Hier matin, Chouchou et moi-même avons donc pris le train direction Mons. Il faisait doux et c’est sans trop grogner que nous avons parcouru à pied les 18 2 kilomètres qui séparent la gare ferroviaire du LottoMonsExpo. Cet immense hangar de verre et de ferraille avait été organisé en plusieurs espaces: expositions, taverne, marché médiéval, librairie et JdR. Comme il était plus de 11h, nous avons filé directement aux tables de dédicaces. Politesse oblige, nous avons commencé par saluer les amis qui se trouvaient déjà là: Mélanie Fazi, Adriana Lorusso, Anne Guéro et Jeanne A. Debats, toutes venues faire la promo de leurs bouquins respectifs, mais aussi Leslie et Manu de chez Bragelonne ou Magali de chez Griffe d’Encre.
Une très longue file d’attente s’était formée devant la table de Brian Froud, illustrateur et designer spécialisé dans les créatures féériques depuis une trentaine d’années, auquel on doit de nombreux ouvrages dont « Le livre des fées séchées de Lady Cottington » et la conception graphique de films comme « Dark crystal » ou « Labyrinth ». Heureusement, ça avançait assez vite. Brian Froud se tenait à l’extérieur du carré librairie et dédicaçait ses ouvrages debout, comme s’il était sur le point de partir. Mon tour venu, je lui ai demandé s’il dessinait toujours ainsi. « Dans les festivals, oui, m’a-t-il répondu. Je n’aime pas me trouver coincé derrière une table qui me sépare des gens, et je trouve malpoli d’être assis pendant qu’ils restent plantés devant moi. J’essaie de les traiter comme s’ils étaient des invités venus me voir chez moi. » J’ai aimé cette marque d’humilité de la part de quelqu’un qui pourrait très bien avoir la grosse tête.
Arrêt suivant chez son voisin de stand: le délicieux, l’ineffable Pierre Dubois qui venait juste d’arriver. Et qui, fidèle à son habitude, prenait son temps pour dédicacer, papotant de tout et de rien avec ses lecteurs tutoyés d’emblée. Cet homme est un conteur merveilleux, à l’oral comme à l’écrit. Je crois que je l’inviterais bien comme quatrième convive de mon dîner idéal (avec Sophie Calle et Leo, of course). « Pendant que la plupart des filles de mon âge craquent pour Brad Pitt ou Georges Clooney, je suis folle de deux types de 70 berges », ai-je fait remarquer à Chouchou. Qui m’a répondu très finement que je couvais sans doute un grandfather complex. Vu l’importance de Doudou dans mon panthéon familial, il a sûrement raison. Bref. Pierre Dubois m’a dessiné un lutin sur la page de garde des « Contes de crimes » que j’avais amenés avec moi. J’ai hésité à acheter ses « Contes du petit peuple », que je ne possède pas et qui sont sûrement géniaux; mais mon étagère de bouquins à lire menace déjà de s’écrouler, et puis il faut bien que je garde quelque chose en réserve pour notre prochaine rencontre (sûrement fin octobre aux prochaines Utopiales, n’est-ce pas Gren?).
L’estomac dans les talons, Chouchou et moi nous sommes dirigés vers la taverne. Devant laquelle s’étendait une file tellement immense qu’elle décrivait un virage arrivée au fond du hangar et débordait sur le marché d’à côté. Du coup, nous avons filé nous restaurer dans une brasserie du centre commercial voisin. Deux sympathiques assiettes de pâtes, un Coca light et un Schweppes agrumes servis très rapidement par un serveur gouailleur, le tout pour moins de 26€ – ça le fait.
