L’échappée belle

Tout à l’heure, en nous dirigeant vers la sortie après la fin du concert de Naheulbeuk à la Cité des Congrès de Nantes, nous passons devant le stand tenu par mon ex-mari, dont je suis divorcée depuis 11 ans et que je n’ai pas revu depuis plus de 8. Voyant qu’il vend des CD du groupe dont je viens d’adorer la performance live, je m’approche pour lui en acheter un – et aussi, soyons franche, pour le plaisir de le surprendre.
Ouah. C’est quoi cette coiffure? Quand on a les cheveux qui poussent à la verticale, on tâche d’aller chez le coiffeur avant qu’ils atteignent quinze centimètres de long de haut. A la limite, je peux imaginer qu’il ne se regarde jamais dans une glace, mais sa deuxième femme (une ancienne bonne copine à moi…) serait-elle aveugle? Personnellement, si mon mec avait cette tête-là, je le droguerais avant de l’embarquer de force chez Jean-Louis David Homme. Ou je le raserais pendant son sommeil et je mettrais ça sur le compte d’une crise de somnambulisme. Mais bon, pour les quelques minutes à venir, je dois pouvoir supporter la vision de cette aberration capilaire.
A travers la foule, le regard de mon ex-mari ne s’arrête pas sur moi plus d’une demi-seconde. La seule raison pour laquelle je sais qu’il m’a reconnue, c’est le soin avec lequel il nous ignore, Gren, Frog et moi. Il ne s’occupe que des clients qui se trouvent à l’autre bout de son stand et garde les yeux soigneusement baissés. Je comprends que pour lui demander gentiment de ses nouvelles (et de celles de Loustic, le chat que je lui ai laissé en partant), c’est râpé. Mais je veux quand même mon CD.
J’agite les mains en faisant « Houhou ». Mon ex-mari lève très brièvement les yeux vers moi. Je souris et demande sur le ton le plus anodin du monde:
– Tu acceptes les chèques?
– Moui-ii, pas de problème, répond-il, le regard de nouveau baissé.
– Bon, ben alors je vais te prendre le premier CD de Naheulbeuk.
Il me le tend sans un mot. Je rédige rapidement mon chèque et le lui donne en lançant, sur le ton primesautier de la fille contente de sa blague:
– Tu veux une pièce d’identité?
J’ai juste le temps de voir un rictus nerveux crisper un coin de sa bouche avant que, les yeux toujours rivés au sol, il marmonne:
– Non, non, ça ira.
Je range le CD dans mon sac et m’éloigne en me félicitant de l’avoir quitté. Je ne pouvais décemment pas passer le reste de ma vie mariée à quelqu’un qui se coiffe avec un pétard et ne pige absolument pas mon humour.

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4 réflexions sur “L’échappée belle”

  1. J’avoue trouver jouissif le fait de mettre mal à l’aise cet autre qui a compté au point de nous faire souffrir (non, c’est po bien!) ^^ une ptite vengeance qui aide à comprendre aussi qu’on a pas perdu grand chose, que la page est tournée et que le meilleur on l’a trouvé ailleurs. « C’est de bonne guerre » 😉

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