Perfection

Je n’ai jamais eu, au sujet de Hawk, l’impression de perfection qui me submerge d’ordinaire au début d’une nouvelle relation – cette vision idéalisée de l’autre qui magnifie ses qualités réelles, lui en invente d’autres imaginaires et occulte totalement ses défauts. Parce que je lisais depuis plus de deux ans son blog dans lequel il n’hésitait pas à parler assez durement de lui-même, de ses problèmes physiques et psychologiques, je savais dès le départ où je mettais les pieds. En fait, c’est même le contraire du scénario habituel qui s’est produit : j’ai commencé par ne voir en lui qu’une liste de travers et de faiblesses qui ne le rendaient absolument pas séduisant à mes yeux.
Et puis on s’est mis à parler sur MSN, et très vite s’est installée entre nous une complicité amicale qui m’a fait passer outre le reste. Et puis on s’est rencontrés en vrai, et tout de suite le désir s’est imposé comme une évidence. Et puis alors que ça n’était absolument pas le moment ni pour lui – qui sortait juste assez fort meurtri d’une histoire de neuf ans -, ni pour moi – qui avais juré que l’amour, on ne m’y reprendrait plus -, on s’est surpris à s’ouvrir comme on ne l’avait jamais fait auparavant.
On ne s’est rien épargné : ni les dysfonctionnements de nos personnalités, ni les doutes et les peurs qui nous rongent, ni nos secrets les plus noirs et nos pulsions les plus inavouables. Sans bien comprendre pourquoi, on a développé une confiance absolue qui nous permet de nous donner entièrement l’un à l’autre, sans les masques qu’on avait toujours portés jusque là, sans les barrières qu’on avait toujours dressées entre nous et nos partenaires précédents. Chacun fait ressortir le meilleur chez l’autre, lui donne envie de repousser sans cesse ses propres limites. Quand on se blesse – parce que c’est inévitable pour deux caractères aux reliefs aussi coupants que les nôtres -, c’est par excès de sincérité ou par maladresse et non par manque de respect ou de bonne volonté. Parce qu’on a décidé d’être vrais l’un envers l’autre : que l’intensité de nos rapports, si douloureuse soit-elle parfois, nous semble préférable à la douce mièvrerie d’une relation plus convenue.
Non, il n’est pas parfait et moi non plus – loin de là. Mais on s’aime parfaitement.
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