En 2008, nous avions été voir notre premier spectacle du Cirque du Soleil: Battuta. Nous en étions ressortis enchantés. En 2012, en revanche, nous avions été très déçus par Alegria. Depuis, je n’avais pas osé y retourner. Mais en mars dernier, j’ai découvert que Kurios passerait par Bruxelles au début de l’automne, et mon amour du steampunk l’a emporté sur mes appréhensions. J’ai vendu un demi-rein pour nous acheter deux bonnes places un soir de semaine; puis j’ai noté la date dans mon agenda et attendu patiemment le jour J.
Mercredi soir, donc, nous avons pris le métro jusqu’à la station Heysel pour nous rendre à Brussels Expo. En arrivant, nous avons été ravis de constater que cette fois, le spectacle ne se donnait pas dans un des grands halls du parc, mais dans un chapiteau rayé à l’ancienne que les artistes doivent transporter avec eux d’une ville à l’autre. Cela promettait un espace plus intimiste, et surtout taillé sur mesure pour les différents numéros. Dehors s’alignaient des dizaines de Portakabines très propres et dument munies de papier. A l’intérieur, de nombreux espaces boutique tous identiques proposaient T-shirts, mugs, programmes et accessoires, tandis qu’un grand comptoir vendait popcorn, glaces et rafraîchissements hors de prix (5€ les 20 cl d’eau minérale!). Il y avait même un petit coin décoré avec des fauteuils et des accessoires de style steampunk afin que les gens puissent se prendre en photo.
Nous nous sommes dirigés vers nos places, au 4ème rang face à la scène sur laquelle les artistes se déplaçaient déjà pour mettre l’ambiance. Et d’entrée de jeu, nous en avons pris plein les mirettes. Tout ça semblait extrêmement prometteur. A 20h pile, après un bref avertissement concernant la prise de photos et de vidéos (autorisée, à condition de n’utiliser ni flash ni gros objectif et de ne pas gêner les autres spectateurs), les premières notes de musique ont retenti. C’était parti pour deux fois 50 mn d’émerveillement pur.
Car oui, ce « cabinet de curiosités » a tenu toutes ses promesses. Avec ses costumes superbes, ses décors ingénieux et sa scénographie magique, je dirais même qu’il a dépassé mes espérances. Nous avons été époustouflés par les prouesses physiques des artistes. Difficile de choisir un numéro préféré entre les trois contorsionnistes en combinaison à pois qui bougent comme des pétales de fleurs ou des tentacules de poulpe, l’équilibriste sur une tour de chaises en miroir depuis le plafond du chapiteau (un truc complètement dingue!) et celui qui oscille sur des cylindres eux-mêmes montés sur une balançoire géante, les faux frères siamois qui volent dans les airs au bout de filins élastiques, les doigts-personnages projetés de manière hyper poétique sur un écran-montgolfière…
Vraiment, c’était un ravissement de bout en bout. Même les numéros du clown – le truc que je déteste d’habitude: je trouve ça tantôt flippant, triste ou gênant – m’ont bien fait rire. Mention spéciale pour son imitation du chat qui se prépare à cracher une boule de poils; il était plus vrai que nature. J’ai adoré l’absence d’animaux, hormis pour un lama en peluche et un lion invisible appelé Felipe, et aussi le fait que tout était visiblement conçu pour la sécurité des artistes. Les numéros de trapézistes sans filet qui étaient encore autorisés dans mon enfance m’ont toujours fait horreur; je n’ai aucune envie que quelqu’un risque sa vie pour me divertir.
Alors certes, le prix des places ne fait pas de Kurios un spectacle très démocratique. Tout ce que je peux vous assurer, c’est qu’il est justifié par la qualité de la prestation et que s’il rentre dans votre budget, vous ne regretterez pas vos sous une seule seconde. Nous sommes ressortis du chapiteau vers 22h10 avec des étoiles plein les yeux – et de la fatigue plein nos vieilles carcasses de gens qui d’habitude sont déjà au lit à cette heure-là, mais ceci est une autre histoire. Kurios reste à Bruxelles jusqu’au 5 novembre, puis part s’installer à Paris où il sera visible du 16 novembre au 17 décembre.