No man is an island

Il y a dans l’univers que je me suis créé des choses qui me sont entièrement propres. Ma passion immodérée pour les livres, par exemple – je ne risque pas de l’avoir héritée de mes parents dont les seules lectures étaient, pour Père, « Cinquante histoires de chasse et de pêche » et pour Mère, les bouquins à l’eau de rose de Barbara Taylor Bradford. Personne de ma famille n’a jamais manifesté les moindres dispositions artistiques, et aucun de mes proches ne m’a servi d’inspiration pour me mettre à écrire ou à faire du scrapbooking. De la même façon, mon rejet de la maternité est un sentiment très personnel (et bien souvent incompris), développé si tôt que je ne me souviens pas d’une époque où je me sois envisagée, plus tard, avec des enfants. Du côté des goûts, mon intérêt pour la culture japonaise et mon amour des voyages viennent de moi et de moi seule, même s’ils me poussent à fréquenter des gens qui les partagent.
Mais pour chacun de ces traits, disons, « innés », combien d’autres ai-je acquis au contact de mes proches? Sans ma camarade de classe Sylvie J. dont la mère m’avait emmenée voir le spectacle de fin d’année, jamais je n’aurais eu envie de faire de la danse; je n’aurais pas passé vingt ans de ma vie à prendre alternativement des cours de classique, de modern jazz, de rock et de samba. Sans ma copine MJ, je n’aurais peut-être jamais connu les jeux de rôles – et n’aurais donc pas possédé les connaissances qui m’ont permis de devenir traductrice. Sans Legolas, Marillion-période-Fish ne serait pas entré dans ma vie et devenu mon Groupe Préféré De Tous Les Temps. Sans la Bande des Six, je n’aurais pas forcément découvert la musique goth; des morceaux de Sisters of Mercy ou Fields of the Nephilim sortis il y a deux décennies ne feraient pas partie des morceaux les plus écoutés de ma bibliothèque iTunes.

Sans Le Breton, je détesterais toujours les chats au lieu de partager ma vie avec les Laurel & Hardy félins – deux vieilles minettes névrosées de 13 et 14 ans qui me rendent chèvre et dont je suis absolument dingue. Sans Philou, je ne me serais pas mise à boire de thé… et à adorer ça au point d’en consommer facilement 2 litres par jour. Sans Etre Exquis, mon envie de pratiquer le tir à l’arme de poing ne se serait sans doute jamais concrétisée. Sans L’Homme-Ce-Fourbe, je n’aurais certainement pas passé mon brevet élémentaire de plongée sous-marine alors que j’ai une peur bleue de l’eau, et JC serait toujours en train de se lamenter parce que je ne bois pas de vin quand il m’emmène dans des restaurants sublimes. Sans les VIP, San Francisco ne figurerait pas en deuxième position dans la liste des endroits où je rêve de vivre quelque temps. Et si je n’avais pas connu, aimé et perdu Brigitte, je ne me débattrais pas en ce moment avec des attaques de panique qui me forcent à prendre des médicaments abrutissants.

Même les blogs et les rencontres (virtuelles ou IRL) que j’ai faites grâce à eux ont modelé et enrichi ma vie. Sans MBDF, mes efforts makeupesques n’iraient toujours pas au-delà du trio fond de teint-mascara-rouge à lèvres les soirs de gala; Sephora et les parapharmacies de Monpatelin seraient un peu moins riches et moi beaucoup plus, mais je ressemblerais encore à un troll à lunettes. Sans Antonia, je n’aurais jamais mis les pieds au Maroc et eu le coup de foudre pour ce pays; ma conception des voyages – et des rapports humains – ne serait pas en train de s’élargir aussi spectaculairement. Enfin et surtout, sans Chouchou, je penserais toujours que je suis inapte à la vie de couple et que l’Amour Toujours, ce n’est pas pour moi; je continuerais à démarrer au quart de tour et à ne pas tellement me soucier de l’impact de mes propos sur autrui; je n’aurais pas constaté que « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage »; je serais un peu moins tolérante et ouverte d’esprit (même si je concède que j’ai encore beaucoup de chemin à faire dans ces deux domaines).

« No man is an island », disait déjà John Donne au début du XVIIème siècle. Quatre cents ans plus tard, aucune femme n’est une île non plus. Même pas moi.

5 réflexions sur “No man is an island”

  1. Je suis touchée de figurer dans cette liste. Du fond du coeur, merci.

    Je crois que tu aurais adoré l'Inde. Il y avait du rose à profusion.

    Et alors, Bali ou le Cambodge ? Je pense qu'il y aura aussi l'Île Maurice et l'Inde à nouveau.
    antonia

  2. Bali ET le Cambodge! Si tu organises un voyage en Indonésie en 2011, j'imagine que le Cambodge n'aura pas disparu d'ici 2012 🙂 Et j'avoue que l'Inde me tente aussi.

    Pour le reste, j'ai vraiment appris beaucoup à ton contact pendant cette semaine au Maroc. Artistiquement bien sûr, mais aussi et surtout humainement. Jamais je n'aurais pensé que ces 7 petits jours puissent m'enrichir autant. D'ailleurs, j'en étais très contente ^^

  3. Miss Sunalee

    C'est intéressant comme exercice, je ne l'ai jamais fait… et je ne suis pas sûre d'y arriver.

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