Repus, nous avons pu attaquer l’exploration du marché. Qui bien que vaste abritait les mêmes robes de gotho-pouffe, les mêmes colifichets artisanaux et les mêmes statuettes de fées que toutes les manifestations axées sur le médiéval et le fantastique – plus un stand dédié au saucisson normand dont je n’ai pas trop pigé ce qu’il faisait là. Il faut bien que les barbares fassent des provisions de bouche avant de repartir en expédition, j’imagine, et la salade de fruits ne se conserve pas très bien dans les paquetages. Rien ne me tentait, à part un aimant tête de lutin coiffé d’un champignon vénéneux qui apportera un sympathique relief au milieu de notre inspiration wall.
Autour de nous circulaient des dizaines de gens costumés de façon plus ou moins ridicule inspirée. La vue d’une quadra grassouillette en tenue de fée avec petites ailes roses visiblement piquées sur un déguisement pour enfant m’a inspiré quelques commentaires peu charitables. J’ai repensé à la période où je faisais beaucoup de GN, et je me suis dit que non, décidément, j’étais beaucoup trop vieille pour ces conneries maintenant. Je ne m’imagine plus du tout me balader une journée entière déguisée en magicienne elfe avec des oreilles en latex qui grattent, des manches caverneuses qui trempent dans l’assiette dès que j’essaie de me sustenter et une cape dont l’ourlet traîne dans la boue. Néanmoins, j’admets que certains costumes étaient tout à fait réussis et spectaculaires. Bien sûr, nous avons alpagué leurs porteurs pour les faire poser avec Régis.
Il me restait encore à saluer quelqu’un qui n’était pas arrivé le matin, quelqu’un que j’adore et que je n’avais pas revu depuis plusieurs années: Stan Nicholls, dont je suis la traductrice française. Bien qu’il puisse faire preuve d’une certaine perversité dans ses romans, Stan est le type le plus gentil de la création (bon allez, le deuxième plus gentil après Chouchou). Malheureusement, notre conversation a débuté à peu près en même temps que le concours de déguisements, et les annonces ou commentaires hurlés par les haut-parleurs ne l’ont pas rendue facile. Stan a été désolé d’apprendre que des problèmes de planning m’obligeaient à passer la main à quelqu’un d’autre sur le 5ème tome de « Orcs ». Quand je l’ai quitté, il m’a embrassée avec beaucoup de chaleur en me disant: « Thank you for all your hard work ». J’en avais presque les larmes aux yeux tellement j’étais touchée et déçue de ne pas pouvoir traduire son prochain bouquin.
Alors que nous faisions notre dernier tour de librairie avant de partir (croyais-je!), mon attention a été attirée sur le stand de Griffe d’Encre par une novella au titre accrocheur: « Les poubelles pleurent aussi », de Guillaume Suzanne. La quatrième de couverture, qui semblait promettre un délire à la Douglas Adams, m’a convaincue de l’acheter. Malheureusement, l’auteur et l’illustrateur étaient partis en vadrouille. Le temps qu’ils reviennent, nous avons pu réexplorer la totalité du hangar deux ou trois fois. Je ne regrette pas cette attente: elle m’a permis de discuter longuement avec les sympathiques Manu et Magali. En quittant le LottoMonsExpo, je me suis fait la réflexion que j’avais beaucoup de chance de pouvoir côtoyer autant de gens intéressants par l’intermédiaire de mon boulot. Ca n’arrive pas souvent, et je dois faire l’effort de me déplacer pour les voir, mais à chaque fois j’en reviens absolument enchantée. Du coup, et même si j’avais pris la décision de ne pas y aller pour cause de mois de mai déjà hyper chargé, je recommence à envisager de faire un tour aux Imaginales 2009.
Arg ! Mon héros, tu as vu mon héros… soupir et re-soupir…
Un peu qu’on y retourne aux utopiales, je ne manquerai ça pour rien ^^
En tout cas tu as passé une journée qui donne envie !
Bises
OUI OUI OUI
Viens aux Imaginales.
Steuplé
Quoi, tu as d’autres auteurs à me faire découvrir? ^^
Que de belles rencontres, ça donne vraiment envie ^^