Où 2023 commence par un magnifique grand huit émotionnel

Dimanche 1er janvier, après une très belle semaine de vacances à Edimbourg, nous avons bien à contrecoeur repris le chemin de chez nous. Comme chaque veille de départ, j’avais peu et mal dormi: deux jours plus tôt, des inondations à l’aéroport avaient entraînée retards et annulations de vols; de plus, entre les festivités du Nouvel An qui bloquaient le départ de la ligne de tram à destination de l’aéroport, la rareté des bus et leur mépris total pour les horaires affichés, je stressais à propos de notre pré-acheminement. J’ai tenté de me raccrocher à mon mot de l’année 2023 (dont je vous parlerai plus tard), mais j’avoue que c’était un peu rude dès le premier jour.

Bien entendu, le bus que nous devions prendre en quittant notre AirBnB situé près des Meadows est arrivé avec 20 mn de retard. Il faisait à peine jour à 9h du matin dans les rues désertes, et l’attente m’a mise à rude épreuve. Puis le tram de l’aéroport a démarré de son terminus provisoire au moment où je tendais la main vers le bouton d’ouverture des portes. Puis le suivant a roulé au ralenti et mis une fois et demie le temps habituel pour faire son trajet. Puis l’enregistrement des bagages a commencé avec 20 mn de retard, alors qu’il restait moins d’une heure avant le début de notre embarquement. Mais au final, notre vol a décollé à l’heure, et il s’est déroulé sans encombres. A vrai dire, je ne l’ai même pas vu passer car je me suis très vite assoupie la tête contre le hublot pour n’émerger que lorsque le pilote a annoncé la descente vers Bruxelles.

Nous avons récupéré nos deux valises, la petite turquoise qui contenait tout notre linge sale et la grosse rayée dans laquelle nous avions mis un Air Tag pour tester. En plus de ça, Chouchou avait toute son électronique (MacBook, iPad, appareil photo) dans un petit sac à dos noir qui lui avait tenu lieu de bagage cabine, et moi toute mes affaires les plus précieuses (MacBook, la robe rouge de sorcière sur mesure que j’ai attendu 3 ans pour pouvoir commander à Pinja Heikkinen, les souvenirs fragiles achetés pendant ces vacances) dans un sac à dos jaune dont j’avais également refusé de me séparer. Nous sommes descendus à la gare située au sous-sol de l’aéroport de Zaventem, et nous nous sommes assis pour attendre l’arrivée de notre train. Je n’ai pas ôté mon sac à dos – une manoeuvre toujours un peu pénible avec les bretelles que je serre au maximum et la parka qui me transforme en pingouin -, préférant m’asseoir sur le bord de la chaise métallique bleue avec les jambes étendues sur ma valise pour compenser.

En arrivant chez nous, j’ai immédiatement défait les deux valises. Quand j’ai voulu passer à mon sac à dos jaune, panique: il ne se trouvait nulle part. J’ai dévidé le fil de mes souvenirs: j’étais forcément montée dans le train avec puisque je ne l’avais pas retiré sur le quai, mais après… j’avais dû l’enlever, le poser sur le siège voisin du carré que nous occupions et l’oublier en descendant. Parce qu’il n’était pas dans mon champ de vision, parce que je me croyais tirée d’affaire et avais relâché mon hyper-vigilance habituelle. Voilà ce qui arrive quand on n’est pas assez anxieuse!

Bien sûr, j’ai paniqué. Chouchou a aussitôt effectué un signalement d’objet perdu sur le site internet de la SNCB, puis sur celui de la police, tandis que de mon côté, je me renseignais après de mon assurance personnelle et de Visa pour savoir si j’aurais droit à une quelconque indemnisation (réponse: non dans le cas de l’assurance personnelle parce qu’il n’y avait pas eu agression; non dans le cas de Visa parce que la perte n’était pas survenue lors de la prise en charge du bagage par une compagnie aérienne ou par la SNCF). Puis nous avons remis en service le très vieux Mac qui nous sert désormais de télé afin que je puisse travailler en attendant, soit la récupération de mon sac, soit l’arrivée d’un nouveau MacBook. Devant descendre la semaine suivante à Monpatelin où je n’aurais pas de solution de rechange, je me donnais 48h pour déclencher l’achat. Le soir, j’ai pris un anxiolytique pour arriver à dormir au lieu de ressasser des visions de mes données personnelles utilisées à des fins criminelles (même si Chouchou m’avait assuré que le danger, quoique jamais nul, était très minime avec les protections mises en place).

