[LONDRES] Où nous visitons la décharge de Dieu et la dernière demeure de Ses fidèles

Samedi, la météo annonce une journée sans pluie, youhou! Nous avons dormi jusqu’à 9h45, et il est déjà assez tard quand nous nous mettons en route. Après quelques stations en overground, nous sommes pour la première fois forcés de prendre l’underground tant haï. Pourquoi tant haï? Je ne suis déjà pas fan des métros parisiens et bruxellois. Mais celui de Londres a des tunnels et des trains hyper exigus, dans lesquels il fait chaud et étouffant (je n’ose imaginer les heures de pointe en pleine vague de chaleur au mois d’août…). Pire encore: le bruit est parfois si assourdissant que plusieurs fois dans la journée, mon Apple Watch vibrera pour me signaler que mon environnement sonore dépasse les 90 décibels, ce qui peut endommager mon audition. Vraiment, je n’envie pas les gens obligés de le prendre chaque jour. Je lui concède cependant un point positif: contrairement à ses homologues, il n’y règne aucune mauvaise odeur.

Nous descendons à Walthamstow Central, terminus est de la ligne Victoria. A la sortie, nous nous chamaillons, et c’est en marchant très vite cinquante mètres devant moi que Chouchou se dirige vers God’s Own Junkyard, une sorte de musée londonien des enseignes au néon. Je ne presse pas le pas pour le rattraper: de toute façon, c’est moi qui ai les clés de l’Air BnB, hé hé hé. Une fois sur place, je fais un premier tour des lieux de mon côté pendant que Chouchou grommelle tout seul dehors. Puis on discute, on se fait un câlin de réconciliation, et on reprend la visite ensemble en faisant des photos. L’endroit est à la fois kitsch et délirant, un vrai bric-à-brac plein de détails amusants. On valide.

A la sortie, on s’arrête au Nag’s Head, un joli pub à la devanture verte et rose. Au-dessus du bar, un panneau clame: « Gin, pizza, ale, cats ». Je suis fan de 2 sur 4. Le menu assez sommaire propose surtout des burgers; j’accompagne le mien d’une demi-pinte d’Old Mout Cider, à base d’ananas et de framboise. Le goût est très agréable. L’effet sur mon système digestif le sera moins, et à compter de 20h30 environ, je rebaptiserai cette marque « Destop ».

Nous reprenons l’horrible métro bruyant et changeons à Euston pour aller jusqu’à Archway. La longue, trèèèès longue montée d’une colline, suivie de la traversée d’un parc, nous amène aux portes du cimetière de Highgate. Non seulement celui-ci semble très photogénique, mais j’ai rendu il y a dix jours la traduction d’un roman dont l’action se situait en partie à l’intérieur, ainsi que dans une des maisons de l’avenue qui le borde. Nous nous acquittons des £10 que coûte l’entrée aux visiteurs ne possédant pas de concession sur place, et nous commençons notre tour par la moitié ouest, où se trouvent l’Avenue Egyptienne et le Cercle du Liban. Ce côté est envahi par les fougères et autres plantes qui semblent sur le point d’engloutir la moitié des tombes. Le cimetière de Highgate est désormais plein, et il n’est plus possible de s’y faire enterrer à moins de posséder un caveau de famille dans lequel il reste de la place.

Quand nous descendons l’escalier de l’entrée pour nous diriger vers la moitié est, Chouchou me souffle: « Renard ». Nous nous figeons, comme tous les autres gens à proximité. En effet, un renard se tient immobile au milieu de l’espace dallé, l’air pas le moins du monde préoccupé par notre présence. Il s’assoit, regarde vaguement autour de lui et semble se plonger dans une profonde réflexion tandis que je le dévore des yeux et que Chouchou le mitraille avec son appareil. Au bout d’un moment, il se relève, s’éloigne paisiblement et disparaît dans l’escalier.

La moitié est du cimetière est celle où sont enterrées les célébrités. La plus connue d’entre elles: Karl Marx, ce qui fournit matière à un panneau fort cocasse.

Vers 16h, nous quittons Highgate pour prendre le chemin de Covent Garden. Nous avons rendez-vous avec un couple d’amis à 17h30, et comme nous sommes en avance, nous traînons un peu dans le quartier. Nous finissons par retrouver l’adorable Madeleine et son mari Fintan au Good Godfrey’s, un des bars de l’hôtel Waldorf. La fois précédente où nous avions bu un verre ensemble, c’était à Vienne à l’automne 2019 – notre dernier voyage avant le début de la pandémie. Nos vies à tous ont bien changé depuis, mais nous prenons beaucoup de plaisir à papoter ensemble de choses sérieuses ou moins pendant deux heures. Madeleine a la gentillesse de m’offrir de mignonnes pralines de la marque Hôtel Chocolat, que je ne connais pas – ce sera une parfaite occasion de découvrir!

Après avoir dit au revoir à nos amis, nous nous dirigeons vers le Din Tai Fung repéré tout à l’heure. Nous avons poussé des cris de joie en tombant par hasard sur cette enseigne, dont nous avions adoré les dim sum lors de notre séjour à Hong Kong. Ici, nous retrouvons l’ambiance de grande cantine bruyante et la carte qui fait baver de plaisir anticipé, mais évidemment pas les prix, qui sont trois ou quatre fois plus élevés. London, baby. Cela dit, nous nous régalons tant que je ne regrette pas mes sous une seule seconde.

Dans le bus du retour, nous goûtons les pralines de Madeleine. Pour moi, un Eton Mess (mousse de fraise, meringue, chocolat blanc) et pour Chouchou, un Brownie (caramel et praline de pécan dans une coque de chocolat au lait). C’est si délicieux que nous poussons en choeur des gémissements tout ce qu’il y a de plus indécent.

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