En 2018, pour mon anniversaire, nous avions passé une nuit aux cabanes de Rensiwez, dans la Thalia. J’avais tellement adoré cette expérience (« Avec un stock de bouquins suffisant, je pourrais squatter ici un mois entier! ») que je m’étais juré de revenir un peu plus longtemps. Arrivée à partir de 15h et départ à 11h le lendemain, ça fait court pour profiter, surtout en hiver… L’an dernier, j’avais donc réservé la Perchée pour deux nuits. Mais aux dates où ça tombait, je craignais d’être coincée à Monpatelin par un confinement. J’ai contacté la gérante, qui a gentiment accepté de me faire un avoir pour plus tard. Et quand j’ai voulu reporter à début septembre de cette année, la Perchée était déjà complète jusqu’au milieu de l’hiver. J’ai donc opté pour la Henriette, une des deux cabanes construites sur les crêtes depuis notre séjour précédent. Les photos étaient sympas, et le site promettait une vue magnifique.
Le jour de notre arrivée, on a commencé par un bon gros couac. La dame de l’accueil nous avait prévenus que la pente était un peu raide jusqu’à notre cabane, la toute dernière du site sur les hauteurs. On a suivi le plan et les panneaux indicateurs. A un moment, de grosses pierres pointues ont commencé à jaillir sous les roues de notre petite Fiat 500 de location, frappant le bas de caisse d’une façon plutôt inquiétante, puis la voiture a patiné et s’est immobilisée. Je suis descendue; j’ai déchargé nos nombreux bagages et dit à Chouchou de redescendre en marche arrière jusqu’au parking le plus proche pendant que je finirais de monter les valises et les sacs à pied.
J’ai transpiré un long, très long moment à faire des aller-retour dans la pente sans jamais voir la silhouette de la Henriette se découper au-dessus de moi. Quand Chouchou (qui avait galéré mais s’était débrouillé comme un chef) a fini par me rejoindre, toujours pas de Henriette. Nous avons fini par tomber sur un employé du site qui nous a dit que nous étions beaucoup trop haut; en réalité, notre cabane se trouvait juste avant la zone caillouteuse de la route, planquée par les arbres sur le côté droit et indiquée par zéro panneau. J’étais en nage, couverte de poussière et pas contente du tout. Le monsieur a eu pitié et chargé nos bagages à l’arrière de sa fourgonnette pour nous redescendre au bon endroit.
Blouse en lin ivoire Pavietra, ceinture en cuir noir Belt Master,
jupe classique en lin vert mousse Son de Flor
Après ça, la découverte de la cabane elle-même fut une source de grande perplexité. Oui, tout était mignon et photogénique, mais rien n’était pratique. Pour accéder au lit niché dans une ravissante alcôve, il fallait escalader un canapé impossible à bouger – un meuble monstrueux avec une structure massive mais paradoxalement peu de place pour s’asseoir, dont les accoudoirs inutilement larges bloquaient à demi l’entrée des toilettes. On ne pouvait accéder à celles-ci que de profil avant de faire pipi les genoux à l’extérieur faute de place pour manoeuvrer la porte. C’est de profil également (et en rentrant le ventre) qu’il fallait gravir les marches étroites montant vers l’immense baignoire baquet dans laquelle une famille de quatre personnes aurait tenu à l’aise. Temps de remplissage à vue de nez: 3 bonnes heures, donc pas moyen que l’eau reste chaude tout le long. Et robinet très esthétique mais fixe, du coup impossible de se doucher. Un broc à l’ancienne était tout de même fourni pour s’arroser manuellement…
Le plus étonnant, c’est que tout l’équipement était moderne et d’excellente qualité: cuisine bien fournie avec plaques au gaz, frigo, grille-pain, cafetière et micro-ondes; chauffage efficace et poêle à bois avec tout le nécessaire pour faire du feu; matelas extrêmement confortable avec couette et oreillers moelleux à souhait; vraies toilettes avec l’eau courante (la citadine chochotte que je suis hais passionnément les toilettes sèches). Visiblement, les constructeurs n’avaient pas lésiné sur les moyens. Mais ça n’aurait pas coûté plus cher d’aménager la cabane de manière fonctionnelle; c’est-à-dire, pour que se laver ou aller aux toilettes en pleine nuit ne relève pas du gymkhana. Je me suis demandé si l’architecte avait dormi là une seule fois, et s’il s’était senti fier de son travail. La Thalia que nous avions occupée trois ans plus tôt était tellement bien conçue et confortable! Vraiment, je ne comprenais pas.
Chapeau et panier de sorcière Costurero Real, robe en lin violet modèle Grace de Cotton Candy Wear,
bottines marron Louise de Miz Mooz
J’ai fait un gros effort pour sortir de ma spirale de greumeuleu et profiter quand même du séjour. Ses aspects comiquement malcommodes mis à part, la Henriette jouissait bel et bien d’une vue époustouflante et d’un calme tel que je n’en avais pas connu depuis bien longtemps. Le chant des oiseaux et le souffle du vent dans les arbres, c’est quand même le meilleur réveil du monde (d’accord: avec le bruit du ressac). En plus, nous avions de la chance côté météo: il faisait très beau mais pas trop chaud, un temps idéal pour manger sur la terrasse entourés par la forêt. Et aussi pour prendre plein de photos. J’avais apporté quatre tenues et des idées assez précises sur la manière dont je voulais les mettre en scène. Au final, nous n’en avons shooté que trois, mais j’ai tellement adoré le résultat que ça n’a pas d’importance. J’ai même poussé l’abnégation jusqu’à entrer dans le ruisseau glacé avec des claquettes de piscine pour tenter une photo dans l’eau. Du coup, la journée passée entièrement sur place n’a pas été très reposante, mais on a bien dormi et pris un grand bol d’air frais et de nature. Et on est repartis de bien meilleure humeur qu’on était arrivés!
Echarpe Beck Sondegaard, robe en lin Marie couleur Marigold de Son de Flor,
chaussures en cuir noir Bahia de Caboclo Brasil, couverture Klippan
Tes différentes tenues sont magnifiques, et les photos également. Comparées avec celles du précédent séjour, on voit que ton photographe a plus d'expérience ^^