Le lendemain, je me suis levée un peu plus calme. D’abord, la localisation de mon MacBook, que je surveillais depuis mon iPad, n’avait toujours pas déclenché, ce qui tendait à me faire croire que personne de mal intentionné n’avait récupéré et tenté de forcer l’accès à ma machine. J’ai fait le total des dégâts: 2000€, c’était ce qu’allait me coûter le remplacement du sac et de son contenu. Et même si ça ne m’enchantait pas, ça ne m’enverrait pas non plus dormir sous les ponts. J’avais fait un backup de mes données avant le départ en vacances; pas de souci donc de ce côté-là. J’étais surtout triste pour la perte de la robe, que je ne pourrais pas faire refaire ou seulement dans très longtemps vu le calendrier de commande de la couturière, et pour les souvenirs de ce beau séjour. D’un autre côté, je me disais qu’il y avait un espoir que mon sac refasse surface, que cette vilaine expérience me donnait un aperçu du vécu de Chouchou (qui perd ou manque perdre très souvent des choses importantes à cause de son TDAH), que j’avais réussi à éviter un meltdown et que somme toute, je gérais la situation plutôt pas trop mal du point de vue émotionnel. Néanmoins, on peut dire que ma journée n’a pas été très productive.

Vers 16h, j’ai fait un tour sur Messenger et découvert qu’un certain Steven H, que je ne connaissais ni d’Adam ni d’Eve, avait tenté de me téléphoner plein de fois la veille au soir. Même à mon âge avancé et avec mon physique anti-bombesque, je reçois encore régulièrement des demandes de contact de mecs qui « me trouvent charmante et aimeraient faire plus ample connaissance ». J’ai donc rouspété tout haut et cherché le bouton pour bloquer l’importun quand Chouchou a lancé sur le ton de la plaisanterie: « Attends, si ça se trouve, c’est le gars qui a récupéré ton sac ». Prise d’un doute, j’ai remonté le fil et… suis tombée sur une photo de mon sac à dos jaune. Dessous, un bref message: « Bonsoir maddemoiselle. On a trouvez votre sack a dos jaune au perron de la gare de Brussels Airport. Vous pouvez le colectionez tout les jours entre 6:30 et 22:30. »

Joie et félicité! Bénédiction sur la tête de tous les agents de la SNCB! J’ai immédiatement rappelé Steven H pour le remercier et lui demander comment il m’avait trouvée: le sac à dos n’étant jamais censé me quitter, il ne contenait aucune mention de mon nom ni de mon adresse. « J’ai ouvert votre laptop, et il y avait votre nom sur la page d’accueil. Après, je vous ai cherchée sur Facebook, et voilà. » Emerveillement et auto-congratulation: émerveillement, parce qu’il s’en est fallu d’un demi-cheveu que je ne bloque Steven H sans même me rendre compte de ce qu’il me voulait, et auto-congratulation pour m’être inscrite sur Facebook sous mon vrai nom (pas très courant: je n’ai qu’une seule homonyme sur le site) plutôt que sous un pseudo.

Nous avons foncé à l’aéroport, que je n’imaginais pas revoir de sitôt, et récupéré mon sac à dos dans lequel rien ne manquait . Même mes objets fragiles étaient toujours intacts. L’employé à qui nous avons parlé – c’était le jour de repos de Steven H – n’a pas su me dire qui l’avait trouvé, ni où exactement. Mais il était dans la gare et non à bord du train, comme je le pensais, ce qui veut dire que je l’avais bel et bien retiré. En 2023, je vais donc cesser de croire que ma mémoire est infaillible. Une petite leçon d’humilité au prix d’un énorme grand huit émotionnel. Mais tout est bien qui finit bien. Et qui renforce le choix de mon mot pour 2023, sur lequel j’écrirai un article très bientôt!

6 réflexions sur “Où 2023 commence par un magnifique grand huit émotionnel”

  1. Oufff j’aurais également frôlé la crise cardiaque si cette mésaventure serait arrivée. Pour le nom seul sur fb je connais lol, je suis la seule jusqu’à présent 😂

  2. La dernière photo est drôle, joie de retrouver le sac jaune que vous avez cru perdu.
    Bonne année pleine de voyages, découvertes et autres moments sympathiques.

  3. Quelle bonne nouvelle et quelle chance!
    Cela nous était arrivé il y a quelques années au retour de vacances aussi, crevés, sac à dos oublié dans le bus… jamais rien récupéré…

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