rire mon interlocuteur, si nous n’avons pas de références communes, si ma bienveillance lui paraît mièvre, il n’est de toute façon pas utile que nous développions une relation. Et mon ego se passe très bien de la certitude que si je voulais, je serais capable de lui donner une érection. Dans les bons jours, j’aime y voir une forme de sagesse. Dans les mauvais jours, je songe avec une pointe de nostalgie que flirter avec des gens sans avoir nécessairement l’intention d’aller plus loin était tout de même bien agréable.

NB: Il va sans dire que tout ce qui précède ne concerne que moi, et que je ne présume absolument pas des motivations personnelles des amies ou amies d’amies évoquées en début d’article ^^

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