Winter in my mind

Je n’ai pas envie d’attaquer ma pile de photos en attente. Des mois déjà que mon intérêt pour le scrap s’étiole. J’ai le sentiment d’en avoir fait le tour, de n’avoir plus aucune inspiration. Créer des albums devient une obligation plus qu’un plaisir, et tout ça pour quoi? Une fois finis, les entasser sur une étagère où ils prendront la poussière sans que jamais personne ne les regarde?

Plus le temps passe, plus les objets pèsent sur mon âme. Ils charment mes yeux quelques instants puis ne font que m’encombrer pendant des années, le temps que je surmonte ma culpabilité et me décide à m’en débarrasser. Avec internet, l’archivage de mes souvenirs se virtualise de plus en plus, et je trouve ça très bien. Partager mes humeurs, mes expériences, mes photos à travers mes différents blogs est beaucoup plus enrichissant que de les matérialiser pour les ranger dans un coin.

La phobie de la maladie qui me tourmente depuis des mois, cette impression constante d’être en sursis me pousse à revoir tout mon mode de vie en profondeur. Je prends conscience que la majeure partie de mes activités s’inscrivent dans une logique de continuité, se basent sur le postulat que j’aurai un avenir pour en récolter les fruits. Du coup, dans mes périodes noires, rien de ce que je fais n’a plus de sens sinon les plaisirs immédiats. Serrer les gens que j’aime dans mes bras. Dévorer une entrecôte saignante. M’absorber dans un bon roman. Rire devant un épisode de « How I met your mother ».

Je suis en pleine période de transition, et je ne sais pas dans quelle mesure c’est dû aux médicaments que je prends pour tenir mes attaques de panique à distance. Depuis bientôt deux semaines, je me traîne lamentablement. Oui, je suis fatiguée et si je m’écoutais, je dormirais 20 heures par jour. Mais mon manque d’énergie est mental autant que physique. Certains jours, j’arrive à me motiver pour bosser, parce qu’il le faut bien – et d’autres non. Le reste du temps, je ne fais : rien, ou presque. Juste le minimum de tâches domestiques pour que l’appartement ne se transforme pas en porcherie et qu’aucun de ses occupants ne meure de faim.

Je ne joue pas à Guitar Hero; je repose le bouquin que j’essaie de lire au bout de quelques pages; la musique m’agresse et je ne me sens pas capable de passer deux heures à regarder un film en DVD; je n’ai pas envie de faire des essais de maquillage, rien à dire sur ce blog et aucune inspiration pour dessiner. Je mange par nécessité et sans plaisir. Aller me promener n’est pas une option vu qu’on se croirait début novembre à Bruxelles. Faire du shopping ne réussirait qu’à me déprimer davantage (d’autant que je viens de recevoir coup sur coup deux nouvelles qui mettent salement à mal mon budget des prochains mois).

En fait, je compte les jours jusqu’à notre départ pour Toulouse tout en nourrissant une appréhension inexplicable mais tenace que ces vacances se passent mal et que j’en revienne complètement démolie. Que je me sente de plus en plus étrangère à la vie de mes parents, que savoir désormais Soeur Cadette à douze heures d’avion renforce mon impression d’être seule au monde. Que ma grand-mère dont la santé décline rapidement ces derniers temps finisse par lâcher la rampe. Que le brouillard qui m’enveloppe m’empêche de connecter avec qui que ce soit de peur d’en souffrir par la suite.

6 réflexions sur “Winter in my mind”

  1. je me sens impuissante face à mon PC ce soir… j'ai essayé de t'écrire plusieurs messages ces derniers temps que j'ai à chaque fois effacé… je n'arrive pas trop à m'exprimer mais je voulais juste te dire que, même si je ne te connais pas/peu, je me sens concernée par ce qui se passe en ce moment dans ta tête!

