[SINTRA] Au fond du Puits Initiatique

Enfin une bonne nuit dans notre lit de 12 mètres de large au matelas agréablement ferme! A 8h30, nous faisons l’ouverture de la salle à manger de la Villa. Nous sommes d’abord déçus par le buffet extrêmement riquiqui; puis la serveuse commence à nous apporter des tas de trucs directement à table. Des jus d’orange frais pressés. Nos boissons chaudes. Un panier de croissants et de petits pains. Une assiette d’ananas, de fraises, de kiwis et de mangues coupés en tranches. Des oeufs brouillés. Au final, nous sommes plus que rassasiés et prêts à attaquer notre journée.

Je comptais prendre le bus jusqu’à la Quinta da Regaleira, mais d’après la réceptionniste, c’est seulement à dix minutes à pied. De fait, nous atteignons très vite cet endroit complètement dingue que nous avions déjà visité lors de notre séjour précédent à Lisbonne. Je pensais qu’en cette saison, il était inutile de réserver d’avance: je me trompais lourdement. Une foule énorme se masse à l’entrée. Il est 10h30, et en utilisant l’automate bien planqué dans un coin pour court-circuiter la file devant les guichets, nous parvenons de justesse à décrocher les 2 derniers tickets pour le créneau de midi. Nous avons de la chance: après ça, on passait à 16h…

Il n’y a aucun café pour patienter à proximité. Aussi, nous allons nous réfugier dans un parc où, craignant de me heurter au même problème demain, je me hâte de réserver des billets pour le Palacio da Pena tandis que Chouchou brandit son iPhone bien haut pour capter la 4G. Il reste 2 tickets à 13h, 2 autres à 13h30 et de nouveau plus rien jusqu’à 16h. On voulait y aller le matin, mais tant pis, ce sera 13h30 pour avoir le temps de déjeuner avant.

Quand nous revenons vers l’entrée de la Regaleira un peu avant midi, c’est le bordel le plus total. Tout le monde fait la queue ensemble: ceux qui n’ont pas de tickets, ceux qui en avaient pour 11h ou 11h30 et ceux qui en ont pour 12h. La file n’avance pas, et je commence à stresser un max. Mais à midi pile, la sécurité commence à laisser passer les gens en triant au fur et à mesure, et à 12h04, nous sommes dans la place. Il fait grand soleil et pas loin de 15°: pour l’ambiance gothique, on repassera. En revanche, ça m’évitera de me changer en stalagmite avec la robe blanche vaporeuse sans manches qui rendra si bien sur les photos, mais qui ne tient pas chaud pour deux sous.

Poser pour Chouchou (pour n’importe quel photographe, peut-être), c’est accepter de courir dans tous les sens, d’escalader en jupe longue, de prétendre que vous êtes isotherme et de prendre des poses 100% pas naturelles, voire carrément inconfortables. C’est aussi feindre de ne pas remarquer que tout le monde vous regarde en se disant probablement que vous êtes folle. Si le ridicule tuait, je serais déjà morte 812 fois. Mais je me fiche de l’avis des autres: un super-pouvoir extrêmement utile pendant nos shootings!

Mon coeur se serre à la vue de la queue démentielle qui entoure l’entrée du Puits Initiatique, sûrement le plus beau fleuron des jardins de la Regaleira. Mais nous sommes venus exprès, et il n’est pas question de renoncer si près du but. Par chance, ça avance plus vite que je ne m’y attendais; au bout d’à peine (!) 20 minute, nous pénétrons sous la voûte de pierre qui oblige tous les plus d’1m60 à baisser la tête. Le froid nous enveloppe immédiatement tandis que nous entamons notre descente parmi une horde d’autres Instagrameurs tous occupés à se prendre en photo – ce qui ralentit la progression mais nous ôte tout scrupule vu que nous ne bloquons pas plus que n’importe qui d’autre!

Lorsque nous ressortons du réseau de grottes souterraines, Chouchou est au bout de sa vie. Nous décidons d’aller déjeuner à la cafétéria pour nous requinquer. Ses lasagnes et mon riz au canard sont mangeables sans plus, mais déjeuner en terrasse sous le soleil de décembre, dans un lieu aussi magnifique, compense largement.

Après ça, nous visitons le palais proprement dit (bien plus beau à l’extérieur qu’à l’intérieur, en fait), puis le coin des jardins où nous ne sommes pas encore allés. Une fois que nous avons terminé, nous faisons un tour à la boutique, dont je ressors avec juste un magnet. Puis je passe aux toilettes pour ôter ma robe d’aspirante fantôme et enfiler un vêtement un peu plus de saison. Quand nous quittons la Regaleira, c’est le milieu de l’après-midi et il y a encore une foule considérable devant l’entrée.

Retour à pied vers le centre historique de Sintra, dont nous décidons d’explorer les ruelles pavées et pentues. Nous faisons une pause goûter chez Piriquita, où je savoure une fabuleuse torte de laranja (roulade à l’orange) tandis que Chouchou teste un travesseiro, sorte de rouleau feuilleté garni d’une crème à l’orange. Nous partageons encore un palmier en buvant du thé vert tandis que le magasin se remplit petit à petit derrière nous, comme si tous les gens qui n’avaient pas pu obtenir de tickets pour la Quinta aujourd’hui s’étaient réfugiés là. La foule est ahurissante; nous sommes arrivés pile au bon moment. Quand la vendeuse m’annonce une addition de 7€, je commence par lui dire qu’elle doit se tromper de table ou oublier de compter quelque chose, mais non. Clairement, on n’est pas sur les mêmes prix qu’à Bruxelles!

Autre arrêt notable dans un magasin de céramiques portugaises où j’ai envie de TOUT acheter. Le grand plat rond avec le sanglier, le service de Noël pour les repas de famille que je n’organise pas, la boîte en forme de gland géant où je ne saurais pas quoi mettre, le vide-poche en forme de feuille orné d’un minuscule escargot… Par manque de place dans nos bagages, je ne m’autorise qu’un mug vert à l’effigie du Patronus d’Harry Potter.

Parmi les différents restos que nous a recommandés la réceptionniste de la Villa, nous jetons notre dévolu sur Romario de Baco. L’atmosphère y est douillette, le service compétent et sans chichis, la bouffe à se damner. Mon filet mignon de porc noir est si fondant que je n’ai même pas besoin de couteau pour le découper. En dessert, parmi l’assortiment de fromages locaux, je retiens un chèvre mi-sec un peu piquant, franchement délicieux. Nous ressortons enchantés de notre journée, et traînons péniblement nos carcasses dans la pente qui nous ramène vers la Villa. Ce soir encore, ce sera tri de photos pour Chouchou et rédaction de billet pour moi.

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