Fantasme nippon


Ce soir je rêve… D’une chambre de ryokan dans le quartier de Gion, à Kyoto. Fenêtre ouverte laissant entrer le parfum des cerisiers en fleurs. Crépitement d’une averse printanière sur le bitume de la ruelle. Odeur lourde des okonomiyaki en provenance du boui-boui d’à côté. Lumière d’une lampe sourde qui découpe des ombres chinoises sur les cloisons en papier de riz. Fraîcheur du coton de mon yukata sur ma peau. Légère ivresse du saké dont l’arrière-goût s’attarde dans la gorge. Baiser lentement, dans un silence presque absolu et le visage immobile. Savourer, les perceptions repliées vers l’intérieur, le moindre mouvement de l’autre, la façon dont ses mains collent à mes cuisses moites, le bruit humide qui accompagne ses va-et-vient, le parfum musqué de sa transpiration. Jouir impassiblement, en exhalant juste un léger soupir. Me relever, me rhabiller, sortir dans la nuit illuminée par les lanternes rouges du temple. Marcher seule sous la pluie tiède qui plaque mes cheveux à ma figure et colle mes vêtements à mon corps apaisé. Me sentir à mille lieues de tout, à la fois hors du monde et totalement fondue en lui.
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