    J'ai récemment été surprise de voir à quel point, moi, qui me sentais plutôt forte et très équilibrée, pouvait être tombée bien bas au niveau moral/mental.. peut-être ton analyse t'apportera-t-elle des réponses ? je te le souhaite en tout cas de tout coeur!!

  2. Ce que tu dis face à la maladie me parle beaucoup…
    Pour moi aussi les objets deviennent pesants… peut être parce que j'ai besoin aujourd'hui d'authenticité… besoin de retrouver l'essentiel pour ne pas me laisser dévorer et me perdre.
    Alors je sors les sacs poubelle comme pour alléger le trop plein de vide d'inutile avec l'intention profonde de me remplir d'autre chose. Remplir ma vie de choses plus profondes et nourrissantes… et de trouver ce qui me permerttra de rester debout.
    A 40 ans et avec cette fichue ataxie cérébelleuse je suis décidée à vivre autrement et je sens que je fais (le sourire aux lèvres) le bon choix.
    Ca faisait longtemps que je ne t'avais laissé un petit mot; autant qu'il soit profond de sens 😉

  3. C'est une dépression que tu décris là.
    Il faudrait un changement radical dans tes habitudes.
    Un dépaysement.
    Un éloignement.
    N'importe quoi qui puisse faire catharsis.
    Presque brutal.

  4. Cécile de Brest

    Je ne sais pas trop que te dire, sauf que je pense à toi, même si nous ne nous connaissons pas, que je lis avec intérêt tes billets.
    Je t'embrasse et je te souhaite beaucoup de courage.
    Je suis sûre que tes vacances vont bien se passer et te faire un bien fou !

  5. Je ne sais pas si je suis sur la bonne voie… je ne sais pas si je pense juste te concernant puisque je n'ai jamais eu l'occasion de te parler et puisqu'il est fort probable que tu ne dises pas tout sur le net… mais… à te lire, je remarque une chose. Tu sembles très bien évoluer dans un monde chaotique et semble plus facilement trouver des ressources lorsque les choses vont mal… je me demande donc la chose suivante lorsque je te lis : "a t'elle peur du bonheur ?". Tu as une vie qui pourrait t'être idéale. Comme tu le dis, tu aimes ton indépance et ton travail est idéal. Ton coeur sembles être en bonne forme et tout semble bien se passer. Tu arrives à garder un peu de liberté pour ne pas être étouffée, bref, il serait difficile à moins de provoquer une rupture d'être "malheureuse". Ta seule inconnue réside dans le fait que tu as conscience que tout ça pourrait s'arrêter et non pas parce que tu le décides mais parce que c'est une chose extérieur qui pourrait le provoquer. N'est-ce pas la peur de perdre ce que tu as enfin réussi à construire et qui te convient ?

    Encore une fois, je dis peut-être une bêtise grosse comme une maison… mais je me dis que si au moins tu penses que mes remarques sont complètement stupides tu aura au moins éliminer une raison à tes crises de panique…

    J'espère que tu as autours de toi des gens qui ont de grandes oreilles et qui prendront le temps de t'écouter et de peut-être te guider un peu… il ne fait pas bon rester seule dans ce genre de situation…

    Courage… et je m'ose à déposer un BisouX sur ton blog…

  6. J'ai voulu partager ce poème écrit par Osemaude :

    Il faut grandir,
    déjà choisir.
    Tu cours, tu cours déjà si vite…

    Il faut savoir,
    et puis pouvoir.
    Tu cours, tu cours déjà trop vite…

    Il faut s’accrocher,
    pour gagner.
    Tu cours, tu cours toujours si vite…

    Il faut l’argent,
    en peu de temps.
    Tu cours, tu cours toujours trop vite…

    Faut ralentir,
    faut rajeunir.
    Tu cours pourtant, toujours autant…

    Y a les amis,
    y a les enfants.
    Tu cours toujours, toujours autant…

    Hélas, viens le temps
    Tu ne cours plus, tu meurs pourtant
    Tu a perdu le temps !

    Profitons du temps présent ; je te souhaite une agréable soirée
    Olivier

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