Lundi:
★ Le chef de bord de mon TGV prend le micro juste pour annoncer que nous arrivons à Lyon “comme prévu, à l’heure prévue”. Il semble encore plus surpris que moi par cet événement exceptionnel. Alors que le train quitte la gare de Part-Dieu, il claironne fièrement aux voyageurs qui viennent de monter: « NOUS CIRCULONS A L’HEURE ». On sent bien qu’il ne doit pas souvent avoir l’occasion de le dire et qu’il se fait plaisir. (Qu’on se rassure: le temps d’arriver à Bruxelles, nous avons bel et bien pris du retard. L’apocalypse, ce n’est pas pour ce soir.)
Mardi:
★ Finissant la relecture de mon roman historique, je dois me dépatouiller d’une chambre qui se situe tantôt au rez-de-chaussée d’un manoir (l’héroïne sort directement dans le jardin par la porte-fenêtre), tantôt au premier étage (il faut grimper plusieurs escaliers pour y accéder). Ne parlons même pas du mec en voyage au fin fond de la Scandinavie qui réapparaît en Angleterre 72h après qu’un problème est survenu chez lui (comment a-t-il été prévenu alors que personne ne sait exactement où il se trouve, et par quel moyen de transport s’est-il rapatrié aussi vite au milieu du 19ème siècle?). Ni de la garde-robe sur mesure commandée à l’ouverture d’une échoppe de tailleur et portée par les clients environ une heure plus tard (Ta Gueule, C’est Magique).
★ Coup de fil surprise de ma mère: « Tu ne m’appelais pas pour me souhaiter la bonne année, et on est le 31 janvier ». Okéééé. Je tente de tenir le plus longtemps possible sur le sujet du sac à dos jaune perdu et retrouvé, mais l’inévitable commentaire de l’actualité finit quand même par tomber: « Ils nous soûlent tous ces manifestants à la fin, on n’a qu’à les envoyer en Iran voir si c’est mieux ». Dixit, une fonctionnaire qui pris sa retraite à 56 ans après deux ans d’arrêt de travail pour un motif semi-pipeauté. Fallait-il vraiment ajouter « réac » à la longue liste de ses défauts?
Mercredi:
★ Au moment de se lancer dans la confection des spaghetti crémeux umami de Funambuline, Chouchou fouille dans le placard et demande: « Il est où, le miso? » Moi, patiemment: « Je t’ai dit avant de descendre à Monpatelin que je l’avais mis au frigo dans un Tupperware. » Chouchou: « Merde. J’ai cru que c’était du butternut moisi et j’ai tout jeté. » Ce qui est d’autant plus amusant (ou pas) que quand je laisse des aliments un peu limite avant de m’en aller, je les retrouve semi-décomposés au même endroit à mon retour.
★ Le magasin n’étant pas encore fermé, Chouchou descend vite acheter du miso et reprend la lecture de la recette. « Merde. J’ai pas assez d’huile d’olive. » Moi, résignée: « Non mais on n’a qu’à commander un truc. » Lui: « Pas la peine, je vais faire le risotto aux artichauts à la place. » Cinq secondes de silence. « Ah non, il faut de l’huile d’olive aussi. Tu veux quoi, asiatique ou libanais? »
Jeudi:
★ Hier, j’ai commencé à préparer un voyage en Grèce pour le printemps, et… ce matin, je me rends compte à quel point ça ne m’emballe pas DU TOUT. Du coup, je décide de laisser tomber. Mais à force de changer mon fusil d’épaule, je n’ai toujours pas de réservations ni même de destination alors que le mois de mai sera là très vite et que beaucoup d’hébergements ne sont déjà plus disponibles. Il va falloir arrêter un choix définitif, et vite!
★ On ne peut pas dire que mon travail a avancé aujourd’hui. Mais à l’heure du dîner, j’ai un projet de voyage alternatif qui tient la route. Poussée par la culpabilité et le manque de place, j’ai également effectué un énorme tri de ma garde-robe hiver ET été. Maintenant, que vais-je pouvoir bien faire de toutes ces fringues dont la plupart sont neuves ou tout comme?
Vendredi:
★ Je consacre l’après-midi aux préparatifs du voyage de printemps. D’abord, réserver l’avion. Puis checker les transports sur place – train et location de voiture. Puis commencer à chercher 7 hébergements différents. Me rendre compte qu’il y a un musée des phares sur notre route, et un centre de fauconnerie accessible au prix d’un très modeste détour. Faire des bonds partout sous l’oeil inquiet de Chouchou, qui craint toujours qu’un problème dans la mécanique bien huilée de mon organisation ne provoque un meltdown. Mais je ne vais quand même pas préparer des vacances qui ne m’enthousiasment pas juste pour atténuer une déception éventuelle!
★ Le soir, dans le lit, Chouchou s’émerveille: « Il s’est mis en place presque tout seul, ce voyage! ». Moi, qui accumule des sources d’information depuis 5 ans et qui viens d’y consacrer tout mon temps libre depuis plusieurs semaines: « C’est fou hein? On dirait presque de la magie. » Il se peut que j’aie employé un ton légèrement grinçant.
Samedi:
★ Adieu, jeton de caddie Delhaize que je traînais dans mon porte-monnaie depuis 16 ans! Je le donne, avec le caddie que je m’apprêtais à remettre à sa place, à une vieille dame qui galère pour décrocher le premier caddie de la file, et qui me l’échange contre son jeton à elle.
Dimanche:
★ Nous profitons de la gratuité du premier dimanche du mois pour nous rendre au musée des égouts de Bruxelles. Alors, euh, c’est intéressant, mais… je passe toute la visite à respirer par la bouche tellement l’odeur est atroce. Oui, le thème aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais je ne pensais pas que ce serait à ce point. Je ressors de là avec un PTSD olfactif qui me fait ensuite trouver que le métro sent délicieusement bon – c’est dire.
★ Au détour d’un rayon de Filigranes, Chouchou bute bruyamment dans un tabouret. « Il était dans mon angle mort », se justifie-t-il. Trois mètres et demi plus loin, quelqu’un fait tomber un livre d’un rayon. Sans tourner la tête, je demande: « Angle mort? » Ce n’est pas Chouchou. « Ah, désolée, je vous ai pris pour mon mari qui est assez maladroit en général. » Derrière moi, Chouchou s’offusque: « Ben vas-y, fais-moi une réputation. » Trente secondes plus tard, il renverse toute une pile de livres. Morte de rire, je m’enfuis en courant.
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