
Avril fut un mois de longues journées pas toujours ensoleillées, de plaisir retrouvé à mettre le nez dehors, de verrières grandioses et de fleurs à foison.
Ce fut aussi un mois de grandes désillusions tant personnelles que professionnelles. Des premières, je préfère ne pas parler ici, autant pour ne pas donner l’impression de régler mes comptes en ligne que pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. It is what it is – je me le répète depuis des années sans parvenir à m’y faire vraiment.
Quant aux secondes… La dissonance cognitive est forte. D’un côté, ma carrière n’a jamais été aussi florissante que ces quatre dernières années. On me propose de nombreux projets intéressants et correctement payés, au point que je peux m’offrir le luxe de sélectionner ceux qui me tentent le plus. Et j’ai assez de clients pour ne plus vraiment craindre les trous dans mon planning.
Simultanément, mon secteur spécifique est en grande perte de vitesse. Et surtout, l’intelligence artificielle qui progresse à toute allure menace mon métier au point que je ne suis désormais plus sûre du tout de pouvoir tenir jusqu’à la retraite (à supposer que j’en aie une). L’attitude du grand public vis-à-vis de cette technologie qui certes peut être très intéressante dans certains domaines, mais qui vole sans vergogne le travail des créateurs et consomme des ressources ahurissantes, me plonge régulièrement dans des abîmes de désespoir et d’incompréhension. Est-ce que tout le monde se dit: « Foutu pour foutu, au moins, j’aurai pris trois secondes de plaisir à générer mon starter pack? ». Sommes-nous sonnés par une actualité uniformément atroce au point d’en perdre tout discernement?
Je me fais peu à peu à l’idée que ma baseline en termes d’énergie a baissé irrémédiablement, et que je vais passer le reste de ma vie à gérer ma fatigue. Sans être écrasante comme celles des personnes atteintes de certaines maladies chroniques, cette dernière m’oblige à planifier stratégiquement mes journées afin que l’essentiel soit fait, et qu’il me reste quand même assez de jus pour profiter un minimum de ma vie tout en évitant le burnout. Je me réveille de plus en plus tôt, et crevée pour crevée, ça n’est pas pour me déplaire: à tout le moins, ça maximise ma fenêtre de productivité – celle-ci se crashant spectaculairement après le repas de midi.
En avril, malgré tout, j’ai collectionné les jolis moments: la visite du magnifique couvent des Ursulines, l’achat d’une improbable salopette panthère dont je suis raide dingue, la foisonnante expo Wes Anderson à la Cinémathèque, un charmant déjeuner au Bistro des Lettres, l’émerveillement face au 2ème plus grand médusarium du monde, la dévorade de la trilogie de manga « Let’s eat together, Aki & Haru! », la découverte de la fascinante série de Solvej Balle, le chouette dîner d’anniversaire de Chouchou au Gyojasang, la passionnante expo Alice Guy au centre Jules Verne, l’émouvante lecture de « 33, place Brugmann » et plusieurs goûters au Chà Shi, devenu mon nouveau repaire bruxellois.
J’ai également commencé à esquisser un voyage lointain pour cet automne, même si cette perspective me remplit d’appréhension autant que d’excitation. D’ici là, le mois prochain, nous partirons à la découverte d’une destination plus proche mais toute nouvelle pour nous. J’ai hâte!
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