Mamie blues

Quand mon portable belge a sonné ce matin vers 10h et que j’ai vu s’afficher le numéro de mes parents, auxquels j’avais téléphoné une demi-heure le week-end dernier, j’ai pensé aussitôt qu’il était arrivé quelque chose à ma grand-mère. De fait: elle est à l’hôpital avec une grosse carence de globules blancs et peut-être une ou plusieurs hémorragies internes, mais si anémiée qu’il faut la transfuser avant de pouvoir envisager toute autre procédure. J’aurai plus de nouvelles ce soir.
Honnêtement, je ne sais pas si je dois souhaiter qu’elle se rétablisse ou qu’elle en meure très vite. Ca peut sembler brutal mais… Sa vie est si triste depuis quelques années, et elle approche quand même des 90 ans. Si c’était moi, je préfèrerais m’éteindre tranquillement que de continuer à mener cette existence déprimante, sans aucune autre perspective que de voir se poursuivre un déclin physique et mental déjà bien avancé. Mais ce n’est pas moi et ça ne dépend pas de moi.
Fait révélateur, la première chose que je me suis dite après avoir raccroché, c’est: « Dieu merci, je suis allée la voir il y a un mois et demi; sinon, je ne me le serais jamais pardonné ». Et tout de suite après, je me suis mise à rédiger une nouvelle dans ma tête – les dernières pensées d’une vieille dame qui va mourir toute seule à l’hôpital parce que ses enfants et ses petits-enfants sont trop loin et trop occupés pour accourir à son chevet. Réjouissant, je sais. D’ailleurs je n’aurai probablement pas le courage de coucher ça sur papier (ou même sur Word). C’est juste ma façon de gérer les émotions douloureuses: mettre entre elles et moi la distance de l’écriture.

2 réflexions sur “Mamie blues”

  1. la mort des proches peut libérer en même temps qu’elle fait atrocement mal. Très difficile à expliquer.
    Bien à toi.

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